Les voitures sportives, aberration écologique

C’est l’histoire d’une Porsche qui défraie la chronique et qui en dit long sur l’état culturel de notre pays. Les gens disposant d’une certaine richesse considèrent que chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut, qu’avoir de l’argent relève du travail et que, si on veut une Porsche, alors on doit pouvoir l’avoir.

Comme c’est le premier mai, moquons-nous de cela et disons justement que, si l’humanité était cohérente, elle ne produirait pas des voitures pouvant dépasser les limitations de vitesse, ni d’ailleurs des voitures coûtant une fortune juste pour le prestige.

Une Porsche peut être considérée comme très belle esthétiquement, mais en tant que voiture individuelle c’est un mélange de m’as-tu-vu et de consommation d’essence multipliée par deux.

Aucune humanité n’assumant l’écologie ne peut tolérer une monstruosité pareille, un tel gâchis d’énergie et de moyens. Libre aux riches de défendre leur droit à « faire ce qu’ils veulent », libre aux gens rationnels de s’y opposer de la manière la plus stricte.

C’est bien pour cela d’ailleurs que si on dit qu’en France, les gens sont très mécontents, ils ne le sont finalement pas tant que cela, car la critique de la société ne va pas jusqu’à remettre en question le style de vie.

L’hégémonie culturelle est telle que les partisans de ce culte des voitures polluantes et chères n’ont pas hésité à faire un hashtag #JeSuisPorsche sur Twitter. L’objectif : défendre un pauvre « ouvrier » ayant vu sa voiture incendiée lors d’une manifestation contre la loi travail…

Dans Le Figaro, le propriétaire de la voiture, « un électricien de 30 ans », raconte son « désarroi » et explique les choses suivantes :

«Sur Twitter, j’ai vu que les gens disaient que c’était une voiture de patron, alors que je ne suis qu’ouvrier!».

«Je suis juste un passionné de Porsche depuis que je suis gamin… C’est la troisième que j’ai depuis mes 28 ans»

«magnifique Porsche 911 type 996 Carrera 4S» de 2002, un modèle dont la cote varie «entre 35 et 42.000 €»

Trois Porsches en deux ans, on a compris qu’on est loin de l’ouvrier classique avec son SMIC, même si les commentaires du Figaro expliquent que ce serait possible en se privant, en revendant ses voitures, en les bichonnant, en travaillant la mécanique, etc.

C’est là sous-estimer le coût de la vie et nier les coûts de réparation et d’entretien astronomiques de ce type de voitures… Il faut compter 1500 euros par an, qu’on multiplie rapidement en cas de soucis mécaniques, inévitables avec les voitures sportives…

Autant dire que cela ne tient pas debout et d’ailleurs, le père de « l’électricien » n’y est pas allé par quatre chemins dans Ouest-France, vendant la mèche :

« Mon fils a 30 ans, c’est un jeune cadre qui travaille dans une grande entreprise. C’était sa semaine de RTT donc il a décidé de refaire la carte grise d’une autre voiture ce jour-là. Et voilà. Le mauvais jour au mauvais endroit. »

Benoit a acheté sa Porsche Carrera 4S « entre 40 000 et 60 000 € », il l’avait depuis trois mois et a longuement économisé pour se la payer. « C’est quelqu’un qui est passionné, qui a économisé. »

« Mon fils n’est ni facho, ni capitaliste. Son argent, il ne le vole pas, il travaille dur pour l’avoir. »

Ce que veut dire ici sans doute le « entre 40 000 et 60 000 € », c’est que la voiture a été achetée vers 40 000 et qu’il a fallu améliorer le tout pour environ 10 000 euros. A part cela, il ne serait pas un capitaliste?

Mais même s’il était ouvrier ayant économisé toute une vie, il aurait exprimé le capitalisme, son aliénation.

Les voitures sportives et tout ce qu’on peut y rattacher représentent un système où les individus font ce qu’ils veulent et le revendiquent de manière tapageuse, gâchent les énergies pour des choses inutiles, polluent. Elles n’ont pas leur place dans l’avenir !