Le « polyamoureux »

Dans une société libérale, il n’y a par définition pas de loyauté. On vole des sentiments comme on vole des biens, on vole de l’argent comme on vole des idées. C’est le grand self service des individus, qui s’imaginent tout permis.

C’est, bien sûr, un style de vie, désormais tout à fait assumé, que ce soit par le bobo, le libéral, l’anarchiste, etc. et qu’on peut retrouver dans toute la société, à différents niveaux, et dont la figure des « queers » est la plus extrême de par le refus de toutes définitions, de toutes attaches, etc.

A l’occasion d’un film promouvant cette approche, un parmi tant d’autres d’ailleurs, voici comment Madame Figaro fait l’interview d’un « polyamoureux ». On pourrait tomber amoureux de plusieurs personnes, aimer vraiment plusieurs personnes en même temps, ce serait moderne, romantique, etc.

C’est ni plus ni moins que l’éloge de l’ultra-libéralisme, de l’esprit de consommation, de l’incapacité à assumer ses émotions, ses sentiments.

Lefigaro.fr/madame. – Vous êtes ce qu’on appelle un « polyamoureux ». Pourquoi avez vous choisi de vivre l’amour autrement ?

Sylvain. – J’ai été amoureux pendant dix ans de mon amour d’enfance, puis j’ai rencontré un autre type de grand amour, l’amour romanesque, l’étrangère croisée sur un quai de la Seine.

Comment savoir si l’un est plus intense que l’autre ? Je me suis d’abord questionné, gêné de m’épanouir dans quelque chose de condamnable.

J’ai ensuite essayé de comprendre le polyamour au lieu de le combattre. La façon classique de vivre en couple est juste un héritage. Mais remettre en cause ce modèle demande beaucoup de réflexion. Faire ce choix assumé et l’expliquer aux personnes qu’on aime demande beaucoup de sincérité. Le polyamour est une hygiène sentimentale.

Pensez-vous faire souffrir les personnes avec qui vous partagez votre vie en leur imposant votre polyamour ?

J’ai blessé beaucoup de femmes. Elles m’ont blessé aussi. Quand on est polyamoureux, on est très prévenant, très honnête, même quand on a peur de ne pas être compris par la personne qu’on aime.

Être sincère, expliquer notre vision de l’amour, c’est donner la possibilité à la personne en face de penser que notre histoire n’est finalement pas sérieuse. On prend le risque de devenir un passe-temps pour elle. Comme elle part du principe que ce n’est pas solide, c’est elle qui finit par construire quelque chose de malhonnête.

Accepteriez-vous la situation inverse?

Ma compagne acceptait mon polyamour sans avoir cette même conception de la relation amoureuse que moi. Aujourd’hui, elle a un autre homme dans sa vie. Elle comprend enfin ce sentiment que je lui explique depuis dix ans. Je ne souffre pas de cette situation car elle est restée sincère.

Certaines opinions sont tranchées sur le sujet : aimer deux personnes en même temps est impossible, du moins pas avec la même intensité. Êtes-vous amoureux et impliqué de la même façon dans chacune de vos histoires ?

Je n’aime pas l’une plus que l’autre. Et je ne les aime pas de la même façon. L’amour qu’on porte à une personne est aussi particulier que la personne elle-même.

Mais comme polyamoureux, je suis très impliqué dans toutes mes histoires. Je cherche à partager mon temps, à trouver un équilibre.

Ce n’est pas parce qu’on aime une nouvelle personne qu’on aime moins la première. Quand un nouveau petit frère arrive dans une famille, les parents n’aimeront pas moins son aîné par exemple. Ce type de relations amoureuses demande une vraie implication émotionnelle. Je vois cela comme un défi à relever pour combler toutes les femmes que j’aime.

Juridiquement, votre façon de vivre vos amours est illégale aujourd’hui en France. Comprenez-vous pourquoi ?

Je comprends que la polygamie soit illégale en France par rapport au respect de la tradition. D’un point de vue intellectuel, c’est regrettable. Cela nous interdit la liberté de penser autrement l’amour.

Le polyamour est-il selon vous l’avenir du couple ?

Je pense que les polyamoureux ont un temps d’avance. Ce type de relations va se répandre. Il ne faut pas que le polyamour soit un simple effet de mode.

Ni un prétexte pour les professionnels de l’adultère. C’est facile de faire croire qu’on aime plusieurs personnes pour pouvoir avoir plusieurs aventures. Contrairement aux coureurs de jupons, le polyamoureux est bienveillant et agit de façon désinteressée. Il est romantique. Amoureux de l’amour.