Cécile Duflot : « Je suis née écologiste »

Cécile Duflot a annoncé, sans surprise, sa candidature aux primaires d’Europe Ecologie Les Verts. Son mot d’ordre est pas moins que Demain nous appartient et elle se positionne directement pour la présidentielle dans un long message.

Elle explique qu’elle est la personnalité la plus connue et que donc elle se sacrifie en quelque sorte pour la cause…

Voilà pourquoi cette candidature écologiste n’est pas une aventure individuelle mais nous engage collectivement. Je mesure la responsabilité qui est la mienne.

La notoriété que j’ai acquise dans nos combats communs grâce à la confiance que les militantes et les militants m’ont accordée, je me dois de la mettre au service de l’intérêt général. C’est un immense honneur bien évidemment mais c’est avant tout une épreuve.

Gardons en tête nos campagnes passées. La présidentielle est un marathon. Pas un sprint. On ne s’improvise pas candidate.

Cécile Duflot, d’ailleurs, est tellement forte qu’elle est pas moins que « née écologiste » ! Et même, elle est touchée par la grâce du message catholique papal…

Je suis née écologiste, parce que mes parents m’ont transmis l’amour de la nature et le souci de sa préservation.

L’écologie politique est d’abord un mouvement d’affirmation de l’importance de la question naturelle. Or, l’idée de nature a déserté nos sociétés, trop obsédées par le matérialisme et le productivisme pour comprendre que l’état de notre planète est essentiel.

Si à l’orée de la COP 21, le « Laudato si » du pape François a reçu un accueil si particulier, c’est qu’il a su trouver les mots justes pour mettre en lumière le lien indissoluble entre la sauvegarde de la planète et le respect dû à ses habitants.

Ce texte que je tiens pour l’un des plus importants de ces dernières années, a résonné à mes oreilles comme une merveilleuse incitation à persévérer dans notre travail d’éveil des esprits et des cœurs, en faisant le lien entre la critique de notre modèle de développement et des propositions novatrices pour transformer le quotidien de millions de personnes.

Loin d’être le monopole des croyants, c’est notre responsabilité de terriens, précisément sans distinction d’origine, d’obédience ou de religion. Pour que se poursuive la grande aventure de l’humanité, nous devons retrouver l’envie profonde de créer des lendemains meilleurs pour chacun.

Il y a bien un aspect historique ici. Il faut bien noter que c’est la première fois, sans doute, que la « question naturelle » est mise en avant à EELV.

Mais comme on le voit, c’est tout de suite rattaché à une critique digne des années 1930 (« matérialisme », « productivisme »…) débouchant sur un éloge de la religion catholique… tout comme dans les années 1930.

Pour la petite histoire, Cécile Duflot est passée par la Jeunesse ouvrière chrétienne.

On a d’ailleurs une même approche existentielle de la révolte. Cécile Duflot n’est pas que née écologiste, elle est une révoltée par nature,  elle en a le « goût », parce qu’elle n’a pas eu le choix… Là aussi le lyrisme est vraiment forcé…

 La condition des femmes c’est aussi l’apprentissage de l’arbitraire du sexisme et du modèle patriarcal autoritaire.

Ne me demandez donc pas d’où vient mon gout de la révolte : je n’ai eu d’autre choix que de refuser l’inacceptable.

Mère de quatre enfants je connais bien le sort qui est fait aux femmes même sous nos latitudes pourtant plus clémentes : l’injonction à choisir entre vie professionnelle et vie familiale, l’assignation à résidence genrée qui nous interdit d’espérer, l’obsession du contrôle de nos corps par autrui qu’il s’agisse de le couvrir ou de le dévoiler.

Tout cela sonne très universitaire et « moderne », d’ailleurs ensuite Cécile Duflot parle de son « militantisme associatif », de la « condition carcérale », de la « justice sociale », de la « technostructure » et du « conservatisme du système », de la « société de consommation », de « l’ordo-libéralisme », etc.

Il y a un petit passage écologiste, tout de même, très teinté d’idéologie années 1930 encore une fois :

Nous devons sortir du culte de la croissance pour la croissance et lutter contre la gabegie généralisée de la société de consommation.

Je plaide pour que l’impératif climatique soit rendu constitutionnel et que notre république devienne une république écologique, digne des questions soulevées par l’anthropocène. Voilà le cap. Je défends l’idée d’une France 100% renouvelable qui sorte enfin de l’hiver nucléaire.

Voilà donc l’écologie à la française : une critique de la consommation en mode catholico-papal et une dénonciation du nucléaire, associé à un esprit de rejet de l’Etat comme administration.

C’est pratiquement le programme de Pétain relooké, ni plus ni moins. Pas un mot sur / pour les animaux, rien sur l’urbanisation, rien sur les forêts, rien sur les réserves naturelles, rien sur l’océan…