Le point de vue du pape François sur la planète, dont nous avons parlé au sujet de l’encyclique « Laudato si », puise notamment dans un document du pape Jean Paul II datant de 2001.
Quand on dit que c’est un texte de Jean Paul II, il vaut mieux dire du Vatican, les productions sont bien sûr établiées collectivement et selon un plan très précis.
Voici donc des extraits des propos… très radicaux, en apparence, de Jean Paul II dans le document « L’engagement pour éviter une catastrophe écologique majeure ».
On a exactement la même approche, déjà, que le pape François dans l’encyclique.
« Malheureusement, si le regard parcourt les régions de notre planète, il s’aperçoit immédiatement que l’humanité a déçu l’attente divine.
A notre époque, en particulier, l’homme a détruit sans hésitation des plaines et des vallées boisées, il a pollué les eaux, défiguré l’environnement de la planète, rendu l’air irrespirable, bouleversé les systèmes hydro-géologiques et atmosphériques, désertifié des espaces verdoyants, accompli des formes d’industrialisation sauvage, en humiliant – pour utiliser une image de Dante Alighieri (Paradis XXII, 151) – ce « parterre » qui est la terre, notre demeure.
4. C’est pourquoi, il faut encourager et soutenir la « conversion écologique », qui au cours de ces dernières décennies a rendu l’humanité plus sen-sible à l’égard de la catastrophe vers laquelle elle s’acheminait. L’homme n’est plus le « ministre » du Créateur.
En despote autonome, il est en train de comprendre qu’il doit finalement s’arrêter devant le gouffre.
« Il faut saluer aussi positivement l’attention grandissante à la qualité de la vie, à l’écologie, que l’on rencontre surtout dans les sociétés au développement avancé, où les attentes des personnes sont à présent moins centrées sur les problèmes de la survie que sur la recherche d’une amélioration d’ensemble des conditions de vie » (Evangelium vitae, n. 27).
Ce qui est en jeu n’est donc pas seulement une écologie « physique », attentive à sauvegarder l’habitat des divers êtres vivants, mais également une écologie « humaine » qui rende plus digne l’existence des créatures, en protégeant le bien primordial de la vie dans toutes ses manifestations et en préparant aux futures générations un environnement qui se rapproche davantage du dessein du Créateur.
5. Dans cette harmonie retrouvée avec la nature et avec soi-même, les hommes et les femmes doivent recommencer à se promener dans le jardin de la création, en cherchant à faire en sorte que les biens de la terre soient disponibles pour tous et pas seulement pour certains privilégiés, précisément comme le suggérait le Jubilé biblique (cf. Lv 25, 8-13.23).
Parmi ces merveilles, nous découvrons la voix du Créateur, transmise du ciel et de la terre, du jour et de la nuit: un langage qui n’est « nulle voix qu’on puisse entendre », capable de franchir toutes les frontières (cf. Ps 19 [18], 2-5).
Le Livre de la Sagesse, repris par Paul, célèbre cette présence de Dieu dans l’univers en rappelant que « la grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur » (Sg 13, 5; cf. Rm 1, 20).
C’est ce que chante la tradition juive des Chassidim: « Où que j’aille, Toi! Où que je m’arrête, Toi…, où que je me tourne, quoi que j’admire, Toi seul, encore Toi, toujours Toi » (M. Buber, Les récits des Chassidim, Milan 1979, p. 256). »