« L’implication croissante des citoyens en matière de bien-être des animaux »

Dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les
« conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français », on trouve un long article traitant de « l’implication croissante des citoyens en matière de bien-être des animaux ».

C’est un passage capital, pour de multiples raisons. Déjà, car il témoigne de l’opposition entre le particulier et l’universel : si le véganisme est universel et concerne tous les animaux, y compris ceux vivant de manière sauvage, on a ici affaire à une réduction à une question morale-existentialiste se réduisant aux abattoirs.

Ensuite, et c’est la conclusion du choix « particulariste », les associations impliqués à différents niveaux dans la commission s’assument entièrement comme relevant de la « protection animale ». On est ici dans un réformisme assumé, dans un cadre institutionnel. Il est important de le voir pour démasquer des prises de position « radicales » masquant une convergence avec l’exploitation animale se modernisant.

Enfin, et c’est peut-être le plus grave, on a ici une démarche « sociétale », par conséquent totalement anti-démocratique. Les associations mentionnées ici sont des structures aux contours flous, non militants, relevant d’un activisme visant des individus en tant que « consommateurs ».

Elles sont par conséquent auto-centrées et velléitaires, s’auto-intoxiquant dans un triomphalisme auto-justificatif.

La population française bascule de plus en plus dans l’individualisme, les valeurs ultra-conservatrices, l’indifférence se généralise massivement, les refuges sont au bord de l’effondrement, et là des associations prétendent qu’il y aurait un « engagement », une « implication croissante », alors que c’est une simple tendance existentialiste sans aucun fond progressiste ni concret, ni ancré dans le réel…

b. L’implication croissante des citoyens en matière de bien-être des animaux

Cette sensibilité croissante des Français se retrouve dans leur implication au sein des associations de protection animale.

Ce que confirme M. Antoine Comiti, président de l’association L214 éthique et animaux : « Notre association compte 14 000 adhérents, 230 000 personnes sont abonnées à notre lettre d’information et, dans quelques jours, 500 000 personnes suivront nos actualités sur Facebook.

Notre budget s’élevait l’an dernier à environ 1 million d’euros.

Ces chiffres doublent chaque année depuis plusieurs années, ce qui nous semble révélateur d’un intérêt croissant de nos concitoyens pour la question animale en général, et la question des animaux d’élevage en particulier. »

M. Alain Pittion, membre du conseil d’administration de la Confédération nationale des sociétés protectrices des animaux de France (CNSPA) a confirmé cette tendance : « Si nos associations sont connues pour la défense des animaux de compagnie, elles n’oublient pas les animaux de rente. Nos adhérents sont de plus en plus sensibilisés à cette question. »

Non seulement les citoyens français sont plus sensibilisés à la condition des animaux d’élevage, mais les associations de protection animale consacrent de plus en plus de leur travail à la problématique des animaux d’élevage.

En effet, des associations et fondations de protection animale traditionnellement consacrées essentiellement aux animaux de compagnie se mobilisent de plus en plus pour le bien-être des animaux de rente.

C’est que ce qu’exprime M. Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA : « L’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir que je préside existe depuis 1961 et a été reconnue d’utilité publique en 1965, voilà un peu plus de cinquante ans.

Cette association a été la première à être spécialisée dans la protection des animaux de boucherie.

Elle a pendant longtemps été la seule à s’en préoccuper et nous nous réjouissons que d’autres organisations se soucient désormais de la protection des animaux que l’Homme destine à sa consommation ».

Cette multiplication et diversification des associations de protection animale s’inscrit en réponse à une forte demande sociétale, qui, de fait, se retrouve dans l’ensemble de l’Union Européenne et qui manifestement est liée au mouvement global des consommateurs qui recherchent un lien avec les conditions de production des produits consommés.