La COP 21, les forêts et les animaux

La COP 21 a été un événement d’une importance mondiale, aussi y a-t-il lieu de vraiment regarder la signification de chaque point en particulier. Pour commencer, regardons un point qui est essentiel à nos yeux : la situation des animaux.

Quel rapport avec les émissions de CO2 et le réchauffement climatique, demanderont certains. C’est précisément en cela qu’ils ont totalement tort, tout d’abord moralement, ensuite dans leur vision de la planète.

Ce qui compte déjà, en effet, à nos yeux, ce n’est pas simplement que les humains soient moraux et laissent les animaux tranquilles. Cela c’est très bien, mais c’est un point de vue limité, anthropocentriste, voire franchement individualiste. Être vegan pour soi-même, pour ne pas faire de mal, est quelque chose qui revient finalement à être au centre des préoccupations et non plus les animaux.

Ce qui compte vraiment, parce que nous aimons les animaux, c’est que les animaux puissent exister en tant que tel, sur une planète qui doit être bleue et verte.

Regardons justement ce qui relève de la couleur verte, avec les forêts.  Qu’en dit la COP 21?

On sait tous et toutes qu’il existe un phénomène important qui est la déforestation.Voici ce que dit le parlement européen à son sujet dans son rapport aux émissions de CO2 :

« Le rôle des forêts dans la lutte contre le changement climatique n’est plus à démontrer. Elles stockent le dioxyde de carbone. Cela va cependant au-delà : la déforestation provoque des rejets de CO2 à hauteur de 20 % des émissions mondiales. »

Soit, mais voyons les choses de manière plus concrète encore. Qu’est-ce que la déforestation ? C’est la destruction de la vie végétale et de la vie animale qui va avec.

Et que voit-on ? Que la COP 21 n’en parle pas. Or, on sait tous et toutes que le réchauffement climatique trouble la vie des animaux, tout comme des végétaux. Cela amène des déséquilibres, des perturbations, dont la figure la plus tristement célèbre est la situation de l’ours polaire.

Cela est donc également vrai pour les forêts, qui forment tout un équilibre, que le réchauffement climatique vient perturber. C’est un thème très complexe, qui devrait être étudié.

Ce qu’on voit pourtant est que c’est totalement oublié. L’accord de la COP 21 ne parle absolument jamais des animaux, ni de la vie sauvage, qui connaissent des situations de plus en plus terribles.

C’est là la première énorme faiblesse de la COP 21. Elle n’aborde pas la question de la vie sauvage. Les forêts sont considérés uniquement dans leur rapport au CO2.

Voici ce qu’on peut lire dans l’accord de la COP 21 au sujet des forêts :

« Reconnaît l’importance de ressources financières adéquates et prévisibles, y compris des paiements liés à des résultats, s’il y a lieu, aux fins de la mise en œuvre de démarches générales et d’incitations positives visant à réduire les émissions imputables au déboisement et à la dégradation des forêts, du rôle de la conservation et de la gestion durable des forêts et du renforcement des stocks de carbone forestiers, ainsi que d’autres modes d’action, tels que des démarches communes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale et durable des forêts »

« Les Parties devraient prendre des mesures pour conserver et, le cas échéant, renforcer les puits et réservoirs de gaz à effet de serre comme le prévoit l’alinéa d) du paragraphe 1 de l’article 4 de la Convention, notamment les forêts. »

« Les Parties sont invitées à prendre des mesures pour appliquer et étayer, notamment par des versements liés aux résultats, le cadre existant défini dans les directives et les décisions pertinentes déjà adoptées en vertu de la Convention pour : les démarches générales et les mesures d’incitation positive concernant les activités liées à la réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts, et le rôle de la conservation, de la gestion durable des forêts et de l’accroissement des stocks de carbone forestiers dans les pays en développement; et d’autres démarches générales, notamment des démarches conjointes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale et durable des forêts, tout en réaffirmant qu’il importe de promouvoir, selon qu’il convient, les avantages non liés au carbone associés à de telles démarches. »

Tout cela veut dire que les forêts n’existent que dans leur rapport au CO2 et jamais en tant que forêts. Les animaux ne sont jamais mentionnés dans l’accord de la COP 21, pas plus que la reconnaissance d’une valeur en soi à la vie végétale.

C’est là un problème essentiel, cela montre que la COP 21 est incapable de rompre avec la manière dominante de voir les choses, qui consiste à considérer la Nature comme une sorte de puissance se résumant à fournir des ressources dont on peut faire ce qu’on veut.

Certains diront alors : oui, mais la COP 21 ne s’intéresse qu’au réchauffement climatique, voire même en fait seulement au CO2. C’est déplacer la question que de raisonner en termes de forêts en tant que lieux de vie des animaux, voire en tant que vie végétale.

A quoi il y a une réponse toute simple qui peut être faite. Le fait que les forêts ne soient pas reconnues comme nous nous le faisons a une conséquence essentielle : elles n’apparaissent pas dans l’accord de la COP 21.

Il y a les passages que nous avons cités ici, mais il n’y  a aucun chiffre et aucune forêt du monde n’est mentionnée.

Quelle est la raison de cela, si ce n’est que la forêt est considérée abstraitement, de la même manière qu’un supermarché gère ses stocks ?

Le fait de ne pas parler des animaux et des végétaux anéantit la possibilité de parler des forêts en ce qu’elles sont des forêts, que ce soit en Amazonie, en Indonésie ou au Congo. Cela empêche de les protéger.

La COP 21 échoue déjà sur un plan essentiel : en ne reconnaissant pas les forêts, les animaux des forêts, elle ne comprend pas le sens réel de la déforestation et ne peut donc pas s’opposer aux émissions de CO2 qui en découlent.