Le WWF a publié un rapport au sujet de la mer Méditerranée, intitulé « Croissance bleue : La Méditerranée face au défi du bon état écologique », dont la longue synthèse est disponible au format PDF ici.
Ce qui est constaté est en quelque sorte résumé par le WWF de la manière suivante :
« Tous les secteurs traditionnels de l’économie maritime tels que le transport, le tourisme, l’aquaculture ou bien d’autres, se développent de manière exponentielle et devraient poursuivre leur croissance au cours des 20 prochaines années, à l’exception de la pêche professionnelle.
Cette évolution crée une compétition grandissante entre secteurs pour une superficie et des ressources marines limitées. Il en résulte de nouveaux impacts sur des écosystèmes déjà sous pression. Le bassin méditerranéen ne peut plus attendre ! Il est désormais urgent d’élaborer une planification intégrée de l’économie maritime sur le long terme. »
Voici par exemple quelques données concernant le gaz et le pétrole :
« Les contrats d’exploration couvrent ainsi actuellement pas moins de 23 % de la surface de la Méditerranée, pourcentage auquel s’ajoutent les zones ouvertes par les gouvernements à l’exploration et l’exploitation potentielles d’hydrocarbures (zones ouvertes) ou donnant lieu au lancement d’appels d’offres (blocs en cours d’adjudication), qui représentent 21 % de sa superficie).
La production pétrolière en mer pourrait progresser de 60 % entre 2010 et 2020 dans la région méditerranéenne, passant de 0,7 Mbj à 1,12 Mbj.
La production gazière en mer, elle, pourrait être multipliée par cinq entre 2010 et 2030, passant de 55 Mtep/an à 250 Mtep/an à l’échelle de la Méditerranée. »
L’exploitation animale est également en expansion. Rappelons que le WWF n’y est pas du tout opposé, appelant seulement à une exploitation animale « durable ». Voici ce qui est expliqué pour l’aquaculture, un phénomène grandissant à grande vitesse, qu’on sous-estime malheureusement alors que c’est quelque chose de très important à saisir et à combattre :
« Depuis la décennie 1970, le secteur aquacole se développe vigoureusement dans les pays bordant la Méditerranée, avec un taux de croissance de 70 % entre 1997 et 2007.
Sa croissance devrait se poursuivre, dans un contexte marqué par le déclin des stocks sauvages et la progression de la demande de produits de la mer pour la consommation humaine. Selon les prévisions, les pays méditerranéens dont l’aquaculture est encore peu développée vont exploiter leur potentiel de croissance dans les années qui viennent.
Dans les pays où l’activité est déjà bien implantée, comme les États membres de l’UE, son essor va s’appuyer sur des techniques de production respectueuses de l’environnement.
Résultat, l’aquaculture méditerranéenne pourrait plus que doubler de taille d’ici 2030 en termes de production et de valeur. Bien que ce mouvement soit appelé à créer de nouveaux emplois, il ne sera toutefois pas sans défis pour l’environnement. (…)
L’aquaculture pèse dorénavant pour plus de 50 % de la production halieutique en région méditerranéenne. Sur le total, les deux tiers de la production aquacole proviennent de la pisciculture (dont l’élevage du thon rouge), tandis que la conchyliculture (élevage de mollusques) en représente un tiers.
La production aquacole en eaux marines et saumâtres s’élève à 1,2 million de tonnes par an, soit 3 % de la production mondiale réalisée dans ces milieux, et près de 75 % de la production aquacole totale de la Méditerranée (qui inclut la production en eaux douces).
Si, traditionnellement, l’aquaculture méditerranéenne s’est spécialisée dans la conchyliculture, qui comptait pour 62 % de la production totale en 1992, la part de la pisciculture s’est nettement accrue depuis, passant de 37 % à cette date à 53 % en 2001.
La production aquacole de la région méditerranéenne est concentrée à 95 % dans six pays : Égypte, Grèce, Italie, Espagne, France et Turquie. (…)
Durant les 40 dernières années, le taux de croissance annuel du secteur aquacole a systématiquement dépassé 8 %, en faisant passer la production de 540 000 tonnes en 1990 à 1 400 000 tonnes à 2010. »
Voici ce que le WWF constate au sujet de la pêche :
« La mer Méditerranée se caractérise par la richesse de sa biodiversité et l’absence de grandes pêcheries abritant une seule et même espèce, le thon rouge étant une exception. Aujourd’hui, sur les 73 000 navires de pêche y exerçant leur activité, les petits navires artisanaux sont de loin majoritaires, puisqu’ils représentent 80 % de l’ensemble des navires. (…)
À la fin du siècle dernier, les pressions halieutiques se sont fortement accentuées dans la mer Méditerranée, conséquence du passage d’une activité essentiellement artisanale et côtière à une exploitation intensive.
Depuis les années 1990, la région enregistre un déclin des prises sous l’effet de la surexploitation des stocks, alors que la demande de produits de la mer évolue en sens inverse. »
Comme on le voit, l’aquaculture prend, en mer Méditerranée, la place de la pêche. La pêche artisanale relevant du pillage cède le pas à une industrie hyper développée digne des usines… Le petit capitalisme a abouti au grand et asservit l’océan.