Malgré les pertes d’Areva, le parc nucléaire se voit prolongé

La question du nucléaire s’est posée deux fois ces derniers jours. Tout d’abord, Areva a dû être mis à l’écart de la bourse une journée pour son retard à exposer ses pertes colossales ; ensuite, il a été annoncé que les centrales nucléaires verraient se prolonger leur existence (bien que cette annonce soit virtuelle, sans précisions techniques réelles ni analyse officielle).

Voici les deux communiqués de Sortir du nucléaire.

Les contribuables n’ont pas à payer pour sauver une industrie nucléaire en faillite !

Alors que le « fleuron » de l’industrie française accuse une perte de 2 milliards d’euros, les Français ne devraient pas avoir à payer le sauvetage d’une filière sans avenir.

Le krach d’Areva : une affaire d’État

Longtemps présenté comme un des fleurons de l’industrie française, Areva accuse aujourd’hui une perte de 2 milliards d’euros et paie la folie de l’EPR d’Olkiluoto et ses investissements désastreux dans Uramin. L’État, actionnaire majoritaire d’Areva, a une responsabilité importante dans cette situation désastreuse pour avoir laissé Areva commettre des erreurs stratégiques monumentales et, plus encore, fermé les yeux sur le scandale Uramin, les soupçons de corruption de dirigeants et les possibles délits d’initiés.

Des impacts inévitables sur la sûreté et les travailleurs

Alors qu’Areva ne compte pas restreindre ses activités et prévoit un plan social qui toucherait 6000 postes, le plan d’économie prévu aura inévitablement des répercussions sur la sûreté, avec un recours accru à la sous-traitance pour diminuer les coûts, une maintenance rognée et une pression supplémentaire sur les travailleurs.
Un scandale payé par les contribuables

Alors qu’une recapitalisation d’un montant de 5 milliards d’euros est prévue, ce seront finalement les contribuables – à qui le nucléaire a été imposé – qui supporteront le poids du « sauvetage » d’Areva. En période d’austérité économique, alors que de nombreux budgets subissent des coupes drastiques, il est immoral que l’argent public continue de couler à flot pour renflouer une entreprise soupçonnée de malversations.

Lourdement endettée, Areva ne pourra de surcroît pas faire face à ses charges de démantèlement et de gestion des déchets. En vertu d’une récente ordonnance, qui prévoit la solidarité des actionnaires majoritaires en cas de défaillance de l’exploitant, l’État, et donc les contribuables devront à nouveau mettre la main à la poche.
Pas d’acharnement thérapeutique pour une filière en faillite !

C’est la filière nucléaire française dans son ensemble qui est en faillite. Alors qu’EDF est déjà endettée à hauteur de 37,5 milliards d’euros et plombée par les coûts à venir du « grand carénage » (100 milliards selon la Cour des comptes), exiger qu’elle rachète une partie des activités d’Areva n’a aucun sens.

Les restructurations prévues et recapitalisations annoncées ne sont que des manœuvres vaines pour laisser penser qu’un sauvetage de la filière est possible.

Le nucléaire est un tonneau des Danaïdes ! L’État doit arrêter d’engloutir des milliards dans cet impossible sauvetage d’une industrie dangereuse, polluante et dépassée.

Pour empêcher la catastrophe industrielle, la seule solution est d’arrêter les frais en engageant dès maintenant une sortie du nucléaire et une reconversion vers une authentique transition énergétique.

En particulier, c’est le moment ou jamais de mettre fin au retraitement des déchets à La Hague et à la fabrication de combustible MOX, opérations chères, polluantes et inutiles ; d’autant que les installations se dégradent plus rapidement que prévu.

Voici le second communiqué :

Prolongation de la durée de fonctionnement des centrales nucléaires : Ségolène Royal sacrifie la protection des citoyens aux intérêts d’EDF

Le Réseau « Sortir du nucléaire » exprime sa plus vive indignation face à la capitulation de Ségolène Royal, qui vient de céder à EDF et d’accepter de porter la durée de fonctionnement des centrales françaises à 50 ans.

Cette décision constitue un reniement total de la loi de transition énergétique, qui prévoyait une baisse à 50% de la part du nucléaire.

Il s’agit surtout d’un déni effrayant des problèmes de sûreté qui touchent le parc nucléaire français. Les deux tiers des réacteurs ont déjà dépassé la durée de fonctionnement de 30 ans initialement prévue. Or certains équipements cruciaux pour la sûreté et particulièrement vulnérables au vieillissement (cuve, enceinte de confinement) ne peuvent être remplacés.

Le « grand carénage » prévu pour allonger la durée de vie des centrales ne pourra jamais remédier à ces problèmes et se résoudra à un rafistolage coûteux et inutile, d’autant plus qu’EDF est déjà débordée par les travaux de maintenance qu’elle s’est elle-même fixée.

En prévoyant par décret la prolongation des centrales, Ségolène Royal indique son mépris total pour l’Autorité de sûreté nucléaire, dont le président déplorait récemment un contexte de sûreté nucléaire « particulièrement préoccupant » et qui ne cesse de répéter que la prolongation au-delà de 40 ans ne peut pas être tenue pour acquise. L’ASN a annoncé de longue date qu’elle ne donnerait pas d’avis générique sur la prolongation des centrales nucléaires françaises avant 2018.

Ignorant toutes les mises en garde, la ministre a choisi de sacrifier la protection des populations pour préserver les intérêts d’une filière nucléaire en déroute. Ce choix perdant-perdant est profondément immoral et confirme l’inconséquence écologique de ce gouvernement.