Le nouvel abattoir de Perpignan

A la toute fin du mois de mai 2015, un taurillon s’est enfui d’un abattoir situé tout proche de l’aéroport de Perpignan; il a été capturé… puis remis à l’abattoir.

Cet abattoir vient d’être inauguré de manière officielle et son organisation mérite d’être notée. C’est un grand bâtiment, faisant pas moins de 15 000 m².

Et il a notamment comme particularité d’être placé à côté d’une nouvelle « usine de découpe » de 4 500 m², appartenant à l’entreprise Guasch, qui existe localement et dont le dirigeant est aussi responsable du club de rugby à XIII les « Dragons Catalans ».

Il y a même un tunnel réfrigéré entre les deux bâtiments, et 70% de la « viande » est ainsi destiné à l’entreprise Guasch.

Maintenant, regardons qui paie l’abattoir et pour cela regardons ce que dit le préfet, puisque c’est lui qui a tout organisé. Il justifie l’abattoir pour les motifs suivants :

« en termes d’aménagement et de gestion du territoire: maintien de la présence des éleveurs sur 70% des communes du département et contribution de l’élevage à l’entretien des espaces ;

en termes d’environnement: démarche d’économie de proximité, recherche de produits locaux dans un rayon de 100 km maximum et limitation des durées des distances de transport ;

en termes de sécurité alimentaire: approvisionnement en viande locale de qualité. Sans abattoir en région de production, la maîtrise du circuit est beaucoup plus aléatoire ;

en termes d’emploi: maintien de 20 personnes auxquelles s’ajouteront les emplois supplémentaires que prévoit de créer la société GUASCH, qui passerait de 130 à 150 emplois environ, dans le cadre de la construction de sa nouvelle usine de découpe qui jouxte l’abattoir et qui représente un investissement important favorable au secteur du BTP qui en a bien besoin »

C’est assez sidérant : le préfet – pas élu mais nommé par en haut, par le président – utilise ici des arguments de haut fonctionnaire en mode « sécurité nationale ».

A le lire on dirait que 200 éleveurs permettent la gestion du territoire et que la sécurité alimentaire est permise par l’exploitation animale locale!

De grands mots dignes d’un jeu de stratégie… En vérité et plus simplement, toutes les raisons données sont un justificatif technocratique et visent à maintenir les éleveurs au service du producteur local, d’ailleurs mis en avant de manière ouverte avec « l’usine de découpe » qui apporte des emplois au BTP, comme cela tout le monde est content…

Et finalement on a l’impression que l’abattoir est un service que rend l’entreprise, et non le contraire! Très habile…

Car maintenant, regardons donc qui paie. Eh bien… C’est surtout l’Etat, donc nous…

Le Capital social SCIC dont il est parlé ici, payant 16% du total, a la configuration suivante.

Du beau travail : le capitalisme porté à bout de bras. Comme on peut le lire dans La Tribune :

« C’est l’aboutissement de nombreuses années de travail, d’une famille aussi, d’un clan » a annoncé Bernard Guasch, aux côtés de ses deux fils Stéphane et Maxime, détenant à ses côtés la totalité de la SAS Holding Gégé, propriétaire des établissements Guasch.