Carrefour vient de lancer de nouveaux produits, qui provoquent ici et là de nombreuses réactions chez les personnes végétariennes et végétaliennes, puisqu’il s’agit d’une série « veggie ».
On connaît, en effet, l’esprit très « paranoïaque » et misanthrope qui règne parfois, voire souvent, dans ce « milieu » au sens très large : la raison en est bien sûr l’absence de réflexion sociale et la réduction de la question à une attitude individuelle qui serait « rejetée » par la société. Le concept de « végéphobie » est le produit absurde d’une telle position.
Il y a donc une réaction irrationnelle dès qu’une porte s’ouvre, comme ici lorsque Carrefour propose des produits « veggie » : on applaudit l’entreprise, on salue sa démarche, etc. etc.
Sauf que si on devient vegan pour saluer Carrefour, c’est qu’on n’a pas compris grand chose à ce qu’implique le véganisme. Carrefour est un distributeur d’une importance énorme, c’est un monstre qui participe à la destruction de la planète, comme toutes les grandes entreprises.
Si le mot « révolution » a un sens, c’est bien par exemple pour faire en sorte que Carrefour distribue autre chose que des produits industriels aux propriétés nutritives très mauvaises, sans parler bien entendu de ceux liés à l’exploitation animale…
On n’a donc pas à saluer Carrefour, qui ne change pas ses produits, mais seulement en ajoute à sa gamme, par souci de bénéfices. Car le problème est la réduction à la vie individuelle que font de nombreuses personnes véganes. Elles se voient comme des consommatrices et sont donc très contentes de plonger dans le « marché captif ».
Carrefour le sait et en profite. Pour comprendre cela, il suffit de rentrer dans un magasin vendant des produits cacher : les prix sont plus élevés, la qualité moins bonne, l’huile de palme est partout. Seulement, quand on obéit à la religion, on ne peut pas faire autrement…
Pour certaines entreprises, il y a la même perspective dans le véganisme. On se plaignait du Paris Vegan Day et de son esprit capitaliste artisanal : désormais, le salon « Veggie World Paris » aura lieu (début avril) organisé par l’entreprise allemande Veggie World, expert capitaliste de ce genre de choses (en tenant également à Berlin, Hambourg, Munich, Zurich, Utrecht, etc.).
Le responsable de Droits des Animaux a ouvert le magasin « Un monde végan » à Paris : le chiffre d’affaires a augmenté de 50 fois en six ans et un nouveau magasin va ouvrir dans dix jours à Lyon.
On aurait tort de penser que Carrefour se priverait de se lancer s’il y a un espace… Par exemple avec les surgelés de la série « veggie » donc, avec deux sur trois qui sont végétaliens : les galettes quinoa, boulgour, tomate, poivron, basilic, et les galettes boulgour et pois chiche à la provençale.
On est là dans le degré zéro de l’élaboration. Et donc, il y a les « steaks » (sic) et « boulettes » (sic) dont 11 sur 16 sont végétaliennes dans cette série « veggie » : Nuggets, Falafels, Boulettes au soja nature, Boulettes au soja tomate, basilic, Boulettes au soja petits légumes, Steaks au soja petits légumes, Steak au soja tomate, basilic, Steaks au soja fines herbes, Galettes de tofu à l’indienne.
Du soja partout : ce n’est guère étonnant, c’est le moins cher. C’est la logique des bénéfices qui prime. C’est une caricature de végétalisme, vu par la grande industrie.
Les boulettes, ce sont donc des protéines de soja déshydratées pour 18,5%, puis des légumes et de l’huile, des herbes aromatiques et du sucre, grosso modo… Voici par exemple la composition des « steaks » de soja :
eau, protéines de soja déshydratées 18%, purée de tomate double concentrée 9,5%, cube de tomate 8%, sauce tomate 8% (pulpe et concentré de tomate 7,4%, huile de tournesol, oignon, sucre, sel, basilic 0,07%), basilic 4%, oignon, huile de tournesol, sucre, sel, épaississants: méthylcellulose.
Huile de friture: huile de tournesol et de colza.
Pour le goût, nous ne pouvons pas avoir un avis : pas tant parce que c’est industriel, ou bien parce que c’est un projet élaboré par Carrefour en partenariat avec l’Association Végétarienne de France, mais parce que ces produits sont fabriqués dans un atelier utilisant du lait, des mollusques, des poissons, des oeufs…