Reporterre est un média qui est apparu il y a quelques temps comme sorte d’organe de presse sur internet des courants de la décroissance. C’est un peu EELV en mode moins bobo et plus hippie décroissant regrettant le passé qu’il imagine évidemment « pur ».
Nous avons déjà dit maintes fois que tout cela était fondamentalement anti-vegan, parce que le veganisme de par les matières premières qui y sont impliquées exige des échanges internationaux et la grande production.
Les décroissants veulent la petite production, donc l’exploitation animale y est nécessaire. Reporterre a publié un article tout à fait dans cet esprit, intitulé Voici pourquoi je (re)mange de la viande.
Le début de l’article est tout à fait révélateur. Dans un esprit candide la personne végétarienne découvre le terroir…
Je suis devenue végétarienne il y a cinq ans, par conviction écologique. Aujourd’hui, je remange de la viande… par conviction écologique.
J’ai renoncé aux cuisses de poulet et au rôti de veau en 2010, lors d’un séjour au Chiapas mexicain.
Là-bas, dans les montagnes, des communautés rurales mal nourries cultivent d’arrache-pied des lopins caillouteux pour y faire pousser du café. Et à moins de dix kilomètres, dans des plaines fertiles, des milliers de vaches paissent, attendant d’être réduites en steaks congelés pour le marché états-unien. Vision saisissante d’un système agricole absurde.
Écœurée, je décidais alors de ne plus prendre part à ce cirque. Devenir végétarienne était un acte à ma portée, ma petite contribution au bien-être animal, à la préservation de la planète et à la lutte contre les inégalités sociales. Du moins, c’était mon avis jusqu’à peu.
En avril dernier, je suis partie en vélo à la rencontre des paysans. De ferme en ferme, j’ai découvert un monde que je pensais connaître. J’ai trébuché, les pieds pris dans mes a priori. Voilà ce qui arrive quand on troque ses bottines contre des bottes. Car la surprise est dans le pré. Surtout, je n’imaginais pas, en enfourchant ma bicyclette, que je redeviendrais carnivore.
Découverte d’un troupeau de chèvres dans les Pyrénées, d’un élevage de brebis dans le Piémont italien, de petits paysans avec leurs animaux en Roumanie… Voilà ce qui fait changer d’avis notre végétarienne, qui conclue triomphalement :
Finalement, l’équation « écolo égale végétarien » n’est peut-être pas si juste.
Nous avons besoin de l’élevage, nous avons besoin des animaux. Oyez, amis de la nature, j’en suis désormais convaincue : la solidarité avec les paysans et la planète ne passe pas par le refus catégorique de consommer carné.
Elle passe par le refus catégorique d’un élevage industriel, fondé sur la technologie tous azimuts, avec insémination artificielle, puçage et « nutrition de précision ».
Et elle passe par la dégustation (à fréquence modérée) d’un bon gigot d’agneau acheté en vente directe au berger du canton !
Une telle approche est provocatrice, mais elle ne doit pas étonner : ces gens disent la même chose que Pétain avec son retour à la terre, donc on ne doit pas être étonné de leur mystique, qui ose affirmer que l’élevage serait « naturel », que les animaux en sont très contents…
Tout cela pour justifier leur envie de retourner en arrière, à l’époque des artisans et des petits paysans qui vivraient de manière « heureuse », en étant « sincère », « honnête », etc. comme l’explique en général le discours romantique qui fantasme sur le passé.
Tout cela encore et toujours avec un seul but : freiner, empêcher l’inéluctable devoir qu’est le véganisme à l’échelle de toute l’humanité.