Vers l’encyclique « Laudato Sii »

Ce jeudi, le pape va rendre public son « encyclique », et les résultats vont être dévastateurs. C’est très facile à comprendre : l’écologie est une priorité historique. Or, la gauche est molle et institutionnalisée, tandis que les gens plus à gauche ont abandonné toute utopie, rejetant le concept de Nature au profit de l’individualisme anti « oppression ».

Par conséquent, il y a un boulevard pour l’anticapitalisme catholique qui compte bien s’affirmer comme la véritable démarche écologiste. C’est le pétainisme qui revient, et les « zadistes » n’en auront été que le signe avant-coureur.

Voici comment La vie (une composante du groupe Le Monde) présente l’approche catholique, qui va monter toujours plus en puissance.

Jamais un pape n’avait écrit une encyclique dédiée à l’écologie. Très attendue, l’encyclique du pape François Laudato Sii (Loué sois-tu) sera publiée le 18 juin. Quatre personnalités engagées pour une approche chrétienne de l’écologie ont confié leurs attentes à La Vie.

Patrice de Plunkett : « Une critique virulente du modèle économique »

Journaliste et essayiste, Patrice de Plunkett vient de publier Cathos, écolos, mêmes combats ? (Editions du Peuple libre, 2015) où il fait la promotion d’une écologie intégrale. Son blog : plunkett.hautetfort.com

« Je ne peux pas prédire ce qu’il y aura dedans, mais je pense qu’on va y retrouver une partie de l’exhortation apostolique La joie de l’Évangile, notamment les paragraphes 54 à 64 qui sont une critique violente et excellente du modèle économique actuel. Nous savons déjà quelle est la vision du monde du pape François, une vision extraordinairement lucide, incisive et constructive en même temps. Cette encyclique sera donc nécessairement dans la continuité, dans la perspective que le pape a ouverte depuis le début de son pontificat. On ne peut que l’attendre avec beaucoup d’espérance et de confiance.

Certains sont très frileux vis-à-vis du pape Francois, on l’a vu avec le texte du banquier Tedeschi, qui a écrit une lettre ouverte au pape pleine de méfiance. Les milieux ultralibéraux sont hostiles au pape pratiquement depuis le début du pontificat, en particulier les milieux conservateurs américains qui se sont déchainés contre lui l’année dernière. Cette cabale contre le pape consiste à lui prêter des intentions qui ne sont absolument pas les siennes sur le plan de la théologie morale. En réalité, ce qui les inquiète, ce sont les positions politiques, économiques et écologiques du pape. Ils n’ont pas apprécié La joie de l’Évangile et redoutent l’encyclique à venir sur l’écologie. »

Fabien Revol : « Des réponses pastorales et théologiques »

Jeune chercheur spécialiste de la théologie de la Création, Fabien Revol est titulaire de la chaire Jean Bastaire, qui vient d’être inaugurée au sein du Centre interdisciplinaire d’éthique de la Catho de Lyon.

« J’attends des réponses dans deux directions. D’abord, dans le domaine de la pastorale. Il y a un lien entre le fait que cette encyclique sorte maintenant, et le sommet pour le climat qui doit se tenir à Paris en décembre prochain, la COP21. Nicolas Hulot s’est rendu plusieurs fois au Vatican, pour demander au pape de quelles ressources il disposait pour mobiliser les catholiques autour des problèmes écologiques. L’encyclique peut être une réponse, même si le pape avait déjà l’idée de l’écrire avant. Cette encyclique, c’est la sensibilisation des catholiques aux enjeux de la COP 21.

Elle peut susciter des démarches d’engagement chez les chrétiens pour la sauvegarde de la Création. Il y a aussi des enjeux théologiques. Je ne sais pas encore ce qu’il y aura dans l’encyclique, j’attends de voir comment le pape François va se situer dans la continuité de ses prédécesseurs, qui ont été eux-mêmes innovants.

Un Jean Paul II s’est démarqué en introduisant des éléments de théologie en provenance de Saint Francois d’Assise, en mettant en valeur la théologie de la Création. Benoit XVI avait emboité le pas de Jean-Paul II. Je m’attends à ce que François soit dans une démarche d’approfondissement de ces questions. Rien qu’à voir le titre de l’encyclique, Laudato Sii, on se dit qu’il a puisé du coté de saint Francois. Est-ce qu’il y aura des idées nouvelles, qui vont étonner et surprendre les catholiques dans leurs habitudes de penser ? Je suis en attente de ces nouvelles idées, j’attends de voir comment cela va féconder, enrichir la pensée catholique sur la question du rapport chrétien à l’écologie. »
François Euvé : « La confirmation de l’engagement de l’Eglise sur l’écologie »

Jésuite, le P. François Euvé est le rédacteur en chef de la revue Etudes et enseigne la théologie au Centre Sèvres, à Paris. Théologien et physicien, il s’est intéressé très tôt à la théologie de la Création.

« J’attends de l’encyclique du pape François une confirmation de l’engagement de l’Eglise sur la nécessaire transition écologique. J’attends qu’il y ait de manière officielle, à haut niveau, la confirmation d’un propos qui n’est pas proprement nouveau. On trouve déjà des éléments sur l’écologie chez Jean Paul II et éventuellement chez Paul VI, dans Benoit XVI aussi. Mais jamais l’écologie n’a fait l’objet d’une encyclique… Symboliquement, même si le contenu n’est pas radicalement nouveau, c’est très important.

Sur le plan du contenu, je ne sais pas s’il est à attendre quelque chose de nouveau par rapport à ce qui a déjà été dit par les précédents papes. Le pape François aura son style propre, avec l’insistance sur le lien entre écologie et justice sociale. Y aura-t-il des avancées en matière de théologie ? Je ne sais pas. Le pape François n’est pas un théologien comme l’était Benoît XVI. C’est vrai que ce serait intéressant s’il y avait un argumentaire théologique plus développé là-dessus. De fait, cette encyclique sera très intéressante. »

Tugdual Derville : « Un supplément d’âme et de cohérence sur les questions écologiques »

Co-fondateur du Courant pour une écologie humaine, Tugdual Derville plaide pour approche globale de l’écologie, qui concilie le respect de la nature et celui de la vie humaine.

« J’attends d’être surpris, bousculé, éclairé par cette encyclique… Si le texte du pape François ne fait que me caresser dans le sens du poil, quel intérêt aura-t-il pour moi ? Là ou ça va être intéressant, c’est : où est-ce qu’il va me bousculer ? Où est-ce qu’il va me déranger, m’éclairer ? Est-ce qu’il va apporter un supplément d’âme et de cohérence sur les questions écologiques ?

Quand le pape parle du gaspillage comme d’un vol à la table des pauvres, alors là il fait un lien très fort entre la pauvreté et la Création. J’espère que cette cohérence sera écoutée sans faire trop de tri, qu’on ne se mette pas à tirer la couverture à nous en prenant une seule phrase et en oubliant les autres qui pourraient nous faire bouger.

Sur le plan théologique, je trouve qu’on assiste aux prémices de cette encyclique à un renouveau de la théologie de la création. Je trouve cela intéressant d’observer ce manichéisme qui traite l’homme comme une machine dotée de raison sans voir qu’il est partie de la nature, une partie magnifique. Je suis curieux de voir de quelle manière le pape François va aborder la théologie de la Création. Je pense qu’il n’y a pas de rupture à attendre, mais peut-être une mise en perspective éclairante. Et bien sur, j’attends de cette encyclique qu’elle soit accueillie avec des cœurs ouverts. »