Alors que le débat sur la légalisation du cannabis fait rage – il y a deux jours lors d’un « débat » à ce sujet, à Saint-Ouen en région parisienne, le député PS député Bruno Leroux s’est prononcé pour une « légalisation contrôlée » – voici la position de l’Académie nationale de Pharmacie. Le document est très clair et très utile pour son argumentaire.
DÉPÉNALISATION DU CANNABIS : L’ACADÉMIE DIT NON, PREUVES À L’APPUI !
Communiqué adopté par le Conseil, le 25 avril 2016Alors que certaines voix en France s’expriment publiquement pour une légalisation de l’usage du cannabis, l’Académie nationale de Pharmacie réitère son opposition à un tel projet. Une légalisation serait un très mauvais message adressé à la jeunesse de notre pays et ses conséquences seraient catastrophiques en terme de santé publique, spécialement dans notre pays caractérisé par une consommation record en Europe.
En effet :
1/ En France, entre 1993 et 2014, la concentration moyenne de son principe actif, le tétrahydrocannabinol (THC), a considérablement augmenté (multipliée par 5) pour atteindre 20 % dans la résine de cannabis et 13 % dans l’herbe.Certains font de cette augmentation des teneurs un argument pour la dépénalisation mettant en avant qu’elle sera contrôlée dans les produits vendus. Il n’en est rien puisque dans les pays qui l’ont adoptée, il est constaté une expansion de l’autoculture qui n’est jamais contrôlée.
2/ Le cannabis est un facteur d’accidents de plus en plus souvent présent sur les routes de France en raison de ses effets sur les fonctions cognitives et motrices (diminution de la vigilance et des réflexes, modifications de la perception du temps et des distances, rétrécissement du champ visuel, disparition des inhibitions et indifférence vis-à-vis de l’environnement, perturbations de la mémoire immédiate).
3/ Le cannabis peut perturber gravement la maturation cérébrale qui survient entre 12 et 20 ans.
Modifiant les connexions entre les neurones, il peut déterminer des troubles délirants, hallucinatoires, cognitifs qui sont des manifestations caractéristiques de la schizophrénie.
4/ D’un usage régulier de cannabis sur plusieurs années peuvent émerger : une anxiété vive ; une dépression avec ses risques suicidaires ; un très important déclin des performances « scolaires » avec une diminution irréversible du Quotient Intellectuel (QI) ; l’escalade vers d’autres drogues, à l’origine de polytoxicomanies.
5/ La relation causale entre son usage chronique et diverses complications vasculaires touchant le cœur (infarctus), le cerveau (accident vasculaire) et les membres inférieurs (artérite) est maintenant bien établie.
6/ La fumée de cannabis possède un pouvoir cancérogène supérieur à celui du tabac.
7/ Le cannabis diminue la libido et la fertilité masculine. En effet, le THC se concentre dans les testicules et réduit la sécrétion de testostérone. Il est rendu responsable d’une variété agressive de cancer du testicule.
8/ Dans les pays ayant légalisé l’usage du cannabis, le constat est catastrophique :
– banalisation du produit et augmentation du nombre de nouveaux usagers (aux États-Unis, la
comparaison inter-états indique que la prévalence d’usage est plus importante dans les états
ayant légalisé que dans les autres) ;
– augmentation du nombre de personnes dépendantes ;
– accès plus facile à des variétés nouvelles et plus concentrées en principe actif (THC) ;
– augmentation du risque de passage à d’autres drogues dures ;
– explosion de l’autoculture et développement de nouveaux modes de consommation ;
– augmentation du nombre d’hospitalisations pour intoxications aiguës et chroniques ;
– augmentation du nombre de cas d’ingestion accidentelle par des enfants ;
– augmentation du nombre d’accidents de la route liés au cannabis.Nous disposons maintenant de la preuve que l’on meurt du cannabis, ce n’est donc pas une drogue douce.
Compte tenu de toutes ces informations issues de publications scientifiques et médicales, la légalisation du cannabis serait la pire des solutions à adopter pour lutter dans notre pays contre ce fléau destructeur ; à l’heure où l’on mène une campagne contre le tabagisme, la légalisation de l’usage du cannabis serait « irresponsable ».
En revanche, il apparait indispensable d’intensifier la lutte contre le trafic et de multiplier les actions de prévention et d’information notamment à l’attention de la jeunesse.