L’église Sainte Rita, des « messes pour animaux » aux fachos

Nous avions déjà parlé des « messes pour animaux » organisées par l’église Sainte-Rita, à Paris. Cette église, qui dépendait de l’église gallicane (une sorte de catholicisme romain « francisé ») tout en appartenant à l’Église catholique, subissait un processus d’expulsion afin d’être détruite, provoquant  beaucoup de protestations.

Rappelons que ce type de messe est en contradiction formelle avec la religion catholique (comme toutes les religions monothéistes d’ailleurs), puisque les animaux n’ont pas d' »âme ». C’est là de la démagogie typiquement catholique.

L’absence de fond réel à cet engagement se voit désormais clairement. A partir de 2015, dans le cadre des protestations, l’église s’est vue mise dans les mains d’une « association paroissiale catholique » dirigée par Guillaume de Tanoüarn, un fervent traditionaliste… En clair, tout un bataillon d’extrême-droite s’est mis à la tête de la défense de l’église construite en 1900 et en ont pris le contrôle…

Le site Streetpress a accordé un article à ce sujet, dont voici quelques passages :

Cela fait 2 ans que l’église Sainte Rita est menacée de destruction. Mais depuis octobre, les paroissiens ont laissé place à la crème de l’extrême droite parisienne. L’église squattée accueille catho’ tradis, islamophobes et « dissidents ».

Paris 15e, rue François-Bonvin – Pour entrer dans l’église Sainte Rita, mitoyenne aux bureaux de l’Unesco, il faut passer par une porte de chantier gardée par 2 hommes. L’un d’eux, le visage caché par un masque de V pour Vendetta, tend une pétition contre la démolition de cet édifice religieux néo-gothique.

Bohrt Mignolet, le vigile improvisé à l’accent belge prononcé, fait partie des « irréductibles » du Mouvement du 14 juillet. Dans la nuit du 5 au 6 octobre, une poignée de militants de ce collectif débarque pour « libérer » l’église promise à la démolition. Ils glissent une échelle au-dessus de la palissade et se faufilent par la fenêtre du 1er.

Ils s’ajoutent à la longue liste des défenseurs de l’église, connue par le passé pour ses bénédictions d’animaux. Ainsi, ex-mégrétiste, fondateurs de Riposte laïque, animateurs de Radio Courtoisie, « soralien » ou cathos tradis, se mobilisent au gré des opportunités pour sauver l’édifice. 2 ans déjà que l’église doit être détruite pour laisser place (link is external) à un parking et des logements sociaux.

Dans le presbytère, une quinzaine de personnes se revendiquant du mouvement « putschiste » vaquent, un spliff à la main. « Ici, c’est plus ou moins une Zone à défendre (ZAD), une ZAD à mi-temps », explique David Pastor, santiags et cheveux longs. (…)

Pull couleur crème, regard perçant, Stoquer se définit d’abord comme un défenseur du patrimoine. Il n’en est pas à son premier combat : Engagé pour la défense de la nécropole des rois de France à Saint-Denis -93) mais aussi contre l’installation du Starbucks Café, place du Tertre à Montmartre, en 2013. Une action soutenue, à l’époque, par le Bloc identitaire.

Nicolas Stoquer n’est pas qu’un simple protecteur des vieilles pierres. C’est aussi un fervent catholique – il le revendique lui-même – proche des courants traditionalistes. Le 15 novembre, c’est sur son invitation que l’abbé Guillaume de Tanouärn, ancien de la fraternité tradi’ Saint-Pie-X de Mrg Lefebvre, donnait à Sainte Rita une messe en hommage aux victimes des attentats.

Le nouveau boss de la rue François Bonvin ne cache pas non plus ses engagements politiques à la droite de la droite. Stoquer est en effet secrétaire général du Rassemblement, un micro-parti souverainiste. Un lundi sur 4, il anime avec son pote Alain Bournazel une émission sur Radio Courtoisie. Au micro du « Libre journal de l’indépendance » défile la hype de la droite réactionnaire. Béatrice Bourges, du Printemps français, et l’ex-député homophobe Christian Vanneste y sont passés le mois dernier.

Mgr Dominique Philippe, l’archevêque de l’église catholique gallicane qui officiait à Sainte Rita depuis 1987, confirme le background politique de l’assos de défense de l’église.

Dans un café près de Nation, ce grand bonhomme, soupçonné par ses détracteurs d’avoir quitté les lieux en mars avec toute la déco intérieure de la paroisse – « ses biens à lui », jure-t-il, se souvient de l’entrée en piste de Stoquer et Bournazel lors des vœux aux paroissiens de janvier 2014. Ils auraient été invités par un paroissien, François Lusinchi, fidèle de l’église de la rue François-Bonvin depuis une vingtaine d’années. Ce dernier nie en bloc. Cet ancien militaire de carrière, président des « Arches de Sainte Rita », a pourtant lui aussi un passé politique chargé : ancien mégrétiste, il a été candidat aux législatives de 2007 (link is external) dans le 9e circo du Val-d’Oise à Gonesse pour le MNR, avant de passer chez Les Républicains pour les municipales à Fosses (95) en 2014.