Nous avons bien fait de préciser depuis le départ que les violences anti-COP 21, ce serait n’importe quoi : nous n’aurions pas apprécié d’avoir à assumer l’arrestation, pour rien au final, de 170 personnes (sur les 1500-2000 présentes) place de la République à Paris, sans parler de l’utilisation lamentable de bougies et de pots de fleurs (comme projectiles anti-policiers) volés au petit mémorial pour les victimes des attentats islamistes…
De manière plus sérieuse, et malheureusement institutionnelle, la COP 21 a connu sa première journée. Ce qui est étrange ici, pour le coup, c’est que les négociations ont donc commencé hier… mais que la COP 21 n’ouvre officiellement ses portes qu’aujourd’hui, avec la venue des chefs d’État.
C’est vraiment très formel, mais il est vrai que les représentants des États risquent très gros et que pour eux il s’agit d’assurer au moins la communication. S’ils n’apparaissent pas comme efficaces, il y aura une révolte écologiste, ce qui peut sembler utopique vue de France.
Mais un pays comme la Chine, qui produit 28 % de CO2 dans le monde, subit de plein fouet les dégâts climatiques, la pollution, et le peuple commence sérieusement à gronder là-bas. C’est pareil en Inde : d’un côté, 300 millions de personnes n’ont pas encore l’électricité dans ce pays qui a l’arme nucléaire, de l’autre côté les menaces sont là, depuis la Mousson qui se voit modifier jusqu’à la fonte des glaciers.
Les effets se font déjà sentir et la prise de conscience de l’ampleur de la situation grandit. C’est une problématique mondiale et d’ailleurs il y a eu 2300 « marches pour le climat » qui ont eut lieu ce week-end, mobilisant 570 000 personnes dans une atmosphère « bon enfant ». Voici une photographie du Japon.
Le futur c’est inévitablement une unité mondiale sur ce sujet. Ségolène Royal n’a vraiment rien compris lorsqu’elle a dit hier que :
« L’histoire n’a jamais vu et ne reverra sans doute jamais un tel moment. »
Elle n’a rien compris, ce qui n’est guère étonnant. C’est le contraire qui va se dérouler à l’avenir : la COP 21 ne va pas réussir, mais la tendance est forcément aux décisions mondiales. Finie l’humanité fragmentée, divisée, s’opposant à la Nature… Ou bien finie l’humanité tout court. Le choix sera fait, malheureusement en catastrophe.
Cette difficulté de la division entre pays amène que le risque d’échec est vraiment dans l’air. D’où le fait que le moindre jour compte, d’où par conséquent l’ouverture in-officielle un jour avant. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et président de la COP 21, a d’ailleurs prévenu hier les responsables :
« Si on voulait s’en remettre au pseudo miracle de la dernière nuit, je crains que ce ne soit pas la bonne solution. »
Jusqu’à présent, en effet, les délais ont toujours été dépassés et c’est en catastrophe, en pleine nuit, que de pseudos accords ont été signés. C’est précisément ce qui doit être évité, alors qu’en plus le protocole de Paris est censé remplacer celui de Kyoto. C’est une nouvelle base générale qui est censée être formulée.
D’ailleurs, les négociations, en elle-même, n’ont pourtant pas duré longtemps hier, commençant à 17 heures, après une minute de silence en raison des attentats. Mais elles étaient interdites aux médias quand même, puisqu’on est là dans le noyau dur : l’ADP, c’est-à-dire le « Ad Hoc Working Group on the Durban Platform for Enhanced Action », la « plate-forme de Durban pour une action renforcée ».
Il s’agit de la structure négociatrice, la matrice de la COP 21, celle qui doit parvenir au plan établissant la réduction de l’émission des gaz à effet de serre à partir de 2020, pour que le réchauffement ne dépasse 2°C en 2100 par rapport à 1880.
Elle va devoir donc établir des chiffres, mais aussi organiser le moyen de contrôler que les pays respectent les chiffres… Trouver des financements pour cela, ainsi que pour soutenir les pays subissant de graves problèmes climatiques. Les jours à suivre s’annoncent rudes.
Finissons avec quelques images du groupe anglais Brandalism, qui a annoncé avoir modifié 600 panneaux publicitaires dans Paris.