Le même jour que la demande d’interdiction du gavage des oies : celle du soutien aux éleveurs

Nous avions parlé hier de la visite de Pamela Anderson à la conférence de presse de Laurence Abeille, une député EELV, à l’assemblée nationale, demandant une loi contre le gavage des oies.

Parlons maintenant de cet autre événement parlementaire qui s’est déroulé le même jour, soit avant-hier. En effet, nous sommes en France, pays de tout et son contraire.

En l’occurrence, le même jour donc, une député demandait que soient soutenus les éleveurs gavant les oies, en raison d’une influenza aviaire. Cette grippe aviaire a amené un gel de la « production » et fait qu’il y aura une chute d’un tiers de la production de « foie gras » dans le sud-ouest cette année.

Le Figaro présente la chose ainsi :

Si les pouvoirs publics décident de mettre en place un vide sanitaire de quatre semaines, «la perte de production sera de 9,5 millions de canards dans les 18 départements concernés», qui en comptent au total 28,5 millions, a détaillé M. Barrailh, président du Comité Interprofessionnel des Palmipèdes à Foie Gras (Cifog) et administrateur de la coopérative Euralis.

Ces 18 départements représentent 80% de la production de foie gras en France, où l’on recense au total 36 millions de canards, selon le Cifog.

«Les premières estimations font état d’un trou de production de 30 à 50% suivant les zones», a indiqué de son côté Dominique Duprat, directeur général adjoint de Delpeyrat, l’un des principaux producteurs de foie gras (13% du marché).

Or, cette député qui est allée soutenir les éleveurs est elle-même EELV! Il s’agit de Brigitte Allain, qui a été une importante dirigeante de la Confédération Paysanne !

Voici sa demande au gouvernement, effectuée le même jour que la demande d’une autre député EELV que le gavage soit aboli (mais non le « foie gras ») :

QAG Influenza aviaire 19012016 par BrigitteAllain

Question au Gouvernement – Brigitte Allain Le 19 janvier 2016

Ma question s’adresse au Ministre de l’agriculture.
Je m’interroge sur les dispositions prises pour enrayer la maladie dite Influenza aviaire.
Certes, elles permettront peut-être à la France de relancer ses exportations de volailles mais la voix des producteurs fermiers a-t-elle été entendue ?

J’ai reçu hier, à Bergerac, des éleveurs fermiers qui commercialisent en circuit court.
Certains d’entre eux pratiquent l’accueil à la ferme et fournissent les bonnes tables.
D’ores et déjà, ils savent que ces mesures représentent la perte d’une année de production pour les oies, six mois pour les canards.
Ces fermes emploient de nombreux salariés à temps plein, grâce à la transformation et à la vente directe.

Sur les conséquences économiques :
Les inquiétudes des éleveurs sont d’autant plus fondées que leurs trésoreries sont déjà très fragilisées par une filière longue imposant des prix de plus en plus bas.
De quoi vont-ils vivre ?
Les indemnités couvriront-elles la totalité du manque à gagner ?

Les éleveurs admettent la nécessité de plans de luttes efficaces :
Leur métier leur a appris que l’équilibre sanitaire dans les élevages est une affaire subtile.
Ils plaident pour des dispositifs raisonnables adaptés pour les élevages et des accouveurs fermiers.
Aussi, je vous demande : quels éléments scientifiques attestent qu’un tel vide sanitaire permettrait d’éradiquer durablement la maladie ?

Leur crainte, que je partage, est que ces mesures permettent de blanchir les filières industrielles, dont on sait que les multiples transports entre naisseurs, éleveurs, gaveurs et autres fournisseurs d’aliments, ne sont pas sans risque sanitaires.
Les paysans du Périgord et du Sud-ouest, qui ont le soucis du bien-être animal et de la qualité de leurs produits, créent des emplois, de la valeur ajoutée sur leur territoire rural, risquent d’être sacrifiés.

On nage en pleine schizophrénie, mais ce n’est guère étonnant. Il n’y a aucune culture de fond, tout est effectué de manière idéaliste. On a deux députés EELV qui, le même jour, disent plus ou moins le contraire, ce qui montre bien l’incohérence totale d’EELV.

Il n’y a aucune ligne de conduite, aucune réflexion sur rien, on a en même temps une député voulant interdire le gavage et une autre disant que les éleveurs concernés ont le « souci du bien-être animal »!

On notera, pour finir, la défense par François de Rugy de cette même ligne écolo-facho de défense du terroir. Là pour le coup cela saute aux yeux de manière assez claire.

Cet éloge du petit producteur est ignoble, c’est du pétainisme modernisé, c’est en contradiction avec ce dont on a besoin : d’une humanité entièrement unifiée, pratiquant le véganisme en défendant la Nature, sur une planète verte et bleue !