Les quatre candidats aux primaires d’EELV

On connaît désormais les personnes candidates aux primaires d’Europe Ecologie Les Verts. Le processus n’a pas été ouvert à l’extérieur, puisqu’il fallait disposer d’au moins 36 « parrainages » de conseillers fédéraux (il y en a tout 240).

Voici une petite présentation de ces personnes, dont la plus connue est Cécile Duflot, qui a dirigé EELV de 2006 à 2012, avant de rejoindre le gouvernement. Elle table sur ce passé et sa médiatisation pour se présenter comme la candidate naturelle.

Elle avait d’ailleurs tenté de passer en force et de proposer qu’il n’y ait pas de primaires. Pour résumer ce qu’il faut penser à son sujet, nous rappellerons simplement l’anecdote de Copenhague.

Elle a rejoint le sommet de Copenhague le 12 décembre 2009 en partant en train devant les caméras. Il faut quinze heures de voyage et pourtant le 13 elle était à Paris pour le journal de France 2, ayant pris l’avion pour ainsi dire à peine arrivée à Copenhague…

La personne menaçant le plus Cécile Duflot dans sa quête présidentielle est Yannick Jadot, qui est issu de l’aile social-libérale moderne d’EELV, dont le chef de file est Daniel Cohn-Bendit.

Pour sa résumer son approche, citons ce tweet qu’il a publié hier : « nous ne sommes pas contre la concurrence lorsque ce n’est pas au dépend des gens de la planète ou des États ».

C’est l’option « gestionnaire » sur le modèle des Verts allemands, une sorte d’écologie gérée par en haut et faisant du social en alliance avec le business. Dans cet esprit, Yannick Jadot a d’ailleurs été directeur des campagnes de Greenpeace France de 2002 à septembre 2008.

La troisième personne à être candidate est Karima Delli, issue d’une famille ouvrière du Nord et immigrée de 13 enfants. Elle se pose d’ailleurs en faveur d’une « écologie populaire ».

Par « populaire » il ne faut cependant pas comprendre un terme relevant de la lutte des classes, mais une sorte de démarche populiste, comme en témoigne ce qu’on lit dans sa présentation pour les primaires :

« Les Français aiment l’écologie. Ils trient leurs déchets, s’intéressent au sort de la planète, s’émeuvent de la condition animale, font attention à leur alimentation et même à leur consommation d’énergie. Ils sont écolos ! (…)

Activiste dans des mouvements de société comme Jeudi Noir ou Sauvons les riches, je suis française et européenne, j’aime Céline Dion et Marguerite Duras, Jean Ferrat et Alain Souchon, j’aime danser et chanter, je suis optimiste de nature. »

C’est là une sorte d’image d’Epinal de la béatitude petite-bourgeoise, prête à toutes les superficialités culturelles et allant jusqu’au mensonge : dire que les Français sont écolos, franchement !

Désolé également de montrer ici un de ses tweets de cet été, mais cela révèle le niveau…

La dernière candidate est-elle meilleure ?

Il s’agit de Michèle Rivasi. D’un côté, elle a un parcours académique (École normale supérieure, agrégation de sciences naturelles), de l’autre elle a fondé en 1986 le Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) et est présidente du Centre de recherche et d’information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem).

Elle a également été, elle aussi, directrice de Greenpeace France. Difficile de dire quel est son programme, son texte de présentation pour les primaires étant vide, mais avec une tentative d’effet de style pratiquement poétique tout de même :

« Je souhaite incarner et réaliser le rapprochement des Français avec l’écologie, bâtir consciencieusement le nouveau monde pendant que l’ancien s’écroule, pourtant perfusé de subventions, contre toute logique économique et au détriment de notre santé et celle de notre planète.

Je veux être la candidate de l’authenticité, d’une écologie intègre liant l’urgence sociale, environnementale et démocratique. Cette campagne se veut collective et polyphonique.

Luttons ensemble contre le renoncement et la résignation ; dénoncer ne suffit plus.

Il faut énoncer une perspective, retrouver un horizon, suivre de nouveaux repères. Face au vent mauvais qui balaie l’Europe et la France, je veux tenter de réveiller l’espoir en offrant un débouché politique à la dynamique écolo-citoyenne émergente pour l’intérêt général et le bien commun. »

Certaines mauvaises langues diront qu’avec un tel vocabulaire, on devine la professeure (qu’est de fait la candidate), d’autres qualifieront ce genre de phrases de « yakafokon ».

Il serait faux toutefois de dire qu’elle n’a pas de valeurs, comme en témoigne cette critique « patriote », très années 1930, faite à Arnaud Montebourg : ce dernier soutient le grand capital américain au lieu de soutenir le capitalisme familial « bien de chez nous » !

Dans les quatre cas, les personnes candidates se présentent comme la personne « interface » idéale, évitant soigneusement de proposer un contenu, de dresser une liste rationnelle de mesures et de valeurs sur lesquelles débattre.

Autant dire qu’avec une telle liste de personnes candidates, EELV va directement dans le mur. Même en se disant que cette coquille est vide, où ses 3 ou 4 000 adhérents existent uniquement en rapport aux personnes élues, est soutenue par les médias, cela ne peut pas tenir.

Une preuve de plus que le soutien institutionnel au Parti Socialiste a tué une écologie à la française déjà dénuée de valeurs véritables, par incapacité d’assumer la défense de la Nature et la défense des animaux.