Starbucks se lance dans…. l’alcool

C’est une information qui vient du Canada, et elle va surprendre d’une certaine manière.

« Le géant américain du café voit ses revenus ralentir et il cherche des façons de stimuler ses ventes. Starbucks a déjà commencé à vendre de l’alcool dans ses cafés dans certaines villes américaines, comme Seattle, Chicago et Los Angeles. L’entreprise veut maintenant étendre cette pratique à d’autres commerces.

Certaines succursales au Canada commenceront à offrir du vin et de la bière d’ici la fin de l’année dans le cadre d’un projet pilote. L’entreprise veut ainsi attirer plus de clients en soirée.

Le menu sera aussi élargi pour offrir des plats légers, comme des assiettes de fromages, des olives et des noix à partir de 16 h. 

Starbucks, qui veut augmenter sa clientèle après l’heure du petit déjeuner, a déjà diversifié son menu en y ajoutant des sandwichs et des salades. »

Comme on le voit ici, Starbucks fait sa « révolution ». Auparavant, c’était une chaîne qui visait à donner une ambiance cosy, un peu appartement, avec du café ou du chocholat, dans des variantes végétaliennes y compris, avec une musique du type easy listening digne des ascenseurs des grands hotels (ou tout au moins comme on se les imagine).

Seulement voilà, business is business. Et qu’est-ce qu’y rapporte ? Notamment l’exploitation animale et l’alcool. Par conséquent, Starbucks s’y précipite.

C’est une manière de remplir en soirée des Starbucks qui ferment tôt et dont les clients passent surtout en matinée. Le but : toujours plus de profits, mais on apprend rien en constatant cela.

De manière plus poussée, on pourrait naturellement ici se demander dans quelle mesure la dépendance au café ou au cacao n’est pas la base culturelle permettant de passer aux autres dépendances. Car c’est un fait historique que tant le café que le cacao, aux côtés de l’opium, formaient des biens « de choix » issus de la colonisation, visant en tout premier lieu les classes aisées urbaines du 19ème siècle…

Bien entendu, la nocivité du café n’est pas celle de l’opium. Mais il y a une réflexion à faire : il est ainsi de voir que ce qui est proposé dans ce cadre, c’est soit quelque chose qui relève du très rapide (un café sur le pouce, une « viande » rapide dans un burger pour reconstituer ses forces, une cigarette pour déstresser…) ou du très lent (un thé ou du cacao qu’on savoure, tel un cigare ou une pipe, etc.).

Il semble y avoir un équilibre sordide entre d’un côté la cocaïne et le haschisch, les « shots » et la bouteille de vin, bref entre la prétention à exciter le corps et de l’autre à le relaxer, mais toujours au moyen d’un paradis artificiel pour l’encadrer dans ses sensations.

Starbucks devait être un lieu sympathique, très propre et agréable, où l’on boit tranquillement une boisson entre amis, sans prétention, de manière pratiquement épicurienne…

Mais l’exigence du profit fait passer Epicure à la trappe. Une raison de plus de lire son appel à un bonheur prudent et rassurant, frugal et agréable !

« Ainsi, nous considérons l’autosuffisance comme un grand bien : non pour satisfaire à une obsession gratuite de frugalité, mais pour que le minimum, au cas où la profusion ferait défaut, nous satisfasse. Car nous sommes intimement convaincus qu’on trouve d’autant plus d’agréments à l’abondance qu’on y est moins attaché, et que si tout ce qui est naturel est plutôt facile à se procurer, ne l’est pas tout ce qui est vain.

Les nourritures savoureusement simples vous régalent aussi bien qu’un ordinaire fastueux, sitôt éradiquée toute la douleur du manque : pain et eau dispensent un plaisir extrême, dès lors qu’en manque on les porte à sa bouche.

L’accoutumance à des régimes simples et sans faste est un facteur de santé, pousse l’être humain au dynamisme dans les activités nécessaires à la vie, nous rend plus aptes à apprécier, à l’occasion, les repas luxueux et, face au sort, nous immunise contre l’inquiétude.

Quand nous parlons du plaisir comme d’un but essentiel, nous ne parlons pas des plaisirs du noceur irrécupérable ou de celui qui a la jouissance pour résidence permanente – comme se l’imaginent certaines personnes peu au courant et réticentes à nos propos, ou victimes d’une fausse interprétation – mais d’en arriver au stade où l’on ne souffre pas du corps et ou l’on n’est pas perturbé de l’âme.

Car ni les beuveries, ni les festins continuels, ni les jeunes garçons ou les femmes dont on jouit, ni la délectation des poissons et de tout ce que peut porter une table fastueuse ne sont à la source de la vie heureuse : c’est ce qui fait la différence avec le raisonnement sobre, lucide, recherchant minutieusement les motifs sur lesquels fonder tout choix et tout rejet, et chassant les croyances à la faveur desquelles la plus grande confusion s’empare de l’âme.

Au principe de tout cela, comme plus grand bien : la prudence. Or donc, la prudence, d’où sont issues toutes les autres vertus, se révèle en définitive plus précieuse que la philosophie : elle nous enseigne qu’on ne saurait vivre agréablement sans prudence , sans honnêteté et sans justice, ni avec ces trois vertus vivre sans plaisir.

Les vertus en effet participent de la même nature que vivre avec plaisir, et vivre avec plaisir en est indissociable. »