Les employés de l’abattoir du Vigan sont-ils les vrais coupables ?

Qu’est-ce que la justice ? A-t-elle une nature universelle et concerne-t-elle les causes, ou bien est-elle particulariste et traite-t-elle des effets ?

C’est une question cruciale, qui détermine la nature de la bataille en faveur des animaux. Et un « cas de conscience » flagrant arrive avec la mise en examen de trois employés d’un abattoir, pour maltraitance animale.

Or, qu’est-ce qu’un employé d’un abattoir ? C’est un prolétaire, qui mène un travail harassant, entièrement aliénant, totalement répétitif. Un travail que personne ne choisit de faire, mais qu’on fait parce qu’on n’a pas le choix : quand on est pauvre, c’est ainsi !

Et cela se passe dans les Cévennes, dans un village de 4000 habitants, avec sa foire de la pomme et de l’oignon, son grand marché des potiers !

On voudrait nous faire croire que ce sont ces employés les salauds, les responsables « spécistes » des crimes commis envers les animaux ?

La réponse est non. Le combat doit viser les rentiers de l’exploitation animale, les profiteurs du meurtre, les spéculateurs de la souffrance, les boursicoteurs de l’horreur.

Trois pauvres employés qui portent le chapeau, alors qu’ils sont eux-mêmes aliénés, exploités ? C’est vraiment là couvrir les assassins, masquer le rôle des véritables criminels, qui pendant ce temps-là continuent de jouer au golf.

Voici d’ailleurs comment paris-normandie.fr présente la mise en examen.

« Trois employés de l’abattoir du Vigan (Gard) ainsi que la communauté de communes du Pays viganais sont renvoyés les 23 et 24 mars 2017 devant le tribunal correctionnel d’Alès notamment pour maltraitance à animaux, dans le cadre de l’enquête ouverte après la diffusion d’une vidéo montrant ces mauvais traitements, a-t-on appris jeudi auprès du parquet.

Un employé de l’abattoir est renvoyé pour les délits « d’actes de cruauté et sévices graves sur animaux », tandis que deux autres salariés « seront jugés pour des faits de mauvais traitements sur animaux », a précisé dans un communiqué le procureur de la République à Alès, Nicolas Hennebelle.

La communauté de communes du Pays viganais, « personne morale responsable de l’abattoir, devra répondre de plusieurs infractions à la réglementation des animaux », est-il indiqué dans le communiqué.

Une enquête avait été ouverte par le parquet après la diffusion, le 22 février, d’une vidéo par l’association L214 montrant, pendant 4 minutes 30, des animaux mal étourdis, égorgés ou recevant des coups répétés à la matraque électrique, ainsi que des moutons lancés violemment contre des barrières dans cet abattoir intercommunal, certifié bio.

Dès la diffusion des images, le président de la communauté de communes du pays viganais, Roland Canayer, avait annoncé la fermeture de l’établissement « à titre conservatoire », la suspension de son personnel « jusqu’à nouvel ordre » et l’ouverture d’une procédure disciplinaire.

L’abattoir, auquel se rendaient une centaine de petits éleveurs des Causses et des Cévennes, a rouvert partiellement un mois après, le 23 mars, avec la mise en place de « mesures techniques et humaines nécessaires », et notamment « une réintégration partielle du personnel sur qui il ne pèse aucune faute grave », avait alors précisé M.Canayer. »

Tant de la part de l’employé de l’abattoir renvoyé pour les délits « d’actes de cruauté et sévices graves sur animaux », que des deux autres salariés jugés « pour des faits de mauvais traitements sur animaux », il va falloir de l’intelligence, beaucoup d’intelligence pour ne pas servir de « bouc-émissaire » à l’exploitation animale.

La réalité criminelle de leurs actes était une conséquence inévitable de l’aliénation du travail à la chaîne, des ordres correspondant à ce type de production immorale. La seule défense qu’ils ont de leur dignité – car il en va de la dignité humaine – est de prendre une posture offensive contre toute cette réalité du monde salarié au service du profit toujours plus exigeant, toujours plus pressurisant les travailleurs.

On voit ici tout de suite le caractère illusoire de l’antispécisme, sa nature idéaliste, qui refusant d’assumer la lutte contre l’exploitation animale, aboutit à porter l’offensive sur les pauvres, aliénés et prisonniers du salariat pour vivre, au lieu de viser ceux qui exercent une véritable tyrannie sur les animaux.