Quelques poèmes de la canadienne Huguette Gaulin

Nous avions parlé de la canadienne Huguette Gaulin, qui s’était immolée par le feu le 4 juin 1972 à Montréal, ses derniers propos étant « Vous avez détruit la beauté du monde! ». La chanson « L’hymne à la beauté du monde » avait écrit en son honneur par Luc Plamondon et chantée par Diane Dufresne.

Cherchant à en savoir un peu plus, cela nous amène à proposer quelques uns de ses poèmes. Même si on ne les apprécie pas, en raison de leur caractère hermétique et cryptique (typique de la poésie d’ailleurs), cela donne un aperçu… Et cela contribue, au moins un peu, à faire connaître quelqu’un dont l’acte et l’accusation sont si terribles, si émouvants, tellement parlants!

où sommes-nous
le quart déserteur ajoure l’insolite

il chuchote
entre mes cheveux ses doigts
nous serions « unter den linden »

rideau
cette confusion sera superbe

N°588
cimetière de la Côte des Neiges

le soleil ronge aérolithe à cinq heures

***

nous reprenons notre territoire de
fourrures neigeuses
haches ironiques
et peaux crevées

continent à rebours
où elles se creusent
lavé à la potasse du rêve

les cortèges de tortues s’estompent
aux coins saignant de la main

soutenez l’oeil au talon
l’arc accomplit ses glaçons d’endroit

***

on marchande
des reflets de cieux
de briques encadrés

et l’intime hauteur
surpeuplée de méninges
reprend ses thèmes

un point blanc
juste avant que l’oiseau s’allume
et tourne

***

l’eau enfermée
leur peur
arrêt l’encre sèche
et les poissons carrés pose presque érotique
autour des joints s’informent

une saison buccale
quand il vente sous l’eau
fermez le rideau

***

suffire aux feutres de ceindre l’altruisme
amours polythèmes si lisses
où ils s’entreplient
évitant les meublés éccliptiques

cet intervalle
leurs noms chers à leur bottin d’argon
les fauteuils-mains
or les petits biscuits les caressent

ils auscultent les mauves
et circulent la gloire
dilettante aux genous
des barbouillements de foules

et pensent leur salive parmi les achats

***

debout

je mesure face contre l’éparpillement
entre un peu de mots et de mort
nagent les bordures doucement

murmure l’étrangeté du bien-être

l’envoûtement me déplace
le corps cloué

***

ce que nous inversons de bandes muettes

l’horizontal rayé
crissement

les spectacles rendent la forme

imagine l’escalade

l’objectif: autant de lueurs coincées
(d’insectes en feu)
et sur fond noir
ils descendent les fièvres les courbes pleines
(les talus)

vaincue la force de répulsion (trop de beauté ou
d’amour)

tout s’assemble

***

morsure autour des réseaux nombreux

les plans se vident complètement

s’ils se taisent plus tard
ils entendent le lent retour des feux

la distance plonge
une arme contre la fatigue

de longs couloirs qu’on file
sous les muscles tendus

alors qu’ils rendent la cérmonie
dans la méditation des arcs