Encore sur l’esthétique de l’infidélité

Revenons encore une fois sur « l’esthétique de l’infidélité » dont nous parlions hier, car il existe une autre polémique en ce moment, entre les cathos fachos d’un côté et les libéraux-libertaires de l’autre.

Là encore, on se retrouve totalement coincé, malheureusement !

Car le fait est que la campagne de prévention du VIH met en avant des affiches où l’infidélité est totalement stylisée, présentée de manière romantique.

Coucher avec n’importe qui est ici, comme chez Gleeden, non pas quelque chose de glauque, mais une « aventure », un « bonheur », etc.

On a droit ici à la caricature de l’homosexualité comme hédonisme masculin ultra-consommateur, émotionnellement superficiel, etc.

Malheureusement, ce sont encore une fois les cathos qui sont montés au créneau. Et ils sont très malins : voici ce que dit, de manière intelligente, la « manif pour tous », dans une posture pro-sentiments, avec une fausse question.

En réalité, on s’en doute bien, ce que visent les catholiques, c’est la défense du mariage selon leur conception… Mais il y aura un grand impact, car en apparence ce sont les sentiments qui sont défendus.

En apparence seulement, on l’a compris. Mais comme les partisans du sentiment – c’est-à-dire la majorité des gens – restent en-dehors de tout engagement, on n’entend que les cathos fachos et les libéraux-libertaires.

Une dizaine de villes ont d’ailleurs pris l’initiative d’interdire la campagne d’affichages (dont Angers et Aulnay-sous-Bois), tentant de surfer sur la vague « réac » représentée en ce moment par François Fillon.

Ce qui provoque inversement la colère (judiciaire) de la ministre PS de la Santé, Marisol Touraine, au nom du combat « pour la santé publique et contre l’homophobie », ce qui revient à gommer la problématique de fond ayant permis pourtant la contre-campagne : l’éloge de l’infidélité la plus froide, sous un vernis romantique.

Voici d’ailleurs ce que l’adjointe municipale en charge de la famille et de la petite enfance de la ville d’Angers, Caroline Frel, explique au site gay Têtu :

Nous ne sommes pas contre ces affiches de prévention. Ce qui nous choque, ce sont les messages plus que les photos, surtout aux abords des écoles. C’est pour cela que nous avons demandé à la société JCDecaux de les retirer dans ces périmètres.

Des parents ont été choqués qu’on puisse valoriser une sexualité débridée et d’opportunité devant l’école de leurs enfants.

Dans un contexte sensible voire hystérique pour certains, le conseil municipal a pris la décision de jouer l’apaisement. Il ne faut y voir aucune forme d’homophobie ni d’opposition aux campagnes de prévention.

D’ailleurs, lorsque que le maire était président du conseil général de Maine-et-Loire, il a participé à une campagne d’AIDES intitulée ‘Voteriez-vous pour moi si j’étais séropositif ?’.

Et le site Têtu de dénoncer « une attaque envers une évolution des mœurs jugée trop libertaire », de citer le directeur de l’association AIDES dénonçant « un renouveau de la vertu », etc.

C’est lamentable de libéralisme-libertaire et citons par contre ce commentaire plein de sagesse :

Franchement c’est le monde à l’envers.

Ce sont les homophobes qui sont choqués par ces affiches alors que ce sont les gays eux même qui devrais l’être en tout cas je suis gay et je le suis quand je vois ces affiches à chaque arrêt de tram à Nantes.

Non seulement elle stigmatise encore une fois les gays comme étant des personnes instables amoureusement mais en plus elles font passer le message qu’il n’y a que les homo qui peuvent attraper les sida et autres maladies sexuellement transmissibles.

Pourquoi les hétéros n’ont-ils pas le droit eux aussi à leurs affiches comme celles-ci un peu partout ?

Le fait de voir deux hommes s’embrasser est une bonne chose mais cette image devrait être utilisé pour une autre publicité ou une autre campagne.

C’est tout à fait vrai. Le libéralisme libertaire a pris l’homosexualité en otage, la réduisant idéologiquement à un hédonisme ultra-consommateur, ultra-commercial, une incapacité à être amoureux, assumer des sentiments, être autre chose que superficiel, etc.

Alors qu’une personne homosexuelle, si elle l’est vraiment et ne suit pas une « mode », n’est pas différente d’une personne hétérosexuelle…

Avec tout cela, on est mal parti. Notons d’ailleurs également au passage quelques exemples d’affiches remplacées, qui témoignent elles aussi de l’hyper-sexualisation des images, de l’idéologie de la consommation et de la soumission des individus (notamment des femmes) à cela…

Et histoire de déprimer, constatons également qu’on va avoir droit à cela pour les présidentielles. Le Figaro contre Libération, Cathos fachos contre libéraux libertaires, partisans du moyen-âge contre partisans de la consommation comme libération…