La vente des « cafés des chats » parisiens

Il existe deux « cafés des chats » à Paris, une initiative capitaliste contre laquelle nous nous sommes fermement prononcés il y a deux ans à l’ouverture du premier.

Nous y avons vu un projet bobo où les animaux étaient transformés en objets. Deux ans après, une nouvelle information vient confirmer de manière brutale notre manière critique de voir la situation.

Les deux cafés sont à vendre, quant aux chats… ils appartiennent à l’entreprise ! Où, comme le dit la propriétaire des cafés sur facebook :

Cela est tout à fait clair : les chats sont des « biens » appartenant à l’entreprise et c’est même l’entreprise qui les aurait « adoptés ».

Formidable capitalisme engloutissant tout sur son passage : maintenant, les entreprises peuvent même « adopter » ! Ironie mise à part, c’est, il va de soi, impossible juridiquement. Cela signifie que les chat sont des biens matériels, des choses, tout comme les tables, les chaises, la machine à café, etc.

C’est ignoble et cela montre que le seul rapport établi avec les chats – il y en a trente à peu près, selon le site – était fondé sur le profit. On est là dans l’aliénation pure et dure, dans le business « as usual », sans état d’âme.

La propriétaire assume d’ailleurs tout à fait son profil business créatif ; dans son annonce de vente, voici ce qu’on lit entre autres :

Aujourd’hui en tant que gérante, PDG et actionnaire majoritaire des deux Cafés-Salons de thé- Restaurants des chats je vends mes parts.

Je souhaite passer à autre chose dans ma vie, déjà parce que c’est un travail chronophage et exigeant, ensuite parce qu’il va falloir un profil moins « créatif » et plus « business » pour gérer ces cafés, en ouvrir d’autres, peut-être ouvrir une franchise en France et en Europe. Dernièrement car mes priorités changent et vont bientôt s’orienter sur ma famille, que je mettrais en route une fois avoir passé la main à quelqu’un de confiance pour ces « bébés » que sont aussi mes cafés.

Je désire que les deux cafés soient repris ensemble, par les mêmes personnes ou société : les deux sociétés sont en effet juridiquement séparées (les finances le sont totalement) mais les éléments communs sont nombreux : le nom, le logo, le menu, le traitement des chats…

Ensuite il faut que le ou les repreneurs aient, vous l’imaginez, une certaine envergure financiére : pour l’aquisition des parts, pour remettre à plat les finances, faire des petits travaux et surtout pour s’agrandir.

Enfin, mais c’est le plus important, je ne vendrais qu’à des personnes en qui j’aurais confiance quant au traitement futur de mes chats et des autres chats à venir.

On notera la schizophrénie du propos, puisqu’il est parlé de « mes chats », alors qu’il est bien souligné qu’ils sont une composante de l’entreprise…

Entreprise qui, rappelons-le, a profité de 40 985 euros de dons en « crowdfunding« … Quelle honte quand on pense aux refuges dans le besoin ! On notera d’ailleurs que l’argument comme quoi le café serait un « foyer » pour chats de refuges a beaucoup joué dans ce crowdfunding…

Quant à l’association qui a confié la plupart chats à « l’entreprise » (22 sur une trentaine apparemment), elle refuse catégoriquement son autocritique, alors qu’elle a juste participé à la mise en place d’un projet bobo, où les chats été mis en scène comme des marionnettes vivantes !

Voici ce qu’elle dit entre autres, et on remarquera que la propriétaire des cafés des chats avait elle-même fondé cette association, et que c’est par facebook que l’association a appris la vente des cafés… Pas de pitié dans le business !

« Pour commencer, nous avons été tout d’abord surpris, puis déçus et bien triste d’apprendre cette décision et cette annonce via Facebook, puis par mail privé.

L’association a tout de suite pris contact avec Margaux, actuelle propriétaire des cafés des chats Marais et Bastille afin d’avoir des éclaircissements sur cette annonce et de faire un point sur les chats de notre association adoptés par l’association  » café des chats français « , Association créé par Margaux, justement pour la protection des chats. (…)

Nous voudrions simplement rappeler que dans toute adoption, les risques pour l’animal sont là et que ce n’est pas parce qu’il s’agit d’une adoption avec un particulier que , 6 mois, un an ou 3 ans après, la situation personnelle de celui-ci ne peut pas évoluer, changer. Nous ne sommes malheureusement pas devin, pas de boule de cristal non plus pour pouvoir jurer devant dieu que le chat sera protégé toute sa vie, soit jusqu’à 20 ans possible.

Il suffit d’une mutation, d’un divorce, de l’arrivée d’un enfant ou d’une maladie inconnue au moment de l’adoption pour que celle-ci soit remise en question et que le chat soit dans le meilleur des cas adopté par la famille, des amis ou remis à l’association, 3 mois ,6 mois ou 3 ans après celle-ci. Et nous ne pouvons pas garantir non plus que des propriétaires peu scrupuleux, ne prennent pas d’autres décisions. Quelle Association à ce jour à la garantie d’une adoption pérenne jusqu’à la fin de la vie de l’Animal ?

Alors il est certains qu’avec cette annonce, nos détracteurs nous mitraillent, les vipères se gargarisent et peuvent encore une fois déverser leurs méchancetés, leurs hargnes virulentes, ainsi que toutes les autres personnes qui se veulent justicières et parfaites et qui sont avides de leçon de moral. »

La position de l’association est intenable. Bien sûr qu’on peut faire une leçon de morale : l’association a remis les chats non pas à des êtres humains, mais à une personne qui abandonne ses chats pour pouvoir continuer sa carrière de businesswoman ! Ce n’est pas une personne seule et en détresse, c’est quelqu’un qui dit : j’attends des enfants, j’ai autre chose à faire…

Exactement ce qu’on peut entendre un nombre incalculable de fois comme hypocrites excuses dans les refuge…

Disons-le simplement : c’est une faillite morale et culturelle. C’est quelque chose de vraiment grave. On notera d’ailleurs au passage la vanité de la propriétaire des deux cafés des chats, qui bien sûr reçoit maintes critiques. Voici ce qu’elle ose répondre à un moment :

Quelle ignominie ! Eh bien au moins, nous qui assumons la libération animale, nous sommes en mesure de lui répondre et de la condamner moralement ! Avec toute la « virulence » morale dont elle se plaint…

Quelle honte qu’elle ose parler même de véganisme, d’utiliser ce terme, alors qu’elle a joué un rôle de pointe dans le capitalisme bobo. Notons ici que les cafés des chats proposaient, de manière hypocrite à la bobo, une « Planche végétalienne » au milieu d’un  « Hamburger avec steak de viande de boeuf hachée », de « Lasagnes au saumon frais », un « Croque monsieur de Gargantua à l’ancienne, au pain poilane (Jambon blanc cuit au torchon, béchamel, fromage) », une « Planche de charcuterie : Jambon cru, Rillettes pur porc du Mans, Jambon blanc cuit au torchon, Saucisson (et leurs petits cornichons) », etc.

On notera la personnification du jambon, qui irait avec « ses » petits cornichons… Mais qu’attendre de gens ayant une telle vision du monde ?