C’est une initiative qui rejoint la problématique abordée hier avec la fermeture des supermarchés allemands Veganz, mais également le combat mené par les industriels contre les dénominations des simili-carnés.
En effet, l’industrie du cuir se lance dans la bataille. Elle est prête à reconnaître l’habillement végan, mais cela passe par son intégration comme forme minoritaire.
Le Conseil national du cuir vient de publier un livre blanc, avec dix mesures, dont la suivante.
PROTÉGER LE MOT CUIR ET RENFORCER LA LUTTE CONTRE LA CONTREFAÇON
De plus en plus, le consommateur est aujourd’hui confronté à des articles évoquant des produits fabriqués avec des matières issues de fibres de fruits ou de légumes appelées «cuir »
Le Conseil National du Cuir rappelle que l’utilisation du mot « cuir » est encadrée par le décret 2010-29 du 8 janvier 2010 portant application de l’article L.214-1 du code de la consommation : « L’appellation « cuir » concerne uniquement la matière obtenue de la peau animale qui est ensuite transformée pour être rendue imputrescible ». Le but étant de renseigner au mieux le consommateur et d’éviter qu’il ne soit trompé.
Cependant, plusieurs entreprises de la filière ont constaté que le décret ne tient pas compte des produits importés venant d’Europe, vendus en magasin ou via internet.
Cette situation est très défavorable pour les entreprises françaises car elle constitue une distorsion de concurrence.
En conséquence, le CNC est décidé à agir avec la plus grande détermination contre cette forme de concurrence déloyale qui usurpe l’utilisation du mot cuir.
La France s’est dotée d’un cadre juridique large et contraignant en matière de lutte contre la contrefaçon, mais reste le 3ème pays au monde le plus touché par ce fléau. La contrefaçon engendre là encore une concurrence déloyale et représenterait une perte de 40 000 emplois chaque année. En outre, le trafic de produits frauduleux peut mettre en danger la santé et la sécurité des consommateurs.
Les entreprises victimes de contrefaçon rencontrent ainsi des difficultés pour protéger leurs brevets, leurs marques et leurs créations. Dans la pratique, cela se traduit par un usage timoré des saisies-contrefaçon mais aussi par des sanctions minimales prononcées à l’encontre des contrefacteurs. Il en résulte que la vente de produits contrefaisants demeure en France une source de revenus facile et sans risque pour les trafiquants.
Le Conseil National du Cuir propose de prendre un certains nombre de mesures pour lutter efficacement contre la contrefaçon notamment en renforçant les compétences des tribunaux en matière de propriété intellectuelle grâce à la spécialisation des magistrats, en créant un guichet unique chargé de centraliser le traitement des plaintes des consommateurs, en collaboration avec les titulaires de droits de propriété industrielle et les opérateurs de paiement en ligne et en instaurant un « devoir de diligence » des acteurs de l’internet en matière de contrefaçon.
En apparence, on voit mal le rapport au véganisme. Mais c’est l’Usine nouvelle qui explique ce qu’il y a derrière cette mesure, dans un article intitulé pompeusement « La filière française du cuir craint de souffrir de la tendance vegan ».
Pompeusement, car l’article reconnaît lui-même que l’industrie du cuir en France représente 9 400 entreprises, 130 000 salariés et 25 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Le véganisme n’est encore, malheureusement, nullement une menace…
Et d’ailleurs, l’expression « cuir vegan » n’est pas si répandu que cela.
Mais on sait comment les industriels savent faire « pression » juste avant les élections (un livre blanc avait pareillement été publié en 2012 d’ailleurs).
C’est une manière également pour le Conseil national du cuir de se montrer solidaires de l’exploitation animale en général. Les propos recueillis par l’Usine nouvelle sont très clairs d’ailleurs.
« Parmi les principales craintes des entreprises du cuir, la montée du mouvement vegan. Mené par des associations au nom du bien-être animal, le rejet des produits animaliers prend de l’ampleur.
En promouvant des matières synthétiques appelées « cuir vegan », à base de fibres de fruit ou de légume, ces associations cherche à détourner ls consommateurs du cuir véritable.
Car le mot est « galvaudé » selon Jérôme Verdier, le président de la Fédération française de la tannerie mégisserie. « Le cuir vegan n’existe pas », martèle-t-il. (…)
Un savoir-faire reconnu partout dans le monde à travers les grandes marques françaises du luxe. La filière du cuir, qui réalise 9,3 milliards d’euros d’exportations, veut protéger sa part d’activité dans le haut de gamme en augmentant la qualité de ses peaux.
Mais là encore, la tendance vegan porte préjudice à ce secteur. Les nombreuses vidéos volées dans les abattoirs ont mis en lumière des actes de maltraitance animale, mais ont surtout servi à détourner un peu plus les Français de la viande.
Les effets néfastes sont bien connus dans la filière de la viande, mais reste confidentiels quant à leur impact sur la filière cuir.
Chaque année, la consommation de viande diminue de 4 % en France et c’est autant de peaux non-récoltées par la filière cuir.
« En l’espace de 25 ans, la quantité de peaux disponibles a été divisée par deux », déplore Denis Geissmann, le président du syndicat général des cuirs et peaux. »
Voici une perversion de plus : le véganisme est pris comme prétexte par les industriels pour renforcer leurs exigences…