(article également disponible dans les pages culture)
« Silent Running » (« Course silencieuse ») est un film en passe de devenir absolument mythique: dès 1972 il aborde l’ensemble des thèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, et il le fait à partir du point de vue de la libération de la Terre, voire même de la libération animale!
Un film incroyable, encore très largement inconnu mais qui fait son chemin et qui sera sans aucun doute considéré bientôt comme une oeuvre humaniste d’une valeur inestimable.
Le titre canadien du film est « Et la terre survivra » ou « Et la Terre survivra » (avec un T majuscule), et il est également plutôt connu sous ce nom en France.
« Silent Running » se déroule dans le futur: la planète terre a été dévastée par une guerre nucléaire. Un énorme vaisseau spatial, le « Valley Forge », transporte plusieurs serres géantes abritant des forêts ainsi que des animaux non humains. Ces serres en forme de domes sont inspirées du Climatron greenhouse des Jardins botaniques du Missouri.
Mais les quatre astronautes présents à bord reçoivent l’ordre de tout détruire des serres et de ramener le vaisseau, celui-ci devant servir pour des opérations commerciales. L’astrobotaniste se rebelle alors, tue les autres astronautes et prend le contrôle du vaisseau afin de sauver la dernière serre.
Rattrapé pourtant par les vaisseaux terriens qui pensaient que le vaisseau a eu un problème et qu’il était en détresse, il programme un robot pour s’occuper de la forêt et lance la serre dans l’espace. Puis il fait sauter le vaisseau afin que les autres vaisseaux croient que tout a bien été anéanti.
Le film est une véritable ode à la Terre. L’astrobotaniste critique les autres astronautes qui ne s’intéressent pas à la forêt et n’ont ensuite pas d’état d’âme pour la détruire. Il intervient donc: le film est un appel à l’intervention, à l’action, dans le but de préserver la vie végétale et ses habitantEs. L’astrobotaniste aime la forêt et ses habitantEs.
Il y a également une allusion très importante à Smokey l’ours. Si en France on le connaît pas du tout, il est connu de la quasi totalité des Américains. Figure populaire, il est le symbole de la préservation des forêts, utilisé par les services américains s’occupant des forêts.
Dans le film, on peut voir l’astrobotaniste caresser de la main une feuille au mur: le serment de la conservation de Smokey l’ours!
« I give my pledge as an American to save and faithfully to defend from waste the natural resources of my country -its soil and minerals, its forests, waters and wildlife. »
C’est-à-dire en français: « Je fais le serment en tant qu’Américain de servir et de défendre fidèlement les ressources naturelles de mon pays de la destruction – ses terres et ses minéraux, ses forêts, ses eaux et sa vie sauvage ».
La bande originale contient deux chansons de Joan Baez, qui interviennent à des moments clefs pour renforcer la dimension écologiste du film.
« Des champs d’enfants courant, sauvages – dans le soleil
Comme une forêt est ton enfant, grandissant de manière sauvage, dans le soleil
Condamné dans son innocence – dans le soleil
Rassemble les enfants à tes côtés,
dans le soleil
Dis leur que tout ce qu’ils aiment va mourir,
Dis leur pourquoi,
dans le soleil
Dis leur qu’il n’est pas trop tard,
Cultive, un par un;
Dis leur de récolter et de se réjouir du soleil »« Silent Running » n’a eu aucun succès. Le circuit hollywoodien avait accepté de le produire grâce à sa marge de manoeuvre obtenue grâce au succès d’Easy Rider, mais le film avait tout de même un petit budget et ne fut pas réellement soutenu à sa sortie. Son réalisateur était pourtant Douglas Trumbull, aujourd’hui considéré comme une figure des effets spéciaux au cinéma (il a notamment participé à 2001 l’Odyssée de l’espace, Rencontres du troisième type et Blade Runner).
Mais le principal défaut du film à court terme est sa qualité à long terme: sa lenteur, son humanisme, sa démonstration de force de la compassion (les robots eux-mêmes acquérant une dimension émotionnelle), son appel à sauver la Terre et ses habitantEs!