La consultation sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Le 26 juin 2016, les personnes vivant dans les communes de Loire-Atlantique pourront aller voter en faveur ou contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Il a fallu, pour cette « consultation » dont le principe n’existait pas, faire un tripatouillage administratif, avec une ordonnance modifiant le code de l’environnement, effectué le 22 avril 2016 et expliquant que :

« L’État peut consulter les électeurs d’une aire territoriale déterminée afin de recueillir leur avis sur un projet d’infrastructure ou d’équipement susceptible d’avoir une incidence sur l’environnement dont la réalisation est subordonnée à la délivrance d’une autorisation relevant de sa compétence, y compris après une déclaration d’utilité publique. »

C’est un point important, ce n’est pas un référendum, juste une question posée par l’État à une partie de la population pour connaître son avis. Rien n’oblige, de manière légale, à suivre le choix majoritaire lors de la consultation.

Néanmoins, on peut se douter que cela sera décisif, tellement la question est brûlante depuis une longue période. La question, qui sera la suivante, est d’ailleurs sans ambiguïté :

« Êtes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? »

Ce qui est tout à fait intéressant, c’est de bien percevoir le contenu explosif de cette consultation.

Nous ne pensons pas, en effet, qu’il faille voir dans cette consultation une opposition entre d’un côté l’administration de la région Pays de Loire et du département de Loire-Atlantique, qui sont pour le oui, et les « zadistes » qui sont pour le non.

Les uns s’imaginent très modernes, les autres très anti-modernes. En réalité, ils sont tous le produit d’une société qui a décidé de rejeter la Nature et qui sont confrontés à une contradiction Nature-humanité qui prend une place toujours plus immense.

Si l’on regarde les bétonneurs voulant un aéroport, on voit bien que la Nature n’existe pas à leurs yeux. Mais c’est tout autant le cas dans les argumentaires des anti-aéroports, qui ne parlent des zones humides que parce qu’elles sont « utiles », qui prônent la petite production, les petites fermes, voire carrément le terroir.

Les uns et les autres argumentent à coups de chiffres sur les destinations aériennes, les coûts, les usagers, etc. alors que tout cela est totalement secondaire.
Historiquement, cette consultation est une bombe à retardement.

Si le oui gagne, alors on comprend que le grand capitalisme écrase le petit et engloutit la Nature et les zadistes seront démasqués comme des rétrogrades rêvant de vivre comme les colons américains du 19e siècle, en mode petite maison dans la prairie.

Si le non gagne, alors se pose la question de la Nature et de ce qui doit être fait ou pas fait à Notre-Dame-des-Landes. Les bétonneurs auront pris une claque et les zadistes révéleront leur caractère étriqué, passéiste.

Naturellement, la victoire du non à la consultation est une option bien meilleure, bien moins destructrice. C’est pourquoi il faut l’encourager.

Cependant, il faut l’encourager en prenant la Nature comme thème essentiel, et non pas les débats sur l’aéroport qui sont un prétexte historique pour qu’apparaisse la Nature sur le devant de la scène de la société française.

La bataille de demain, ce n’est pas la lutte contre l’aéroport, mais pour la sanctuarisation de zones naturelles!