Décès de Jean-Marie Pelt

Les médias ont très largement repris l’annonce du décès de Jean-Marie Pelt, qui a notamment publié de nombreux livres dédiés à l’écologie, écologie dont il est présenté comme un « pionnier ».

Najat Vallaud Belkacem, ministre de l’éducation a tweeté le message suivant:

Hommage à Jean-Marie Pelt, biologiste, botaniste et défenseur de notre environnement qui avait su transmettre ses passions au grand public.

EELV – qui entend par ailleurs bientôt changer de nom pour masquer son effondrement – a publié un message court et simple :

Europe Ecologie – Les Verts adresse ses condoléances à la famille du professeur Jean-Marie Pelt et rend hommage à l’oeuvre de ce botaniste passionné qui a tant apporté à l’écologie.

Fondateur de l’Institut européen d’écologie, opposant aux OGM et co-fondateur du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN), défenseur d’une agriculture biologique sans pesticide mais aussi élu local passionné par l’écologie urbaine, son engagement pour l’environnement en faisait une figure incontournable de l’écologie.

Le journal orienté business Les échos titre de son côté son très court article :

Décès : DE JEAN-MARIE PELT, PRECURSEUR DE L’ECOLOGIE

En réalité, Jean-Marie Pelt était un catho-écolo, dans un tradition datant des années 1930-1940. Ce n’est pas pour rien que la ville de Metz a confié à l’Institut qu’il a créé un cloître franciscain en plein centre-ville, au sommet de la colline Sainte-Croix…

C’était un décroissant, un zadiste en quelque sorte et c’est le journal La Croix qui présente le mieux ce qu’il a été et représenté.

Accueillant et chaleureux, scientifiquement cultivé et animé par la foi, Jean-Marie Pelt s’en est allé dans la nuit du 22 au 23 décembre 2015, d’un infarctus.

Bien connu des Français au travers de plus d’une cinquantaine de livres de vulgarisation de sciences naturelles (Consommer moins, consommer mieux, Jean-Maris Pelt, Serge Papin et Céline Rouden, édition Bayard-Autrement 2009), grâce à ses interventions à la télévision ou la radio, c’est un des pionniers français de l’écologie qui disparaît au lendemain de la tenue de la COP 21 à Paris.

EXPLORATEUR EN AFRIQUE, AU VIETNAM, AU BRÉSIL ET EN AFGHANISTAN

Issu d’une famille modeste installée en Lorraine [mais petit neveu de l’évêque de Metz, tout de même], Jean-Marie Pelt fit des études de botanique et de pharmacie avant d’entreprendre de grandes explorations en Afrique, au Vietnam, au Brésil et en Afghanistan où il contribua à isoler une substance antibactérienne contre la lèpre.

De 1956 à 1963, il collabore puis devient secrétaire de Robert Schuman (MRP), l’un des « pères de l’Europe » : une rencontre qui marquera beaucoup le pharmacien tant du point de vue politique que spirituel.

Il est nommé professeur à l’université de Nancy en 1967 puis est élu à la municipalité de Metz sur la liste de Jean-Marie Rausch (divers droite). Il crée l’Institut européen d’écologie – une association loi 1901 – dans l’ancien couvent des Récollets datant du XIVe  siècle en 1971.

Conscient de cette nouvelle charge, il s’attache alors à promouvoir l’écologie urbaine, en verdissant la ville et en maintenant des logements à dimension humaine.

UN « ÉCOLOGISTE » UN PEU PARTICULIER

Convaincu avant bien d’autres de l’existence du réchauffement climatique, il fut ragaillardi par le Grenelle de l’environnement de 2007 où, « pour la première fois », il vit des hommes et des femmes que tout séparait se mettre autour d’une table.

Jean-Marie Pelt restait quant à lui un « écologiste » un peu particulier. Un homme de discussion et de synthèse capable de défendre la nature, de promouvoir une agriculture si possible biologique – a minima avec moins de pesticides – et de soutenir les énergies renouvelables plutôt que l’énergie nucléaire.

Une attitude qui ne l’empêchait pas d’être favorable à « certains » OGM, « à condition qu’ils ne nuisent ni à la santé ni à l’environnement et que les agrochimistes n’en profitent pas pour déposer des brevets sur le vivant ».

JEAN-MARIE PELT SE VOULAIT À LA FOIS CONTEMPLATIF, LANCEUR D’ALERTE ET PORTEUR D’ESPÉRANCE

Célibataire, il n’hésite pas à prendre son bâton de pèlerin pour donner des conférences dans toute la France et, même, semer des « graines écologiques » auprès de certaines grandes entreprises de l’environnement qui s’intéressent à l’écologie industrielle et à la valorisation des déchets.

Doté d’une vision globale du monde, oscillant entre un « pessimisme joyeux et méthodique », il se voulait à la fois contemplatif, lanceur d’alerte et porteur d’espérance : « Tous les êtres vivants, du plus petit au plus grand, sont soumis à des lois naturelles, universelles. Y compris l’homme qui, par son arrogance, voudrait bien prendre la direction des opérations, maîtriser la nature, se croire Dieu », confiait-il à La Croix en 2009.

C’était « un arbre », disait de lui le journaliste Denis Cheissoux, animateur de « CO2 Mon Amour » sur France Inter. Un « arbre » qui voyait loin devant et restait bien enraciné en terre.

« Enraciné en terroir » : on voit bien ici comment l’éloge réactionnaire du terroir progresse toujours davantage et comment les catholiques basculent de plus en plus là-dedans…