Le Monde a publié deux articles qui montrent tout à fait en quoi le style de vie « grand bourgeois » est très exactement aux antipodes de ce que nous voulons.
Les articles en question, qui font l’éloge du sado-masochisme et du foie gras, ont été publiés dans « M, le magazine du Monde » qui, comme nous le précise wikipedia, « est tourné vers l’industrie du luxe et du haut de gamme ».
Le premier, par ailleurs sélectionné pour la « matinale » du Monde, s’intitule pas moins que « Bondage et sado-masochisme, comment débuter tout doux« .
On l’aura compris, il ne s’agit pas d’un article sur le sado-masochisme, mais pour le sado-masochisme. L’introduction de l’article le précise si on ne l’aurait pas compris…
Comment aborder le fantasme du BDSM (bondage, domination, sado-masochisme) quand on débute complètement ? Quand on voudrait du hard, mais soft ? En laissant tomber tout le folklore, nous dit la chroniqueuse de La Matinale, Maïa Mazaurette.
Car, l’article l’affirme sans nuances, le sado-masochisme est une demande « normale » et largement partagée…
En 2011, un tiers des Françaises fantasmaient sur le fait d’être dominées, et un cinquième des hommes. Un quart des femmes voulaient être menottées ou ligotées, et 15 % des hommes (Harris Interactive/Marianne).
En 2014, les deux tiers des Québécoises et plus de la moitié de leurs chums fantasmaient sur le fait d’être sexuellement dominés, le bondage intéressait presque la moitié des répondants, un quart des femmes et 43 % des hommes auraient volontiers fouetté leur partenaire. (Sur un sujet aussi sensible, les chiffres sont toujours à prendre avec des pincettes – à tétons.)
C’est là l’acceptation la plus directe des rapports hiérarchiques dans cette société, ainsi que la tentative permanente de trouver un moyen de dépasser de manière mystique la « monotonie » d’une vie en réalité entièrement vide.
C’est bien la peine de critiquer Daech si c’est pour diffuser le même type de philosophie de l’extrême de la domination comme porte de sortie vers un monde qui aurait du « sens »…
Comment ne pas voir la dimension pathétique de la phrase suivante?
Une cuillère en bois qui a servi pour punir ne touillera plus jamais une soupe de poireaux sans vous rappeler vos ébats érotiques.
Voilà où mène de refuser la Nature : on se précipite dans des valeurs mystiques censées amener quelque chose de « plus fort ».
C’est également ce qu’on retrouve dans un autre article du magazine du Monde, « Foie gras, l’exception culturelle française« .
On est ici dans la mystique d’une « gastronomie » du « terroir » et l’auteur est très frustré que son foie gras mystique soit produit en masse et vendu au bas peuple…
« A l’exception des périodes de crise (2008-2009), toujours nuisibles aux produits festifs, et une baisse passagère en 2012-2013, la production et la consommation de foie gras restent stables avec une tendance à la hausse.
En quinze ans, cette dernière a progressé en France de près de 25 % en volume (selon Kantar WorldPanel), traduisant ainsi l’engouement croissant pour ce mets incontournable des fêtes de fin d’année, selon 76 % d’entre nous (657 grammes achetés par an et par ménage). (…)
L’industrie agroalimentaire a pollué ce marché lucratif avec ses méthodes habituelles : production intensive, élevage en cages, mécanisation à outrance et distribution de masse. (…)
Le foie gras est une affaire franco-française et rien n’y fera. N’en déplaise aux héritiers d’un vieux puritanisme anglo-saxon qui ont considéré la nourriture d’abord sous l’angle de la quantité et du productivisme, puis de l’hygiénisme et du marketing et à présent celui du moralisme et de l’animalisme, en rangeant toujours le plaisir gastronomique dans l’armoire à péchés.
Comment leur expliquer l’émotion suscitée par la tranche de foie gras baptisé à l’armagnac, allongée sur le pain grillé, et habillée seulement de quelques cristaux de sel de Guérande ? Comment leur raconter les délices de l’escalope de foie gras cru, vivement poêlée, déglacée au vinaigre balsamique et accompagnée de figues rôties ?
Comment leur faire partager le bonheur du tournedos Rossini, rendez-vous d’amour entre la tendreté du filet de bœuf et le moelleux de l’abat de canard sous l’œil de la truffe noire ? Tâche difficile, voire mission impossible. C’est ce qu’on appelle une différence culturelle. »
L’élite veut son style et son style consiste à se démarquer, à trouver une « transcendance ». Un tableau d’art contemporain derrière un ordinateur Mac, avec du foie gras et du Christian Dior, et le sado-masochisme pour aider à trouver un sens à sa vie…