Le véganisme est-il soluble dans l’exploitation animale et l’anthropocentrisme?

Quand on a envie d’aider les animaux, on se dit logiquement que plus il y a de gens qui font des choses en leur faveur, mieux c’est. C’est cependant trompeur et l’enfer est pavé de bonnes intentions. Il y a mille manières en effet pour faire en sorte qu’une bonne idée se perde dans les marais, se retourne en son contraire, soit freinée, modifiée, abandonnée, etc.

Pour qui a une expérience un minimum sur le long terme du véganisme, ou tout simplement en étant réaliste d’ailleurs, il est évident que la libération animale s’oppose radicalement aux valeurs institutionnelles. Toute une économie est fondée sur l’exploitation animale; l’anthropocentrisme est la norme dominante.

C’est comme lorsque le Vatican prend d’assaut la conférence sur le climat de l’ONU à Paris à la fin de l’année: il faut être naïf pour penser que cela va contribuer à faire avancer les choses… Bien au contraire!

Tout est une question de contenu. Aussi, on ne peut pas croire que soit crédible la dernière affiche de l’association L214, qui prône le véganisme, comme si cette association portait entièrement le véganisme, alors que justement elle se veut un rassemblement large en laissant ouverte la porte au véganisme, voire en le soutenant.

Mais le revendiquer, cela demande un tel niveau d’exigence, qu’il y a forcément un décalage entre ce qui est dit formellement et ce qui est fait à la base. Et là, c’est contradictoire.

L’association organise également à Paris une conférence… sur la libération animale, concept que justement elle ne peut pas et ne veut pas assumer. L214 appartient au courant welfariste, du « bien-être »; elle pourrait parler d’égalité animale, d’antispécisme (et d’ailleurs les « cahiers antispécistes » co-organisent la conférence).

Mais la « libération animale », c’est un concept révolutionnaire, assumé par l’ALF et bien d’autres, et c’est précisément ce que réfute l’association L214… C’est là un hold-up intellectuel et culturel.

Voici la présentation de la conférence, avec notamment la présence de personnes présentées comme des « ténors » de la cause animale.

La libération animale : et après ?
Une conférence unique à ne pas manquer
Samedi 30 mai • de 14h à 18h (ouverture des portes à 13h30, début de la conférence à 14h précises)
Cité des sciences et de l’industrie • Paris 19e

L’association L214 organise, en partenariat avec Les Cahiers antispécistes, une conférence à Paris avec trois invités d’exception : Peter Singer, Aymeric Caron et Matthieu Ricard.

Conférence L214 Les Cahiers antispécistes à Paris

Les trois conférenciers exposeront leurs réflexions sur le thème La libération animale : et après ? Inventer une société sans exploitation des animaux.

Peter Singer : philosophe et professeur de bioéthique. Il est l’auteur du best-seller La libération animale, considéré comme l’ouvrage fondateur du mouvement contemporain des droits des animaux.
Aymeric Caron : journaliste de télévision et de radio. Dans son livre No Steak, il explique pourquoi, un jour, la viande disparaîtra et l’humanité deviendra végétarienne.
Matthieu Ricard : docteur en génétique cellulaire et moine bouddhiste. Dans son récent Plaidoyer pour les animaux, il expose les raisons et l’importance d’étendre notre bienveillance à tous les êtres sensibles.

Ce qui est significatif aussi, c’est la présence de Peter Singer, auteur justement de la « libération animale », mais qui s’oppose historiquement à l’ALF s’étant développé parallèlement à ses activités. Que dire aussi d’un moine bouddhiste ou d’un chroniqueur télé: c’est cela l’utopie?

En vérité, il s’agit simplement là de montrer le caractère « institutionnel », acceptable, non radical, non rupturiste… Il s’agit d’amener les gens sincères vers une voie de garage, gaspillant leurs énergies à coups de réformes alors que, comme on peut le constater aisément, l’exploitation animale s’intensifie et s’élargit sur la planète, dans des proportions gigantesques.

Le « véganisme » ne serait alors qu’un repli intellectuel de gens habillés en noir constatant la « tristesse » du monde, bref rien d’autre qu’une « conscience malheureuse »… Alors qu’en réalité notre devoir est de tout bouleverser de fond en comble!