« Forward to Eden » – « en avant vers l’Eden » – est en pratique l’un des slogans principaux du mouvement hardline. En archive voici une petite brochure au format pdf ayant ce titre et consistant en une petite présentation des valeurs de ce mouvement de la fin des années 1980 et du début des années 1990.
Le sous-titre est d’ailleurs « Un guide aux poins de vue hardline ». Il suffit de cliquer sur l’image pour avoir le PDF.
Résumons cela ici brièvement, car en anglais ce n’est pas du tout forcément évident à comprendre.
La brochure se veut une tentative de « redresser » le cours des choses alors que le mouvement a du succès mais que ses partisans ne sont pas nécessairement formés comme il se doit.
S’ensuit des paragraphes expliquant alors ce qui est considéré comme correct. Tout d’abord, le but du mouvement est « la bataille avec les forces du mal qui sont en train de détruire la Terre (et toute vie sur elle) ».
La civilisation actuelle amènerait une régression et il faudrait, par conséquent, des comportements cohérents, « purs », pour s’interposer. Avant de combattre pour la Nature, les activistes doivent se purifier des comportements destructeurs.
On ne peut donc pas lutter pour une seule cause de manière isolée, il faut prendre toute la bataille comme un ensemble.
Etant dans le contexte américain à la base, le mouvement hardline rejette donc « la société moderne qui a été construite sur le génocide, l’esclavage, et l’éco-terrorisme et perpétue le racisme, le sexisme et le spécisme ».
Le mouvement hardline est ainsi totalement coupé des traditions historiques de la gauche européenne, du mouvement ouvrier, etc. Être hardline apparaît comme une rupture, en fait, avec absolument tout ce qui est apparu dans « la culture occidentale dominante ».
C’est bien sûr cela qui a fait que le mouvement est partie en roue libre, perdant sa consistance en cherchant à tout prix quelque chose à quoi se raccrocher, ce qui fut alors la religion islamique idéalisée.
Il est intéressant de voir qu’il y a un long paragraphe pour dénoncer le patriarcat, et en même temps un autre pour rejeter l’avortement, au nom du fait que « le fœtus n’est pas un parasite ni une tumeur ».
C’est cohérent dans la mesure où le véganisme du mouvement hardline se veut pour un véganisme complet.
Le problème ici est que cela bascula dans l’idéalisme de la pureté entière comme objectif principal, même au-delà du véganisme lui-même en fait. C’est une dérive qu’on peut appeler de sectaire et c’est cela qui a fait que le mouvement s’est effondré, même si à ce moment là encore dans la brochure, tous les prophètes de toutes les cultures et périodes de l’histoire sont considérés comme ayant apporté des éléments de vérité.
Toutefois, il est frappant de voir que le mouvement hardline appelle à refuser « les aliments chimiquement raffinés et industriels comme la farine blanche et le riz raffiné, les sucres raffinés et les fructoses, toutes les couleurs artificielles et les goûts artificiels, et tous les agents conservateurs faits par l’humanité ».
Il y a là quelque chose de formidable, parce qu’aujourd’hui on voit bien le problème de l’alimentation industrielle. Or, là ce fut dit il y a plus de vingt ans…