« Quand même, le cuir, c’est de la fourrure épilée! »

C’est un exemple typique de comment les illusions de certains sont hypocrites. Le combat contre la fourrure se targue d’humanisme, mais son orientation est en soi une capitulation. Alors, bien sûr, apparaître comme aimant les animaux est utile pour les magazines, les people, le charity-business, etc.

Mais les très riches n’en ont rien à faire, et pour cause. La fourrure c’est une question de standing, et puis de toutes manières il n’y a aucune dictature pesant sur eux les forçant à faire ceci ou cela, ou à ne pas exister.

C’est une question de goût et de moyens… Voici par exemple ce qui est à la mode chez la marque Fendi.


Partant de là, ce que dit Karl Lagerfeld dans Madame Figaro est criminel, mais logique, parfaitement cohérent, et le lui reprocher, c’est nier que le monde est ce qu’il est et qu’il faut tout changer pour parvenir à autre chose…

Fendi annonce un défilé de haute fourrure à Paris

En juillet prochain, pendant la semaine de la couture à Paris, Karl Lagerfeld présentera le premier défilé de haute fourrure de Fendi, cinquante ans après avoir été choisi pour renouveler les collections de la maison. (…)

À une rédactrice de mode qui lui confiait récemment sa déception de ne pas avoir retrouvé au Salon de l’agriculture la vache qu’elle avait vue l’an dernier, il rétorqua : « Peut-être que vous l’avez mangée ! »

Ses diatribes contre la vraie fausse bonne conscience de certains sont fameuses, bâties sur une logique imparable.

« Il faut être cohérent. Comment peut-on critiquer la fourrure en mangeant un hamburger et en portant des chaussures en cuir ? Car, quand même, le cuir, c’est de la fourrure épilée ! » (…)

Pourtant, ses créations pour Fendi, étalées sur cinq décennies, sont bel et bien celles d’un visionnaire. Dès son arrivée, il demande l’impossible aux ateliers italiens. Amincies, recoupées, rasées, teintes, montées géométriquement, les peaux sont travaillées comme du tissu.

En désembourgeoisant la fourrure, il lui dessine une allure, lui invente un style. Avec toujours, en guise de fil rouge, des épaules arrondies, des motifs ultra­structurés, des volumes hyperboliques. (…)

Reste à savoir ce que l’inventeur du logo en double « F » de la griffe (pour «  Fun Furs  ») dévoilera en juillet à Paris. « Je n’en sais rien ! C’est beaucoup trop tôt. On commence à peine à choisir les peaux avec Silvia Fendi. Nous allons mettre à l’honneur les plus luxueuses, les plus royales des fourrures puisque nous présentons pendant la semaine de la haute couture parisienne.

Ce défilé de pièces exceptionnelles a sa place dans la capitale. Et puis, comme pour la haute couture de Chanel, on n’utilise pas de fourrure, cela tombe très bien. »

On aurait tort de penser que Karl Lagerfeld dit cela à l’emporte-pièce, il est tout à fait cohérent et réfléchi. Prétendre le contraire est mensonger.

Notons ici d’ailleurs qu’en 2014… la fourrure c’est 40 milliards de dollars de chiffres d’affaires. Le nombre de créateurs de mode en utilisant est passé de 40 en 2000 à 500 en 2015.

Lagerfeld le sait: il appartient totalement à la société telle qu’elle est aujourd’hui. Alors voici ce qu’il disait par exemple en décembre 2014 dans une interview à Madame Figaro:

Quelles sont vos peaux préférées ?

Nous n’utilisons pas de panthère, ni de phoque. Mais on adore la zibeline, bien sûr, c’est la plus belle fourrure au monde. J’aime aussi l’hermine, mais ce n’est pas in en ce moment. La fourrure est le plus ancien matériau porté par l’homme. C’est chaud, c’est sexy, cela va à tout le monde, c’est flatteur. Après la feuille de vigne, c’est la meilleure chose que l’on a trouvée pour s’habiller ! (…)

Choupette a-t-elle son manteau siglé ?
L’autre jour, j’ai demandé à Choupette de faire un gros chèque pour la Fondation Brigitte Bardot – elle gagne beaucoup d’argent, vous savez, énormément d’argent, et il y a beaucoup de petits chats qui n’ont pas autant de chance qu’elle dans la vie. Elle est très gâtée et très aimée, peu d’êtres humains sont aussi bien traités.

Bref, elle a reçu une adorable lettre de remerciement de la part de Bardot, au moment de son 80e anniversaire. Mais ensuite, j’ai reçu une deuxième lettre envoyée par la fondation, qui disait : « Nous en déduisons que vous n’utiliserez plus jamais de fourrure dans vos collections. »

Mais j’ai rétorqué la même chose qu’à Peta : êtes-vous assez riches pour payer les salaires de tous ceux qui travaillent dans cette branche ? Pour payer les chasseurs qui vont chasser la zibeline dans le Nord  ? On ne peut pas élever ces animaux en captivité.

Je ne porte ni vison, ni renard, ni chinchilla, cela tient trop chaud, je ne mange pas non plus de viande.

Mais les gens font ce qu’ils veulent. La fourrure est une industrie : qui va indemniser ceux qui y travaillent si on arrête ce métier ? Cela représente des milliards et des milliards d’euros dans le monde.

Karl Lagerfeld a raison: les gens font ce qu’ils veulent… A moins qu’on ne les empêche. Ce n’est ni libéral, ni anarchiste que de dire cela, c’est juste logique : si l’on veut triompher de l’exploitation animale, il faudra bien l’écraser.

Tout le reste, c’est du symbolisme, de la « bonne conscience », mais cela ne change rien. Et si jamais on trouve cela trop « radical », que l’on regarde les chiffres : l’exploitation animale est en croissance exponentielle!