« Overshoot day 2015 »

Le WWF, une association internationale on ne peut plus institutionnelle, a relayé les informations du « overshoot day » : depuis hier, l’humanité a dépassé l’utilisation des ressources annuelles de la planète.

C’est toujours intéressant, même si les limites sont patentes. Tout d’abord, le point de vue reste anthropocentriste, tout est posé en termes de gains/pertes pour l’humanité « isolée » de la Nature. A cela s’ajoute que la Nature est conçue de manière purement statique et uniquement en termes de ressources.

Enfin, et c’est le pire, sur le plan de la cohérence : il est expliqué qu’on va droit dans le mur, mais le ton reste tout à fait « raisonnable », ne voulant qu’une « inflexion », etc. Que dira-t-on dans 25 ans d’une démarche aussi ridicule?

Overshoot day 2015 : A partir d’aujourd’hui, nous vivons à crédit sur notre planète…

Aujourd’hui, jeudi 13 août, nous avons malheureusement atteint l’Overshoot Day ou « jour de dépassement ». Cela signifie qu’en moins de huit mois, l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la planète peut produire en un an.

Tous les ans, le Global Footprint Network évalue le jour à partir duquel l’empreinte écologique de l’humanité dépasse la capacité écologique de notre planète. Chaque année, cette date butoir avance inexorablement. Il y a 15 ans, en 2000, ce jour à partir duquel les hommes vivaient à crédit était en octobre…

Le coût de cette surconsommation est chaque jour plus évidente : pénuries en eau, désertification, érosion des sols, chute de la productivité agricole, surexploitation halieutique, déforestation, disparition des espèces, et enfin augmentation de la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère.

Or cette augmentation de la concentration en CO2 dans l’atmosphère amplifie chacun de ces autres constats. Nos sociétés doivent avancer vers de nouveaux modèles à plus faible empreinte, qui présentent d’ailleurs de nombreux co-bénéfices environnementaux, sociaux et économiques.

« A elle seule, l’empreinte carbone a plus que doublé de 1963 à 1970, période à laquelle nous sommes entrés dans une surexploitation des ressources de la planète. Elle demeure l’élément connaissant la plus grande progression dans le calcul de l’écart entre notre empreinte écologique et les capacités de notre planète », explique Mathis Wackernagel, président du Global Footprint Network et co-créateur de la méthode de calcul.

« Un accord global vers la sortie des énergies fossiles qui doit être trouvé au cours de la prochaine conférence pour le climat se tenant à Paris pourrait significativement contribuer à infléchir la courbe de notre empreinte écologique, et la réduire à terme. »

L’empreinte écologique prend en compte l’empreinte carbone, c’est-à-dire la surface de terres nécessaire pour capturer les émissions de CO2 issues des énergies fossiles. Le dépassement de la capacité de stockage des émissions de CO2 entraîne l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, principale cause du changement climatique.

Au rythme actuel, l’absorption de gaz à effet de serre nécessiterait à elle seule 85 % de la biocapacité de la planète. “Il nous faudrait deux fois la biocapacité globale des forêts pour absorber les émissions mondiales de carbone” ajoute Mathis Wackernagel.

Une dernière chance

« A quatre mois de la fin de la Conférence Paris Climat 2015, le WWF appelle les gouvernements à se mobiliser pour arrêter les modalités et les engagements d’un plan d’urgence pour la période 2015-2020.

C’est la seule voie possible s’il on veut contenir le réchauffement en dessous de 2°C et ainsi limiter les impacts du changement climatique sur la planète et l’humanité. » explique Diane Simiu, Directrice des programmes du WWF France.

Pour cela, le pic des émissions de gaz à effet de serre doit être atteint avant 2020 grâce à quatre leviers :
L’accélération du déploiement des énergies renouvelables avec un objectif de 25% de la consommation énergétique mondiale ;
Le renforcement des mesures d’efficacité énergétique avec un doublement du taux d’efficacité énergétique pour atteindre 2,4% par an ;
La protection des forêts et de l’usage des terres ;
Le financement de la lutte contre le changement climatique : une feuille de route claire vers les 100 milliards de dollars et un retrait des soutiens à l’industrie du charbon estimés à 73 milliards de dollars.

Business As Usual

Si nous ne changeons rien et continuons à puiser autant de ressources qu’à ce jour, nous aurons besoin de l’équivalent de 2 planètes en 2030 et notre jour de dépassement sera avancé à la fin du mois de juin…

Cette projection suppose que la biocapacité, la croissance démographique et les tendances de consommation restent sur leurs trajectoires. Il n’est cependant pas certain que le maintien d’un tel niveau de consommation de ressources soit possible sans significativement endommager la biocapacité à long terme avec des impacts conséquents sur la consommation et la croissance démographique.