Le véganisme accaparé par la grande distribution et les grandes marques

Puisque nous parlons intégration du véganisme dans l’économie, jetons un oeil sur un avis sérieux à ce sujet. Les Échos sont un média sérieux, c’est en quelque sorte le journal qui représente Fillon et Macron.

Qu’est-il pensé du véganisme ? On trouve à ce sujet un article dans la section « business », intitulé « Les marques s’engouffrent dans le végan ».

L’article donne une définition et quatre tendances commerciales qui joueront en 2017.

Quelle est la définition du véganisme ? Voici ce que cela donne :

Le véganisme est le mode de vie qui cherche à exclure toute forme d’exploitation des animaux, que ce soit pour se nourrir, pour s’habiller ou pour tout autre but. C’est l’expression actualisée de la mode végétarienne des années 1970.

Cette idéologie a été portée à l’origine par des communautés militantes, les « veggies » ou plus familièrement « VG »… Le véganisme a ensuite été récupéré par les bobos qui en ont fait une mode via le bio.

Le véganisme est présenté comme le prolongement du végétarisme, une sorte de mouvement hippie engagé, qui aurait été récupéré par les bobos via le bio.

C’est bien entendu tout à fait partiel, cela concerne le véganisme à la L214 uniquement. Mais c’est très bien vu, de ce point de vue.

Il y a bien un « végéta*isme », pour reprendre l’affreux concept de la « veggie pride », qui a fusionné avec les bobos, pour donner un mode de vie tout à fait intégré dans le capitalisme, comme « style » de centre-ville bourgeois bohème.

C’est donc un marché à prendre et Les Échos nous parlent de quatre tendances.

Il y a déjà la formation de centaines de marques, mais, est-il précisé, « moins d’une dizaine s’imposeront dans la prochaine décennie ».

En clair, des gens qui veulent faire du business tentent de faire des affaires, mais peu réussiront.

A cela s’ajoute, comme constaté dans notre article sur les supermarchés allemands Veganz, la « récupération rapide des distributeurs ».

S’il y a achats et ventes, les grands commerçants en place ne comptent pas rater l’occasion.

C’est valable pour les marques bios, présentées par Les Echos comme « historiques et très légitimes », mentionnant Soy, Céréal, Bjorg, Sojasun.

C’est aussi valable pour les « marques industrielles » : Les Echos mentionnent Herta, Fleury Michon, mais émettant un doute sur la capacité de Bigard ou Charal à le faire.

Cette tendance est bien vue, naturellement et elle aura une conséquence culturelle extrêmement grave pour le véganisme.

Le véganisme va se réduire à une consommation, au même titre que le très à la mode « sans gluten ». Le véganisme sera non pas un acte conscient et actif, mais une consommation individuelle purement passive.

Le véganisme sera réduit à un 1% de consommation différente dans le capitalisme en général, une sorte de version bobo du halal ou du cacher.

La dimension révolutionnaire sur le plan moral du véganisme va être mis à mal, dans la mesure où le système proposera des produits végans et donc prétendra être capable de changer… si les gens le veulent, par la consommation, sans révolution, sans bataille contre l’exploitation animale.

Si l’on veut aller plus loin dans l’analyse, mais cela ne se vérifiera que dans dix ans, on peut même dire : toute la mouvance de L214 au sens très large n’a été que l’avant-garde de la naissance d’un nouveau marché capitaliste.

De toutes manières, c’est comme cela que les gens le voient et à un véganisme bobo leur semblant une lubie, ils préfèrent Marine Le Pen et son refus de la mondialisation.

Mais rien n’est perdu : un véganisme populaire est encore possible, portant une utopie concrète, dans la reconnaissance de la planète comme notre « mère ».

Cependant, après les bobos, il va falloir tenir le coup face à la vague industrielle…