Eleveurs : la « nuit de la détresse »

L’élevage a été un secteur porté à bout de bras par le capitalisme, qui maintenant compte bien le perfectionner au plus haut niveau industriel. Les petits « producteurs », forcément, voient leur nombre s’effondrer, et c’est à un nouveau coup de force auquel on a eu droit hier, dans le prolongement de la « nuit de la détresse » organisée par la FNSEA et des JA (Jeunes Agriculteurs).

A défaut de la détresse des animaux, on a celui des entrepreneurs, qui cachent leur quête de profit derrière le titre de « paysans »…

Leur but, donc, ici : faire pression sur les distributeurs et les transformateurs, leurs bénéfices étant tellement grands que les « producteurs » de lait et les « éleveurs » de porcs et de bovins sont étranglés financièrement, les prix ayant baissé de 13 à 20% en un an.

Les actions ont été typiques du genre : fumier et gravats déposés devant de très nombreuses laiteries ou usines de fromage, ainsi que des grandes surfaces, des abattoirs, des préfectures. Parfois des palettes ont été incendiées, des voitures de police renversées, un camion-citerne de lait vidé, etc.

Ce qui est très intéressant dans tout cela, c’est qu’en plus le syndicat agricole FNSEA qui a appelé tout cela a tout à fait compris le problème : elle sait que l’exploitation animale est condamnée. Elle le sait au point que pour attaquer les distributeurs et les transformateurs elle prend comme cible… les normes !

Pas idiot du tout : la FNSEA sait qu’attaquer les distributeurs et les transformateurs c’est scier la branche sur laquelle l’élevage existe. Donc, tout est de la faute… du bien-être animal, des « normes », comme l’explique le slogan (« bien être animal doit-on mettre nos vaches dans nos lits et nous sur la paille??? ») sur la photo ci-dessous et le communiqué de la FNSEA.

Paris, le 1er juillet 2015
COMMUNIQUE DE PRESSE
Plus de prix, moins de normes !

La FNSEA réunie aujourd’hui en Bureau exécutif fait le constat amer que les hausses de prix actées devant les pouvoirs Publics par les filières porcines et bovines, ne sont pas au rendez-vous.

Les actions syndicales de « mise sous surveillance » ont démontré le défaut d’engagement des opérateurs : Industriels et GMS se renvoient la balle et leurs responsabilités en permanence. Ça suffit.

Les paysans demandent des comptes, exigent les comptes. Le Ministre les a. A lui de faire immédiatement respecter les accords.

Demain une nouvelle mobilisation syndicale va maintenir la pression et exprimer notre détermination. Nous voulons de la transparence, nous voulons des résultats, nous voulons plus de prix, nous voulons moins de normes.

Au moins on peut dire qu’ils ne font même pas semblant…

Quant à la nature de leur situation, elle est simple à comprendre. Deux autres slogans témoignent qu’au fond les éleveurs le savent.

L’eau, on ne peut pas en produire davantage qu’on en a. Les animaux, on peut renforcer leur exploitation… C’est précisément cela que nous avons vu à LTD et que nous reprochons aux « réformistes » du bien-être animal, ce n’est pas tant de ne pas avoir vu que de nier cette réalité.

Ils raisonnent en termes d’oppression, de spécisme, alors que l’intégration des animaux dans la société humaine a des raisons historiques, qu’il s’agit justement de dépasser…

Alors que l’effondrement de l’élevage traditionnel est inéluctable, et que personne de progressiste ne peut accepter l’agro-industrie pratiquant l’écocide et la destruction des vies animales…