Le point de vue du président de la Commission d’enquête parlementaire

Olivier Falorni, député de Charente-Maritime, est le président de la Commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs dont nous avons beaucoup parlé ces derniers temps.

Il vient de remettre ses « propositions de Loi relatif à la protection animale en abattoir » à Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, donnant à cette occasion une interview au Figaro.

Rien que le nom de ces propositions montre, évidemment, que le projet est opposé par définition à la libération animale. L’initiative a pourtant été portée par l’association L214 et toute sa mouvance : il y a ici une césure historique flagrante avec les personnes refusant cela, une césure qui aura des retentissements pour au moins les cinq prochaines années.

En arrière-plan, il y a la question de savoir si non pas simplement le réformisme, mais la participation à l’exploitation animale est acceptable.

Car c’est bien de cela dont il s’agit. Voici par exemple ce qu’explique Olivier Falorni au Figaro :

Pour assurer davantage de transparence sur le fonctionnement des abattoirs nous préconisons la mise en place d’un comité national d’éthique dans les abattoirs qui rassemblera les professionnels de ces entreprises, des représentants des agriculteurs ainsi que des associations des consommateurs et du bien-être animal. (…)

Deux nouveautés supposent un changement de la loi.

La première concerne l’obligation de la présence d’un agent des services vétérinaires au poste d’étourdissement et de mise à mort dans les abattoirs de plus de 50 salariés pour éviter les dysfonctionnements.

Par ailleurs on veut systématiser l’installation des caméras dans les abattoirs à toutes les étapes où les animaux sont manipulés: de leur arrivée jusqu’à leur mise à mort.

La finalité exclusive de ces installations est la protection animale. (…)

Les associations de bien-être animal pourront se constituer partie civile pour toutes les infractions relevant du Code rural, et plus particulièrement la maltraitance des animaux dans les transports et dans les abattoirs. Elle constitue un délit pénal depuis un amendement voté dans le cadre de la Loi Sapin.

Cela constituait une forte attente des associations. Il s’agit de convaincre le ministre du chemin que l’on fera ensemble!

Par ailleurs, je souhaite à titre totalement personnel la constitutionnalisation du droit des animaux, le développement de l’enseignement du droit animalier dans les facultés de droit et pourquoi pas la création d’un ministère de l’Agriculture et du Bien être animal.

Quand on voit la teneur de ces propos, on se demande franchement comment ceux qui au nom des animaux ont soutenu une telle chose pourront l’assumer demain.

Ce qui ressort, en effet, c’est la présence de caméras dans les abattoirs (de plus de 50 salariés seulement!), des rencontres entre assassins de l’industrie et des associations, la participation des dites associations à la gestion juridique d’une mise à mort industrielle « moderne », et enfin un appel d’air universitaire en faveur de l’idéologie du « bien-être animal ».

Quel rapport avec un programme de libération animale, même réformiste ? Strictement aucun : on est ici dans une sorte d’auto-intoxication où les avancées sont fictives, virtuelles, ne servant que de faire-valoir.

D’ailleurs, la « veggie pride » qui est une expression de la mouvance L214 n’a eu aucun impact, malgré le côté « festif » rassemblant quelques centaines de personnes. La presse n’en a pas du tout parlé.

La vidéo montrant le cortège a eu simplement 310 vues sur youtube en une semaine, soit plus de moitié moins que la vidéo « Végane ET sans sucre : Galbe ton cul avec conviction » postée un jour après…