« Quand on est alcoolique, c’est pour la vie »

Le refus des drogues et de l’alcool est un combat important, dont la difficulté n’est jamais à sous-estimer. LTD a toujours souligné la signification qu’il y a à saluer les gens qui s’en sont arrachés, dans une bataille prolongée dont on sait à quel point qu’elle est rude dans la vie quotidienne.

Nombre de personnes straight edge sont d’ailleurs des gens qui de par le passé ont connu les drogues, l’alcool, avant de les réfuter.

Dans une interview à Paris Match, la chanteuse Véronique Sanson aborde cette question de la dépendance à l’alcool, de manière certainement critiquable.

Elle regrette clairement le fait de boire de l’alcool, elle n’a pas fait de réelle rupture culturelle, elle considère encore que l’alcool peut apporter des choses, que l’alcool a une valeur culturelle, etc.

Ce qu’elle dit est toutefois juste: l’alcool a une fonction. Celle de rassurer, même si c’est de manière illusoire.

Il est vraiment terrible d’ailleurs que les gens ne saisissent pas que si les SDF tombent dans l’alcool, ce n’est pas par oisiveté ou quoi que ce soit qui s’y rapprocherait, mais pour faire glisser plus rapidement le temps, pour faire passer plus rapidement les minutes d’une situation odieuse, insupportable sur le plan de la dignité.

Une chose en tout cas très importante qui ressort de ce que dit Véronique Sanson, c’est que le vin relève de la drogue. C’est bien sûr vrai. Pourtant, en France, pour l’instant, le vin n’est parfois même plus présenté comme un alcool!

En réalité, le besoin d’alcool, l’envie de se saouler, qu’est-ce que c’est? Une envie de disparaître pour un temps qui apparaît comme bloqué, un envoi d’un SOS qui ne passe pas par les mots, un combat illusoire mais dont on a l’impression d’avoir besoin face à sa propre souffrance intérieure…

Vous m’avez dit un jour que vous étiez une miraculée­ de l’A13, faisant référence à toutes les fois où vous avez pris la route ivre. Où en êtes-vous aujourd’hui de vos problèmes d’alcool ?

Aujourd’hui, ça va. Ça a été un combat très long, une acceptation très lente, si ça peut aider des gens, c’est bien d’en parler. Il y a beaucoup de choses à faire, mais les AA [alcooliques anonymes], il n’y a rien de mieux au monde.

Je continue quand je le peux à aller aux réunions. Les ­discussions ne sont pas du tout gnangnan, c’est intéressant. L’alcool fait disparaître la tristesse, le désespoir, le doute.

D’où son danger. Mais je sais que je peux retomber demain, je vivrai toute ma vie avec cette épée de ­Damoclès au-dessus de la tête.

On vit au jour le jour. Un jour à la fois.

Quand tu es alcoolique et que tu te dis que plus jamais de ta vie tu ne boiras de petrus, c’est terrible.

C’est pour cela qu’on n’est jamais à l’abri. Je n’ai pas gagné. ­D’ailleurs, on ne parle jamais ­d’“ex-­alcoolique”, ça ne se dit pas.

Quand on est alcoolique, c’est pour la vie.

La coke, j’en ai pris, mais ce n’était pas ma drogue de choix, ça me faisait mal au nez, ma drogue de choix c’étaient les bons vins.

Est-ce que vous pensez avoir fait de mauvaises chansons sous l’influence de l’alcool ?

Non. Cela n’a jamais affecté mon inspiration.

Au contraire ?

Oui, c’est là le danger, cela ouvre des portes, annihile les peurs, les doutes. La question que tu devrais me poser est : ­“Comment fais-tu sans ?”

Comment fais-tu sans ?

Je fais. On se met au piano et on a peur qu’il ne vous réponde rien d’autre qu’une fin de non-recevoir. Et puis ça finit par venir.

L’inspiration met plus longtemps à venir mais elle vient. Quand on est plus jeune, tout se bouscule, ça jaillit.

Plus tard, on a peur de se répéter. Ou de s’apitoyer sur soi-même.

Mais là, je suis satisfaite, j’ai déjà huit titres pour mon album studio qui ­sortira en septembre, il ne m’en reste plus que deux à faire. Je ne suis pas inquiète.