Les films d’horreur prenant comme prétexte les requins

Cela a l’air anecdotique, mais cela révèle tout un fond culturel et malheureusement également une certaine démarche : depuis le fameux film « Les dents de la mer », les films de série Z avec des requins monstrueux sont réguliers.

Ils tombent du ciel en tornade, ils « naviguent » dans le sable ou dans la neige, ils ont une tête, deux têtes, trois têtes…

Le requin est utilisé, c’est l’un de leurs points communs, comme prétexte à une sorte de catastrophe, ce qui permet d’un côté des mises en scène loufoques, délirantes, etc., mais de l’autre surtout de mettre en scène des gens normaux, comme tout le monde, ce qui change des films avec des « héros ».

Cependant, cette approche proche des gens s’efface bien vite devant un des grands dénominateur commun de ce type de film, à savoir disposer d’un prétexte pour racoler : on a systématiquement des « bimbos » en bikini, c’est-à-dire des femmes obéissant au stéréotype dominant de l’apparence, dont on se moque en les faisant être massacrées dans des scènes sanguinolentes.

C’est une sorte d’anti-capitalisme délirant et anti-féministe…

Et la plupart de ces films se targuent d’attitude « rebelle » en dénonçant dans un esprit complotiste des expérimentations secrètes, militaires ou commerciales, ou encore la pollution, comme à l’origine de l’apparition du monstre.

C’est donc très mauvais : on a une volonté de montrer des gens normaux, de critiquer les puissants, mais cela bascule dans le complotisme et le racolage anti-féministe. C’est un peu du Dieudonné et du Soral version cinéma…

Le tout, et c’est sans doute le plus pervers, dans un mode potache, qui ne se prend pas au sérieux. Le mépris de la vie animale, de l’océan, de la femme, est masqué derrière un package de divertissement.

On ne peut pas assez souligner ce grand problème qui est l’absence de prétention de ces films qui fait qu’on ne remarque pas leur impact culturel, qu’ils évitent toute considération et donc toute remise en cause.

Et comme il y a beaucoup de ces films, le racolage va toujours plus loin, puisque de toutes manières les limites sont toujours repoussées et le n’importe quoi est toujours plus acceptable, voire souhaité dans le « genre ».

Le genre est tellement prolifique qu’on trouve même des séries ! Sharknado a par exemple quatre versions différentes…

Ce genre de navets n’a bien entendu le plus souvent pas qu’un budget très peu élevé, voire pratiquement inexistant. Ils sortent d’ailleurs directement en DVD ou sur des chaînes câblées.

C’est par exemple le cas de Sharknado, qui a coûté deux millions de dollars tout en ayant été vu directement par plus d’un million de personnes sur la chaîne Syfy.

Et, forcément, comme le genre est désormais codifié, fixé, accepté, les variantes les plus multiples se déclinent, fournissant toujours plus d’exemples à un modèle de base attendu par le spectateur avide de vide et de racolage…

On aura compris justement en rapport à cela que, la plupart du temps, un grand effort stylistique est accordé à l’image présentant le film, toujours dans un esprit racoleur qui se veut une allusion intellectuelle aux films du passé, aux années 1970, etc.

Et pour conclure, voici quelques petits exemples en vidéo. Tout d’abord, une scène « classique » tirée de Megashark qui vous marquera forcément pour la vie…

Enfin, quelques bandes annonces de ce genre de films.