La conférence parisienne « Stratégie de gestion des rats en milieu urbain »

C’est le quotidien Le Monde qui en parle, de manière anecdotique : la mairie de Paris a accueilli le 17 juin un séminaire international au sujet de la formation d’une « Stratégie de gestion des rats en milieu urbain ».

Ne rêvons pas : il ne s’agit nullement de coexistence, mais bien de gestion anthropocentrique a posteriori. D’abord, l’humanité fait du grand n’importe quoi, et après elle tente de régler les « problèmes » à coup d’écocide.

Prenons des exemples récents de la vie quotidienne : la cité des Fleurs, à Carrières-sous-Poissy, voit ses bâtiments héberger des rats, mais la raison est qu’un opérateur internet les a chassé de là où ils vivaient…

A Neuchâtel en Suisse, il y a une taxe au sac-poubelle qui a été instauré : le résultat est que les incivilités consistent à jeter les restes nourriture dans les toilettes, qui fournit par la suite de la nourriture aux rats qui sont alors plus nombreux…

Quant à la mentalité de ceux qui gèrent cela, on la devine très bien en voyant cette image avec un commentaire ignoble. C’est un document officiel de la ville de Lyon, du service d’écologie urbaine…

Ces propos lamentables, typiques de l’anthropocentrisme le plus sordide, vient d’un vétérinaire toxicologue et hygiéniste alimentaire, à la tête du service d’une des plus grandes villes de France…

[A noter cette précision qui nous a été faite : le document serait, officiellement, uniquement destiné aux vétérinaires et l’emploi de l’expression « rats volants » servirait uniquement à décrire le fait que les rats et les pigeons s’orienteraient vers les mêmes sources d’alimentation laissées par les humains.]

Voici un exemple de sa prose lamentable [retranscrits par Lyon Capitale et qui s’avèrent en fait être pas de l’intéressé qui rejette par ailleurs cette approche d’amalgame.]

Adorant fouiner dans la pourriture, ils véhiculent passivement des parasites et des champignons sur les poils, les pattes et la queue, explique xx, vétérinaire en chef de la Ville de Lyon.

On dirait de la poésie contemporaine, vu comment la phrase est tournée…

Pas la peine de connaître le nom d’un tel triste sieur : ce n’est qu’un anti-animaux primaire qui a trop lu « La peste » de Camus et s’amuse à fantasmer, aux dépens d’êtres vivants.

Car s’imaginer que les villes, fondées sur le chaos complet dans la répartition des habitations, avec un gâchis capitaliste typique des aliments, puissent ne pas connaître la présence de rats, c’est nier la réalité de la vie, qui par définition s’immisce partout.

Toutefois, raisonner ainsi c’est déjà vouloir tout changer et à la mairie de Paris, on est là pour les bourgeois et les bobos, donc l’approche est toute différente.

Voici ce que nous dit, entre autres, l’article du Monde :

« L’objectif est de ramener sa présence au ratio d’un individu par habitant en ville – à Paris, il est de 1,75, avec 75 % à 80 % d’entre eux vivant dans les égouts –, pour éviter l’affaissement des chaussées, les courts-circuits électriques et autres risques urbains, tout cela au moindre coût.

Un Danois venu présenter son système de piège a envoyé un courrier recommandé à un autre intervenant avant la conférence pour demander que sa méthode ne soit pas critiquée : c’est dire si les enjeux commerciaux sont plus élevés qu’au siècle dernier.

« Avec sa technique de piégeage, ça fait le rat à 3,50 euros », explique Pierre Falgayrac, l’un des rares formateurs indépendants à la gestion des rats. Parlez-lui du métier, et vous le verrez remonté comme une pendule contre « les conceptions anthropomorphiques » de la bestiole.

Si on met des appâts partout et tout le temps, explique-t-il, c’est parce qu’on voit ces rongeurs comme des armées, avec une vision militaire propre à l’être humain. Voilà pourquoi, dans ces conférences, il voudrait qu’on apprenne à mieux connaître les rats que les produits.

« Ils percent le métal. Seul le béton et la brique résistent aux dents du surmulot [autre nom du rat brun] », poursuit-il dans l’auditorium.

Les écrans suivants sont consacrés aux capacités cognitives du rat. L’occasion d’apprendre qu’un seul stimulus inquiétant suffit au rongeur pour qu’il mette en place une stratégie d’évitement, d’où les limites des pièges.

« Les professionnels doivent arrêter de quadriller l’espace avec des boîtes d’appâtage : 90 % d’entre elles ne servent à rien. » La capacité des rats à comprendre les dangers va bien au-delà de ce que nous imaginons, insiste-t-il.

« Boulevard Sakakini [dératisé depuis], à Marseille, j’ai vu des rats sortir au rythme des feux rouges ! » Silence dans la salle.

Comble de la sophistication, Pierre Falgayrac et le responsable des déchets de la ville de Pau ont constaté que les rats étaient capables, dans une décharge, de dormir jusqu’à midi dès qu’ils avaient compris que la nourriture arrivait tous les jours à la même heure.

Ces animaux, explique-t-il encore, n’augmentent pas leur population au-delà de la survie. Sur les îles inhabitées où des chercheurs en ont introduit malgré eux, on a constaté que leur population se stabilisait en fonction des ressources.

« On n’a jamais vu des rats faire ce que les hommes ont fait à l’île de Pâques », avance-t-il (selon une thèse très controversée, les autochtones auraient disparu après avoir dilapidé leurs ressources naturelles). A se demander pourquoi les rats ont si mauvaise réputation… (…)

Enfin, un autre expert demande si la profession ne se fixe pas des objectifs trop dépendants de la perception politique envers les rats, qui voudrait qu’il ne faille pas en voir du tout. « Dans le fond, ne devrait-on pas organiser le vivre-ensemble ? »

Eh oui, il va bien falloir. En arrachant le pouvoir de décisions aux entreprises de dératisation, aux politiques démagogiques, aux promoteurs et aux urbanistes anthropocentristes…