Esther Benbassa et son pseudo sondage pro-cannabis

Hier s’est tenue la Conférence au sénat pour la légalisation du cannabis, organisée par la députée EELV Esther Benbassa.

L’impact médiatique a été certain, y compris sur le site de la chaîne officielle du Sénat, Public, où on a pu lire notamment les propos du  pneumologue Bertrand Dautzenberg proposant sa drôle de philosophie :

« Depuis la loi Evin de 1991 : il y a moins 50% de consommation de tabac, moins 25% de consommation d’alcool et plus 60% de consommation de cannabis.

Ne pas avoir de cadre légal empêche la prévention, empêche le contrôle.

Ceux qui sont contre le cannabis doivent être pour la légalisation immédiate du cannabis. »

Quand on est contre le cannabis, on doit être pour ! Ben voyons !

Mais on aurait dû s’en douter : il n’y aurait pas que la proposition du think tank Terra Nova pour soutenir cette initiative (Cannabis : Terra Nova veut que soit repris le modèle des jeux d’argent).

Il y a eu également un sondage fait par Ipsos, à la demande du colloque lui-même. Au programme : questions savamment orientées pour faire croire que l’opinion publique modifie son point de vue.

Regardons ce qu’il en est avec deux graphiques, proposés dans le compte-rendu du sondage.

Le premier graphique s’appuie sur la question suivante :

 Personnellement, êtes-vous d’accord pour que l’on autorise la consommation de cannabis sous certaines conditions, en maintenant l’interdiction dans certains cas, par exemple avant de conduire, ou pour les mineurs ?

En apparence, on a ici deux blocs, montrant que la cause de la légalisation du cannabis est tout fait « jouable ». Sauf que tout est dans le « sous certaines conditions ».

Le bloc principal serait le « plutôt d’accord », qui pourrait l’emporter sur les « plutôt pas d’accord », isolant les « pas du tout d’accord ».

Mais comment faire pour les convaincre ? Le sondage est ici très technique et voici justement un second graphique.

Voilà la solution : jouer sur l’inefficacité de l’interdiction telle qu’elle existe, afin de prétendre qu’il faut être d’accord avec ce que dit le pneumologue Bertrand Dautzenberg cité plus haut, et qu’être contre le cannabis… signifie qu’on doit être pour ! Pour, officiellement, son encadrement…

Mais il en va de même ici que pour la Gestation par Autrui (les mères porteuses), Uber et tout ce qui relève de l’individualisme : d’abord, on laisse faire, ensuite on prétend qu’interdire est impossible ou ne marche pas, puis on prétend « encadrer » afin de l’emporter en ayant semé la division des gens qui sont contre…

Le sondage, pourtant, est obligé de reconnaître que 47% des personnes interrogées ne pensent pas que « la vente de cannabis sous le contrôle de l’Etat serait plus efficace que
l’interdiction pour lutter contre le trafic ».

Car les gens contre le cannabis ne sont pas des gens forcément réactionnaires, très loin de là : ils considèrent que c’est une question de culture et considèrent que la répression par en haut n’est pas démocratique, ne prend pas le problème à la base, etc.

Tout cela n’est pas pris en compte par le sondage, bien entendu, car le cannabis est toujours réduit à une question de santé publique ou de droit individuel, l’aspect de la question de société est toujours gommé.

Veut-on un pays où la fuite dans les paradis artificiels est non plus seulement tolérée, mais encouragée par un encadrement institutionnel ?

Veut-on que l’individualisme forcené se renforce ? Veut-on que la négation de la possibilité d’une vie heureuse, car naturelle, devienne la norme officielle (ce qu’elle est par ailleurs déjà, mais dans le non-dit) ?