« Ces usines ne sont vouées qu’à une chose : le profit »

Les bouchers sont vraiment très forts dans leur genre ; la justification de leur métier, par définition odieux, exige de telles contorsions, que cela en est un mélange de risible et d’hypocrisie criminelle.

On est là dans le déni le plus simple. Ainsi, voici le communiqué de la Confédération Française de la Boucherie, Boucherie-Charcuterie, Traiteurs, consistant en la protestation faite au sujet d’un propos de Manuel Valls.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE : LE BOUCHER DE MANUEL VALLS

Pour réagir au voyage de quatre parlementaires français venus en Syrie rencontrer le chef de l’Etat, dictateur notoire, Manuel Valls n’a eu que ce commentaire « c’est un boucher ! ».

Encore une fois le manque de respect d’un homme politique est confondant d’ignorance. Il y a tant de synonymes dans les dictionnaires que c’est au mieux une facilité au pire une malveillance que de continuer à utiliser le mot boucher.

Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous cesser pour désigner quelqu’un que vous tenez pour un criminel d’employer ce mot sacré pour les 80 000 personnes – artisans, conjoints, salariés et apprentis – qui travaillent dans ce métier.

Par avance, les artisans Bouchers vous en remercient.

Ces gens ne pensent-ils pas que ce n’est pas pour rien si le terme a été assimilé au meurtre, à l’immoralité ? Qu’au 13ème siècle en France boucher est synonyme de « bourreau », que Thomas More dans son Utopie rejette cette activité comme déformant la conscience ?

On est là dans la fiction du « bon » assassin, du « bon » meurtrier. Par définition, cela n’existe pas. Les bouchers ne sont pas de grands révolutionnaires combattant les armes à la main pour la bonne cause, même s’ils aiment se faire passer pour ceux qui font ce qui est « nécessaire ».

Ils sont des assassins d’animaux, même quand ils s’assimilent aux « amis des animaux », comme dans cette critique des « usines » au nom des petits élevages, dans un grand élan d’apologie du petit capitalisme qui vaut celui des « ZAD » :

Paris, le 16 février 2015
COMMUNIQUE DE PRESSE
Objet : Elevages ou usines?

Nous connaissons la tristement célèbre «ferme des 1000 vaches» dans la Somme.
A cette ferme, mais il convient mieux de dire à cette « usine » tant le noble mot de ferme est inadapté pour décrire ces hangars gigantesques où l’on entasse avec bestialité les animaux, il faut rajouter celle des 1500 bêtes en Touraine.

1500 et peut être bientôt 2200 à en croire l’ambition de ces « grandes exploitations », euphémisme derrière lequel se cachent ces usines.

Rajoutons encore celles qui projettent«l’élevage» de 250 000 poules dans la Somme, de 4000 porcs ou encore de 1000 veaux en Auvergne… entre autres.

Non contents de défigurer nos belles campagnes, de mettre au chômage leurs éleveurs (les vrais) et de mettre un pays et sa culture gastronomique à la découpe, les éleveurs (les faux) en redemandent.

Et il ne s’agit pas cette fois-ci d’«éleveurs» étrangers mais bien d’«éleveurs» français qui veulent nous faire croire qu’ils approvisionnent les boucheries artisanales de leurs produits «locaux» qui se retrouvent néanmoins, via d’autres circuits de distribution, dans l’assiette du consommateur.

Les bouchers français et les consommateurs ne sont pas dupes.

Ces usines ne sont vouées qu’à une chose : le profit.

La Confédération Française de la Boucherie, Boucherie – Charcuterie, Traiteurs constate, s’inquiète et dénonce ce type d’exploitations qui, au-delà de négliger la santé du consommateur et celle des animaux, participe également à la détérioration de l’environnement.

La CFBCT apporte son soutien le plus total aux éleveurs, collectifs de citoyens, amis des animaux, et ils sont nombreux, qui dénoncent ces pratiques d’«élevage» honteuses.

Nous bouchers sommes fiers d’offrir au consommateur une viande de qualité en favorisant au préalable des animaux élevés de manière remarquable par nos amis éleveurs (les vrais).

A quelques jours du Salon International de l’Agriculture, la CFBCT rappelleson engagement pour une agriculture et un élevage raisonnés, dans l’application d’une véritable éthique de l’alimentation.

Nos valeurs, les valeurs de la boucherie (la vraie) reposent sur le respect des animaux. Des animaux élevés à l’herbe et en plein air.

Nous appelons les pouvoirs publics à réagir pour limiter la prolifération de ces usines qui causent bien des maux à notre pays.

Christian Le Lann
Président de la Confédération Française de la Boucherie, Boucherie-Charcuterie, Traiteurs

« Ces usines ne sont vouées qu’à une chose : le profit » : tout à fait, et le petit capitalisme a la même nature que le grand, même sans en avoir la portée… pour l’instant. Il n’y a pas de différence dans la démarche.

D’ailleurs, on sait à quel point les bouchers présentent selon eux une « tradition », une forme de commerce proche des clients, dans le sens d’une « qualité » des « produits », etc. Or, que voit-on ? Que ce petit commerce de proximité, où le client est « personnalisé » dans son accueil, lance… boucherietv.

Un prestataire de service fournit des écrans pour les boucheries, afin que soient projetées des vidéos, générales et adaptées localement.

On connaît le principe déjà appliqué dans des boulangeries, des pharmacies, voire des supermarchés. Le voilà, dans le petit commerce qui se prétend tellement « humain »…

 

Toute cette poudre aux yeux sur la « tradition » et le « terroir » ne doit plus parvenir à masquer la sombre réalité de l’exploitation animale, son caractère assassin. Tout le système est à démasquer, et ne pas le faire dans son intégralité dès le départ, dans une critique synthétique, pleine, entière, c’est s’en faire complice!