Les grandes avancées du véganisme en Allemagne et en Autriche

C’est un fait dont il faut avoir connaissance : le véganisme s’installe en profondeur en Allemagne et en Autriche.

Ce que représente le véganisme est désormais largement connu, et c’est une tendance valorisée dans la jeunesse. Une partie significative des restaurants propose désormais des plats végétaliens et dans tous les événements culturels un tant soit peu alternatifs, le végétalisme est la règle.

Dans certains quartiers de Berlin, le végétalisme est le dénominateur commun des restaurants; pratiquement aucun des nombreux glaciers de Vienne ne propose pas de variante végétalienne.

En pratique on peut dire que ce sont les deux capitales du véganisme, avec des supermarchés vegans, des magasins vegans, des cuisines populaires végétaliennes dans le mouvement alternatif, une reconnaissance sociale énorme et en plein développement. Sans doute peut-on dire que suivent Tel-Aviv et New York, mais l’ampleur populaire est difficilement comparable.

Car en Allemagne et en Autriche, on peut ne pas être vegan. Mais il est difficile de se dire contre et dans la jeunesse et les milieux alternatifs, c’est même absolument impossible. Le vent souffle très fort en faveur du véganisme.

Le terme qu’on doit en faut utiliser est celui de norme. On ne peut pas être dans son époque sans reconnaître le véganisme. C’est encore plus vrai chez les gens voulant ou prétendant changer le monde.

Pour comparer, c’est un peu comme si le Parti de Gauche, le Parti Communiste, les Verts, toute l’extrême-gauche, proposaient systématiquement des plats végétaliens lorsqu’ils organisent quelque chose.

C’est évidemment difficile à imaginer, tellement c’est indéniablement loin de la situation en France… En France le véganisme est combattu, pas seulement d’ailleurs par les réactionnaires célébrant le terroir, mais également par les partisans du « végéta*isme » qui refusent d’être clair et net, louvoient, prônent des réformes, etc.

Ces gens sont en pratique les agents du libéralisme, des saboteurs. Le succès du véganisme en Allemagne et en Autriche montre bien qu’il est possible de réussir – c’est même la seule voie – en assumant complètement la dimension morale.

Ce n’est que lorsque les frontières sont nettes qu’on peut se repérer. Il faut être capable de s’orienter par rapport à ce qui est juste, ce qui est injuste, afin de faire les choses bien – toutes les choses.

Car, on s’en doute même si c’est un peu caricaturer les Allemands et les Autrichiens, que cela ne plaisante pas. C’est tellement vrai qu’on n’en est plus là-bas à l’époque où il y avait éventuellement un plat avec de la « viande » et un plat végétarien : désormais le végétalisme est la règle, lorsqu’il y a un plat végétarien les gens s’excusent en pratique de le proposer.

C’est surtout cela qu’il faut retenir. Le végétarisme est une notion qui s’est effondrée. La population végétarienne représente une sorte de vaste sas de transition aux contours informes, qui est dévalorisée afin que les gens ne s’arrêtent pas à cela.

Le véganisme a une hégémonie complète : on ne peut pas être jeune, branché, et s’opposer au véganisme, c’est impossible. C’est une tendance sociale qui est une lame de fond. Le végétarisme n’existe tout simplement pas, c’est une absurdité, un reste du passé, quelque chose n’ayant pas de sens.

Cela ne veut pas dire que tout le monde soit vegan. Grosso modo, l’Allemagne et l’Autriche ont chacun à peu près 15% de leur population qui est végétarienne, et pratiquement 2% de vegan.

Mais le véganisme est reconnu comme une valeur certaine, il « faudrait » l’être si on ne l’est pas. Le végétarisme n’a plus de reconnaissance sociale, il n’est plus perçu comme ayant une valeur morale ou intellectuelle. Le véganisme apparaît comme une véritable option historique.

La pression est naturellement la plus forte dans les milieux alternatifs ou branchés. Des rebelles au t-shirt « acab » jetant des pierres sur la police aux jeunes écoutant de la techno dans des lieux tendances, depuis les réunions conspiratrices jusqu’aux conférences publiques contestataires, le véganisme est quelque chose d’incontournable culturellement.

Dans la société, le véganisme ne choque plus personne, même plus chez les nazis!

Il y a des raisons historiques à cela: le rapport à la Nature est bien différent dans ces pays de ce qu’on connaît en France. Au pays de Descartes, la pseudo rationalité mathématique nie la reconnaissance des sens. La compassion n’est pas « logique ».

A cela s’ajoute l’éloge du terroir, ce culte français de la petite propriété, qui empêche de voir les choses en grand et idéalise la ferme, au point qu’en 2015 les publicités des entreprises agro-industrielles jouent encore sur cette image d’Épinal de la petite ferme idéale où les animaux sont heureux.

Si le véganisme ne progresse pas comme en Allemagne et en Autriche, cela doit beaucoup à cette idéologie de la « vache-qui-rit ».

Cela rend l’avancée du véganisme bien plus compliquée dans notre pays et est bien vaine l’idée de contourner le problème par des appels aux réformes, le « végéta*isme », des publicités sur google ou dans le métro, l’utilisation d’intellectuels même pas végans.

On ne peut pas contourner la société et en France le véganisme est un véritable détonateur social. Il renverse la manière qu’a la France de se voir elle-même, avec cette fiction du « terroir », cette manière très esprit de clocher, très cocardier et chauvin, très libérale-libertaire et relativiste.

L’Allemagne et l’Autriche ne sont ici nullement des modèles, mais au moins de bons exemples : il faut dépasser l’idéologie dominante et s’appuyer sur les éléments culturels positifs. Sans cela, aucun résultat concret et durable n’est possible…