Le diplôme universitaire « Droit animalier » de Brive-la-Gaillarde

Le Monde en a parlé et si nous sommes toujours au moins sceptiques envers tout ce qui a un rapport avec les institutions, nous ne voyons pas de raison de changer d’avis devant une escroquerie de plus.

L’article du Monde s’intitule L’université de Brive lance un diplôme pour défendre les animaux et présente un diplôme d’université dont les cours se déroulent sur sur le Campus Universitaire de Brive de l’Université de Limoges, à Brive-la-Gaillarde.

Voici la présentation universitaire du cursus en question :

L’objectif du Diplôme d’Université en droit animalier est de permettre à des étudiants en droit ou à des juristes confirmés (avocats, magistrats, juristes au sein d’association de protection animale…) d’acquérir les connaissances dans le domaine du droit applicable à l’animal.

Ce Diplôme d’Université propose un enseignement de spécialité en droit animalier, sur une matière qui n’est jamais enseignée dans le cursus commun de la Licence et du Master en droit (quelle que soit la spécialisation).

Ce DU s’adresse également à des professionnels ou futurs professionnels de la protection animale (vétérinaires, inspecteurs vétérinaires, membres d’associations…), qui ont une connaissance générale des règles applicables à l’animal et souhaiteraient parfaire leur maîtrise de la technique juridique dans ce domaine.

Dans une approche intellectuelle riche, intégrant à la fois une dimension historique, philosophique, anthropologique et une approche tant nationale, qu’européenne et internationale du droit, le but est d’amener l’étudiant à comprendre la discipline à travers une présentation des règles applicables à l’animal et de l’interpeller sur l’enjeu du statut juridique de l’animal et les difficultés de son évolution.

Pourront s’inscrire des titulaires d’une licence 2è année de formation Droit, AES, Philosophie, etc, (étudiants, professionnels du droit), ainsi que des vétérinaires ou étudiants vétérianires.

Les personnes ne disposant pas d’un niveau Bac + 2 mais justifiant d’un intérêt particulier et de connaissances de bases en droit animalier lors de leur candidature (ex : membres d’association de protection animale) pourront toutefois être acceptées par décision du jury.

En apparence, tout cela a l’air plutôt pas mal. Sauf qu’en pratique, c’est du vent et rien d’autre, et encore c’est insulter le vent qui est lui une réalité naturelle tout ce qu’il y a de plus concret.

En effet, ce diplôme s’appuie sur une formation… de 54 heures, réparties sur 9 journées au cours des deux premières semaines du mois de septembre.

Autant dire que cela ne s’appuie sur rien du tout : c’est un diplôme gadget. C’est un simple passe-temps, qui n’apportera rien aux animaux. Déjà le droit en général n’est rien par rapport au rapport de force, mais là ce n’est même pas une formation juridique sérieuse…

Évidemment, son existence fera du plaisir à Jean-Pierre Marguénaud, professeur de droit privé, fondateur de la Revue semestrielle de droit animalier et cocréateur du diplôme, parce que cela fait avancer ses pions dans les institutions.

Mais qu’est-ce que cela changera à la situation des animaux, aux mentalités des humains, aux choix de société, à la réalité des entreprises ? Rien du tout et il suffit de citer l’article du Monde pour saisir la vanité du projet :

« Les débouchés ne sont pas assez importants pour créer un master à part entière, juge de son côté Lucille Boisseau-Sowinski [Maître de conférences en droit privé à l’Université de Limoges et l’autre co-créatrice du diplôme]

Les responsables juridiques d’associations ou les avocats qui prennent des dossiers de droit animal le font en général en parallèle d’autres activités.

C’est pourquoi notre diplôme, ouvert aux bac + 2, ne mène pas à un métier mais à des connaissances, une spécialisation complémentaire à un parcours. » (…)

Quand l’étudiante a annoncé qu’elle suivrait le cursus de Brive, elle s’est vu rétorquer : « Si cela vous fait plaisir, allez-y, mais pour votre carrière, cela ne servira à rien. »

Eh oui, cela ne sert à rien, à part flatter son ego, donner une caution morale à des institutions qui pourraient soit disant évoluer, trouver des places dans les institutions autour d’un thème « nouveau » qui ne sert qu’à une chose : gagner du temps, temporiser par rapport à l’inéluctable révolution qui va arriver dans les prochaines décennies, tellement la catastrophe est immense.

C’est une preuve de plus que le système, en tout cas, parvient à canaliser des énergies vers des voies de garage. Car il est bien beau de faire un cursus de deux semaines avec des exemplaires du code civil estampillés du logo de la Fondation 30 Millions d’amis, mais il n’y a aucun rapport avec la bataille pour faire triompher le véganisme à l’échelle de la planète…

On est ici dans une démarche totalement individuelle, d’esprit existentialiste. Voici un petit aperçu donné par Le Monde des gens faisant ce parcours :

Conséquence de ce choix [d’un cursus court] : une première promotion très hétérogène. Parmi les 29 admis – sur 83 candidatures reçues –, on compte 17 étudiants en formation initiale et 12 en formation continue, âgés de 21 ans à 61 ans et provenant de 17 départements.

Une magistrate, des avocats ou un professeur de philosophie côtoient ainsi des étudiants en sciences politiques, en droit, en éthologie, des attachés territoriaux ou encore un comportementaliste canin. Un seul trait commun rassemble une majorité des élèves : 24 sont des femmes, pour seulement 5 hommes. (…)

Plus qu’une ligne supplémentaire sur leur CV, c’est surtout la perspective d’une meilleure protection des animaux qui motive les étudiants. Tous sont des passionnés de la première heure, souvent militants. Comme Alice Rodriguez, une rousse de 23 ans, titulaire d’un master 1 en éthologie à Paris-13, qui vient de fonder un collectif avec des « amis du mouvement Nuit Debout » pour organiser des débats et, à terme, créer des sanctuaires pour animaux.

C’est vrai : à un tel panorama universitaire, institutionnel, faussement révolutionnaire, il ne manquait plus que l’esprit bobo « nuit debout » !