Capital remarque les marges de l’industrie du bio végétalien…

La revue Capital, consacrée aux entreprises et aux profits, a consacré quelques articles à la « folie des modes alimentaires » dans son numéro d’août 2015. Bien entendu, le végétalisme est abordé, sous l’angle des bénéfices et des marges.

Voici quelques informations intéressantes à ce sujet. On apprend ainsi les différences de prix entre un litre de lait de vache et un litre de lait de soja. La TVA est de 5,5 % dans les deux cas, la distribution coûte à peu près 19 %, les matières premières coûtent à peu près la même chose (0,40 centimes le litre), mais… la marge de l’industriel est de 3,4 % pour le lait de vache et de 7,7 % pour le lait e soja.

Comparant le « bifteack haché » et le « steak de soja », Capital constate une marge respective de 3,2 % et de 11,4 %…

Quand on sait que Sojasun tient 50 % des parts de marché en grande distribution sur les yaourts et les « steaks de soja », on imagine les bénéfices… D’autant plus que selon Capital, la croissance en 2014 a été de 15 % pour les boissons végétales, de 22 % pour les « steaks de soja »…

C’est très intéressant, déjà parce que cela montre, pour qui ne le savait pas, que les entreprises bios ne sont pas différentes des autres, malgré leur discours démagogique publié dans diverses revues gratuites diffusées massivement.

Ensuite, cela montre que si on voulait, le bio pourrait être bien moins cher. Cependant, on ne veut pas, pour des raisons économiques tenant à la course au profit. Le bio ne veut pas se démocratiser, il sait que pour que son profit puisse grandir, il doit viser les riches.

Et personne n’aura pu ne pas être témoin de ce fait : les magasins bios se tournent clairement vers les bobos. Ils visent les gens avec un fort pouvoir d’achat.

C’est d’ailleurs un marqueur social très fort. L’image d’Épinal du patron gros et de l’ouvrier maigre du 19e siècle s’est inversée. Acheter sain et manger sain c’est, pour une partie de la bourgeoisie, sous la forme des bobos, savoir se distinguer du « bas peuple ».

Force est de constater qu’il en va de même avec au moins une partie du véganisme parisien, snobisme oscillant entre élitisme et pessimisme, apportant le message « par en haut » au peuple qui serait arriéré et stupide, et qui de toutes façons ne comprendra jamais rien.

D’une certaine manière, ce véganisme de snob est le pendant du véganisme des squats du début des années 1990, où à Paris et à Lille notamment, des gens s’isolaient de la société au nom d’un antispécisme en tant qu’utopie communautaire.

Autant cet antispécisme était très limité et une composante de la mouvance squatter, autant il avait une certaine dignité, cherchant à construire une alternative, en mode semi-hippie. Le véganisme de snob à la parisienne où des grands bourgeois se présentent comme moralement au-dessus de tout est par contre clairement insupportable…

C’est vraiment à croire que dans notre pays, le catholicisme a trouvé une nouvelle forme d’expression. On a le même rejet de la Nature, le même refus de se confronter aux animaux dans les faits, la même vision abstraite de la souffrance dans la mesure où les questions sociales et économiques n’existent pas du tout, le même besoin de « témoigner », la même tentative de faire un « don de soi » en sachant porter sa croix…

Tout cela est très laid et sonne très « fin de siècle ». En tout cas, on se doute que ce n’est pas les entreprises bios ou le véganisme version snob qui va faire avancer les choses. Les gens ont besoin d’alternatives concrètes, sous la forme de valeurs positives, et en rupture avec l’idéologie dominante.

Le véganisme, c’est une manière de manger, mais c’est surtout un besoin de la conscience, un besoin moral, celui d’être fidèle à ses sens et d’accepter la Nature…