COP 21 : le huitième jour

Nous voici depuis hier dans la seconde phase de la COP 21 : des ministres de 195 pays négocient autour du « brouillon » établi la première semaine. Le texte final est censé être voté vendredi, et donc avoir été terminé mercredi soir ou jeudi matin, pour que les traductions soient effectuées.

Bien peu d’informations ont circulé sur ce qui s’est passé hier, rappelons que tout a lieu à huis-clos. On peut cependant entrevoir quelques points, ici et là.

Par exemple, la ligne appelant à remplacer l’objectif de 2°C par 1,5°C a de plus en plus d’écho, de plus en plus de pays modifient leur ligne à ce sujet. On est pourtant libre de penser que c’est du pur opportunisme et que c’est fait en toute connaissance que la COP 21 n’exigera rien de contraignant pour en arriver là…

Parler de 1,5°C est tout à fait irréaliste, voire ouvertement absurde, si l’on regarde les propositions faites par les pays et données pour la COP 21 : la conséquence serait un réchauffement d’au moins entre 2,7 et 3,7°C en 2100, et en attendant, à court terme, une hausse d’entre 16 et 22% de l’émission de CO2 entre 2010 et 2030 !

On sent déjà venir le principe d’annoncer qu’il faut 1,5°C en disant que d’ici 2020 un plan contraignant va être établi et que celui-ci sera repoussé, etc.

Surtout qu’on sait qu’il y avait hier encore 567 expressions ou phrases entre crochets, contre 1035 au départ. Les supprimer et arriver à un accord va demander que rien de contraignant ne soit décidé, aucun chiffre imposé, etc.

On a également appris que le délégué d’Arabie Saoudite a refusé « toute discrimination des énergies fossiles vis-à-vis des autres énergies », ce qui souligne les contradictions. Cela en dit long sur les obstructions, avec comme nous le disions les pays pétroliers d’un côté, les BRICS de l’autre, la Chine ou les Etats-Unis qui ne veulent pas d’objectif trop bas, etc.

A cela s’ajoute qu’une question qui se pose est de savoir s’il faut établir un plan pour arriver à l’absence de production de CO2 à l’horizon 2060 – 2080. C’est ce qui devrait être au cœur de la question, mais dans un système de pays capitalistes, il est impossible de prévoir, donc impossible à organiser.

On ne sait d’ailleurs toujours pas comment trouver 100 milliards d’euros d’ici 2020, et encore moins ce qui va se passer après : y aura-t-il une hausse des contributions, qui paiera ?

Notons également au passage que la COP 21 a un grand absent : le pape François. Finalement, il n’est pas venu en « guest star » (comme l’aurait espéré Nicolas Hulot) et donc l’écologie n’est plus une actualité pour lui.

Cela aura été une opération de communication, rien de plus. Il y a deux jours, Radio Vatican fournissait d’ailleurs cette information :

« A l’issue de la prière de l’angélus, le Pape a évoqué une nouvelle fois la conférence mondiale sur le climat qui se poursuit à Paris, priant pour que les responsables qui s’y réunissent trouvent des solutions justes pour réduire l’impact des changements climatiques, et garantissent la protection de la dignité humaine.

François a cité un extrait de son encyclique Laudato Si’. Voici ses mots:

« Je suis avec une vive attention les travaux de la conférence mondiale sur le climat en cours à Paris, et me vient à l’esprit une question que j’avais formulée dans mon encyclique Laudato Si’: « Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent, aux enfants qui grandissent ? » (LS, 160).

Pour le bien de la maison commune, de nous tous et des générations futures, tout effort à Paris devrait être orienté pour atténuer les impacts des changements climatiques, et dans le même temps, pour contrer la pauvreté et faire fleurir la dignité humaine.

Prions pour que l’Esprit Saint illumine ceux qui sont amenés à prendre des décisions aussi importantes, et leur donne le courage de toujours prendre en compte le critère de choix du meilleur bien pour l’entière famille humaine ». »

Comme on le voit, seule la question humaine est ici mise en avant. La prétention catholique à parler de la Nature n’aura pas duré bien longtemps !