Les végans et la COP 21 : un ratage

C’est l’un des aspects qui nous aura le plus frappé : il n’y a pas eu d’intérêt pour la COP 21 à s’être exprimé de la part des gens. Les médias en ont parlé, les ONG se sont beaucoup investis, mais par obligation, étant donné qu’être liés aux institutions est dans leur ADN.

Mais la passivité a été complète, notamment chez les jeunes. La COP 21 n’a absolument pas parlé chez eux, elle n’a signifié rien du tout. Chez certaines personnes, l’intérêt pour l’écologie s’est renforcé, mais c’est totalement individuel.

Il n’y a aucun mouvement de masse à s’être élancé sur la base d’une révolte contre ce qui se passe. C’est extrêmement grave et c’est quelque chose qu’on regrettera et paiera amèrement dans l’avenir.

En un certain sens, il s’est passé en France pour l’écologie ce qui s’est passé pour le véganisme : les idées ont été récupérées par les personnes ayant du savoir et des moyens financiers.

Il ne faut pas se voiler la face : le véganisme est devenu une sous-culture annexe aux hipsters et aux bobos et les couches populaires méprisent cette approche qui ne leur parle absolument pas, qui leur semble totalement étrangère.

Cette tendance était nette, mais encore pouvait-on penser qu’émerge un contre-courant, allant dans un sens alternatif : cela n’a pas été le cas. C’est au mieux la culture zadiste – éloge du terroir qui a avancé comme modèle faussement alternatif. La responsabilité des anarcho-antispécistes totalement folkloriques est ici importante d’ailleurs ; leur vidéo porno « la Terre déviante » a été un exemple tout à fait révélateur de leur approche nihiliste et contre-productive.

Il y a donc énormément de choses à penser après la COP 21, non seulement en raison de l’échec de celle-ci comme proposition historique pour freiner le réchauffement climatique, mais aussi de par l’échec des gens à se mobiliser en faveur de la planète.

Il semble vraiment que les personnes les plus âgées aient capitulées, que les gens de 40-50 ans ont conscience de la situation mais considèrent qu’ils ne peuvent plus vraiment se remettre en cause, que ceux de 25-35 ans préfèrent vivre leur vie, alors que les plus jeunes sont en dehors de toute culture de la responsabilité et de l’engagement.

Le véganisme va subir d’ailleurs un contre-coup terrible de la COP 21. Les vegans ont été inexistants, d’un silence complet. C’était pourtant l’occasion ou jamais de proposer une utopie, mais comme le véganisme est porté surtout sur un mode individualiste, de « témoignage », de réformes à la L214 c’est-à-dire sur 250 années au mieux, rien n’a pu émerger.

Les vegans ont fait comme si la question du véganisme était imperméable à la société, en dehors de la réalité. Comme si la COP 21 n’avait pas eu lieu, comme si le réchauffement climatique n’avait pas eu lieu…

Sauf que le véganisme a tout à voir avec l’écologie, car l’écologie authentique, radicale, c’est la défense de la Nature, et les animaux c’est la Nature aussi ! En résumant le véganisme à une posture individuelle de « refus », en se limitant aux élevages, les vegans français ont montré qu’ils rataient la dimension réelle de la lutte.

On ne peut pas rater une dynamique comme la COP 21 impunément. La portée historique de la COP 21, ou de ce qu’elle aurait dû être, ne peut pas être niée ou considérée comme une sorte de fait divers.

Quant au fait d’apprécier comme incroyable les avancées du véganisme en France, c’est se voiler la face sur le fait que c’était inéluctable et que cela se déroule avec des années voire des décennies de retard sur les autres pays d’Europe équivalents comme l’Angleterre ou l’Allemagne.

Tout cela montre à quel point tout reste à faire pour un véganisme démocratique, porté par la population et non pas par une minorité infirme et urbaine, faisant du véganisme une tendance semi-fashion semi-bobo, avec un zeste de témoignage chrétien et un autre de misanthropie.

Quand on voit un vrai torchon bourgeois bohème comme Libération faire un éditorial pour dénoncer le foie gras ainsi que le spécisme, et appeler le gouvernement et à avoir la « décence de se pencher sérieusement sur les questions de l’élevage, du végétarisme et du statut des animaux », on croit rêver : c’est du grand bourgeois grand guignol.

Le véganisme est en train d’être happé par les institutions, d’être transformé en sous-culture de bobos, afin d’être neutralisé : voilà ce que révèle « l’oubli » par les vegan de la COP 21 comme problématique mondiale pour les animaux.

Aux personnes conscientes de cela de faire en sorte de préserver les fondamentaux et d’aller dans une autre direction !