Refuges : quelles critiques sont valables?

Le véganisme signifie aider les animaux très concrètement. On sait que cela ne semble pas aller de soi pour beaucoup de personnes vegans, malheureusement, et qu’inversement beaucoup de gens travaillant dans les refuges ne vont pas jusqu’au véganisme.

Cette contradiction s’exprime très souvent dans les véritables « batailles » qui ont lieu autour des pratiques des refuges. La situation est tellement difficile qu’à certains moments, il y a des gens qui craquent, à tort ou à raison. Cela est valable tant pour les gens dans les refuges que pour les gens dénonçant d’éventuels manquements.

Le quotidien La dépêche raconte ici une affaire dans l’Aveyron, concernant le refuge d’Espalion :

David, un homme de 53 ans, comparaissait devant le tribunal, mercredi, pour avoir publié sur Facebook, le 7 novembre 2014, des menaces à l’encontre du directeur du refuge d’Espalion, employant les termes de «refuge boucherie», «usine à fric basée sur l’euthanasie», et menaçant : «Je me ferais un plaisir de vous gifler malgré votre grand âge».

à la barre, David, président d’une association qui gère des fourrières et des refuges, explique ainsi son acte : «J’avais proposé mes services gratuitement à la mairie d’Espalion. Ensuite, ce monsieur m’a appelé pour m’insulter. Si j’ai écrit cela, c’est parce que le bilan de ce refuge est suspect car il y a autant d’entrées que de sorties. Un taux de 100 % de placement d’animaux, ça n’existe dans aucun autre refuge».

Me Xavier Bacquet, pour la partie civile, défend : «Le prévenu se crée des films et attaque ceux qui agissent sur le terrain. Il n’a de la notoriété que sur Facebook. Il n’en est pas à son coup d’essai et il faut que ça cesse», avant de demander 15 000 € de dommages et intérêts pour la victime de diffamation.

Carole Gonzalez n’a pas souhaité requérir : «Je m’en remettrai à la décision du tribunal», lance le substitut du procureur.

Pour Me Alexandra Gosset, défenseur du prévenu, «David est un passionné habité par ses convictions et il n’a pas les moyens de payer 15 000 € de dommages et intérêts».

Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 16 décembre.

Tout cela est très triste et très dommageable. La question reste entière : dans quelle mesure critiquer un refuge est valable? Au-delà des bisbilles et des erreurs, à partir de quand commence une faute? Vu la situation, faut-il repousser au maximum une éventuelle critique et quelle est la ligne jaune?

C’est là une question qui ne peut être répondue qu’au cas par cas, mais qui trouverait bien des réponses si le véganisme était la règle. Un véganisme extrêmement strict et refusant toute promotion individuelle et tout profit matériel, bien entendu. Ce qui est bien difficile dans une société célébrant l’ego et la maximisation du profit…

Ce qui ferait avancer les choses, c’est bien sûr des groupes locaux, diffusant les informations et donnant des points de vue, permettant aux refuges d’avoir davantage de lisibilité, de s’insérer dans la société et de ne plus dépendre de l’abnégation d’une poignée de personnes.

C’est inéluctable, et c’est très difficile, et même parfois les gens des refuges appréhendent cela : ils ont peur d’avoir davantage d’animaux à s’occuper en étant encore plus connus, sans profiter d’une aide matérielle pour autant. Pessimisme et scepticisme sont bien souvent de rigueur et on peut bien entendu comprendre cela!

Il n’y a en tout cas pas de raisons de ne pas se confronter à cette réalité des refuges : il en va du soutien absolument nécessaire que l’on doit pratiquer, de la bataille pour que les animaux ne soient plus les victimes d’une humanité considérant que la morale et la Nature sont totalement secondaires, voire inutiles.