Quand on achète du sel, on tombe souvent sur la marqué Cérébos, à l’étrange logo : on y voit un jeune garçon tentant de verser du sel sur la queue d’un oiseau.
C’est toujours une image très désagréable à voir, on ne peut que repenser à comment les enfants, mal éduqués (ou aucunement éduqués dans leur rapport à la Nature), ne cessent d’importuner les oiseaux, sous le regard attendri des parents qui sont incapables de remarquer la dimension barbare, dénaturée de la chose.
Voici l’explication, quelque peu dythirambique, de la marque elle-même.
Au début des années 60, Cérébos abandonne son emblème historique, l’épi de blé, trop éloigné du produit « sel » et se cherche une identité plus forte. C’est l’avènement d’un garnement au foulard rouge, courant après un oiseau pour l’attraper en lui versant du sel sur la queue, selon l’expression populaire.
Un bel hommage au fils de l’inventeur, un signe de vitalité complice pour une marque où la tradition et l’authenticité le disputent au dynamisme. 2011 voit l’arrivée d’un nouveau logo qui rend contemporain quelque chose d’ancien et fait qu’une marque patrimoniale devienne intemporelle.
La pureté est signifiée par le saut graphique qualitatif et le contenu émotionnel du petit garçon, qui de garnement devient ce petit garçon émouvant courant après son oiseau-étoile.
Le traité du petit garçon, en ombre dans un halo de lumière, lui confère à la fois la valeur de légende et de pureté, donc d’éternité. Le fait d’avoir travaillé le personnage en silhouette permet à chaque consommateur de se projeter dans l’enfant qu’il a ou qu’il a été.
UN PARFUM D’ÉTERNITÉ
Le sel Cérébos est entré de fait au Panthéon des grandes marques historiques, de celles qui contiennent un bout de notre enfance, de nos souvenirs, et qui constituent notre patrimoine. De celles qui font tellement partie de notre quotidien qu’on en oublie leur âge et qu’on ne s’étonne pas de les voir innover.
Et si nous étions tous des enfants de Cérébos ?
A quelle expression populaire est-il ici fait allusion? On ne voit pas trop le rapport avec le texte accompagnant d’ailleurs le logo de Cérébos :
Il était une fois… un petit garçon malade qui refusait de prendre son remède, trop fade. Un oiseau, recueilli par l’enfant, alla chercher le sel le plus pur et le déposa dans le remède, permettant à l’enfant de guérir. Ainsi naquit une longue amitié entre l’enfant et l’oiseau.
La solution est la suivante, expliquée par le blog Rêves de jour :
Non ce n’est pas une tentative désespérée de Cérébos pour faire augmenter la vente de sel.
Cérébos n’a en effet que repris une idée déjà bien ancienne puisque la première allusion à cette curieuse technique de chasse date des contes de Mother Goose (soit environ 1916) .A l’origine, ces contes sont des traductions [en anglais] des célèbres Contes de ma mère l’Oye de Charles Perrault, auquels ont été ajoutées quelques comptines dont l’une d’elle a pour héros un idiot nommé Simon.
Simple Simon met a pieman, (Simon le simplet rencontre un pâtissier)
Going to the fair; (Allant à la foire)
Says Simple Simon to the pieman, (Simon le simplet dit au pâtissier)
« Let me taste your ware. » ( » Laisse moi goûter ta marchandise »)Says the pieman to Simple Simon, (Le patissier dit à Pierre le simplet)
« Show me first your penny, » (Montre moi d’abord ta pièce)
Says Simple Simon to the pieman, (Simon le simplet dit au pâtissier)
« Indeed, I have not any. » (En fait je n’en ai pas)Simple Simon went a-fishing (Simon le simplet alla pêcher)
For to catch a whale; (pour attraper une baleine)
All the water he could find (mais la seule eau qu’il put trouver)
Was in his mother’s pail! (était dans le seau de sa mère !Simple Simon went to look (Simon le simplet alla regarder)
If plums grew on a thistle; (Si les prunes poussaient sur les chardons)
He pricked his fingers very much, (Il se piqua le doigt très fort)
Which made poor Simon whistle. (ce qui fit crier le pauvre Simon )He went to catch a dicky bird, (Il alla attraper un gros oiseau)
And thought he could not fail, (et pensait ne pas pouvoir échouer)
Because he had a little salt, (puisqu’il avait un peu de sel)
To put upon its tail. (à poser sur sa queue)He went for water with a sieve, (Il alla chercher de l’eau avec une passoire)
But soon it ran all through; (mais vite elle s’échappa à travers)
And now poor Simple Simon (Et maintenant pauvre Simon le simplet)
Bids you all adieu. ( nous te disons adieu)( la traduction est de moi donc bon elle vaut ce qu’elle vaut, mais au moins c’est compréhensible ^^ )
La morale s’il en faut une est que s’il on est assez prêt pour mettre du sel sur la queue d’un oiseau on l’est aussi pour l’attraper, d’où l’inutilité totale de cette technique.
Il semblerait qu’il s’agisse d’une expression anglaise plus ancienne encore pour désigner des complications inutiles.
Quel rapport avec le sel et pourquoi Cérébos a-t-il choisi ce logo, mystère. Il est vrai qu’il donne une impression de mouvement et qu’il a le mérite de tenter une liaison de l’humanité avec la Nature, mais on a là davantage un contre-exemple qu’autre chose!