La charte pour les libertés et la diversité des cultures, Robert Ménard et les végans

Le relativisme culturel est un ennemi très clair de l’universalisme que ne peut qu’assumer le véganisme. Il est par conséquent défendu par les gens qui veulent vivre dans le passé, dans des moeurs dépassées.

L’Observatoire National des Cultures Taurines, qui représente en quelque sorte le think tank pro-tauromachie, s’est logiquement lancé à la fin de l’année dernière dans une campagne relativiste, « différentialiste ».

Elle propose une « charte pour les libertés et la diversité des cultures » et voici un extrait d’un de leurs partisans, lors d’un colloque au palais du Luxembourg à Paris, où siège le Sénat.

Les mairies d’Arles, de Bayonne, de Nîmes, de Vic, de Mont de Marsan, de Dax, de Béziers ont envoyé un représentant (le maire adjoint ou le maire) pour soutenir l’initiative.

Voici le texte de la charte :

« Dans un monde qui se globalise au risque de provoquer la
disparition de nombreuses cultures minoritaires, il est indispensable de rappeler – comme les Etats membres y sont
engagés par les conventions de l’UNESCO de 2003 et 2005
sur la protection et la promotion des patrimoines culturels
immatériels et de la diversité des expressions culturelles –
que celles-ci, tant qu’elles ne portent pas atteinte aux
Droits de l’Homme, doivent être respectées et pouvoir se
transmettre en toute liberté.

À l’image des différentes formes de chasse, de pêche, des
arts et pratiques de l’agriculture, qui, tous, participent de
cet Esprit du Sud qui repose sur un patrimoine ancestral
largement partagé dans nos régions et bien au-delà, tel est
le cas de la Tauromachie dont le cadre juridique fut certifié
conforme à la Constitution par la décision du Conseil
Constitutionnel du 21 septembre 2012, et qui, au regard
également de la législation européenne, constitue une exception
culturelle parfaitement légitime dans ses régions
de tradition.

Au nom de toutes les villes taurines françaises, et des millions
de citoyens français qui se reconnaissent dans les valeurs
de la culture taurine, nous demandons à l’État
français de prendre en considération ce patrimoine ancestral,
dont les premiers témoignages apparurent dans les
grottes de Dordogne voici 23000 ans, dont les diverses manifestations ont accompagné l’histoire de la France depuis
sa création, et d’assurer sa préservation comme il s’y est
engagé en 2011, en l’inscrivant à l’inventaire du Patrimoine
Culturel Immatériel de la France ».

Voici les propos de Robert Ménard, maire de Béziers et figure très connue de l’extrême-droite. Son point de vue est à ce titre intéressant, car limpide dans son côté réactionnaire, mais aussi il parle des végans, dont il se plaint de manière assez particulière par rapport à son vécu.

«D’abord je voudrais remercier André Viard [qui est président de l’Observatoire National des Cultures Taurines], parce que ce sont les militants comme lui qui font que les choses avancent.

Ce que je voulais dire c’est d’abord les difficultés que l’on rencontre à Béziers et j’imagine que c’est pareil ailleurs.

On a beaucoup parlé du mouvement vegan, et moi j’ai deux de mes enfants sur quatre qui sont vegans. Je ne sais pas si vous imaginez.

C’est une espèce de folie … un «on aime les animaux » poussé à l’extrême. On aime surtout le chat et le chien parce que c’est ça qu’ils connaissent des animaux et je pense que cet air du temps est farouchement anti-corrida et il faut faire très attention.

Je ne connais pas bien le milieu taurin mais je suis abasourdi par ses divisions en tout cas dans notre ville. Aux anti taurins qui manifestent, je dis chaque fois : je vous protège, mais vous finirez par vous faire casser la figure par trois mecs qui aiment
le rugby, la corrida et l’opéra et qui ne vous aiment pas. Donc on protège les antis-corridas comme une espèce qu’il ne faudrait pas perdre tout de suite.

Et puis la crise économique. C’est cher les corridas, et à Béziers c’est un des problèmes car on est particulièrement chers. Tout ça ajouté explique les difficultés, d’où l’importance de la réunion que vous avez organisée ce matin et je me félicite que rien ne soit partisan ici, qu’on se retrouve les maires au coude à coude pour défendre, je ne sais si c’est la culture ou la tradition, peu importe, c’est ce que l’on aime.

C’est notre façon de vivre, notre façon de faire la fête, notre façon de parler, notre façon d’aimer, tout ça c’est nous et c’est ce que l’on a envie de défendre.

Béziers est une ville de 75 000 habitants et on fêtera l’an prochain les 120 ans  des arènes qui ont été construites pour la tauromachie mais aussi pour des opéras, car le milieu taurin à Béziers est le même que celui qui aime l’opéra. On a une école taurine on a un grand torero qui s’appelle Castella.

Au niveau économique je ne sais plus qui en parlais, la fréquentation de notre feria c’est 300 000 personnes selon la
police et 2 millions selon les organisateurs.

Moi je pense que c’est plutôt 300 000 que le million que mes prédécesseurs vantaient, mais 300 000 personnes dans une ville pendant trois jours cela fait vivre la ville. Voilà. Donc il y a des menaces et il faut y faire face ensemble.

André Viard merci. Vous pouvez compter sur Béziers au côté de tout le monde. Je ne parle pas de politique, ici ça n’a pas lieu d’être, c’est juste ce qu’est ce pays ce qu’est cette région ce qu’est ce continent et tout ça on y est attaché à Béziers comme ailleurs et si on peut se retrouver tous ensemble ça sera une bonne chose en tout cas on est là et on sera là et c’est pourquoi j’ai tenu à venir personnellement même si Benoît D’Abbadie [adjoint à la Tauromachie, à la mairie de Béziers] suffisait amplement pour le dire en mon nom. »

La question de la corrida est un symbole vraiment évident de ce que les gens refusant de poser la question animale se complaise dans un esprit du terroir totalement réactionnaire…

Le relativisme est un obstacle essentiel au véganisme.

Voici, pour finir, les propos d’Emmanuel Durand, délégué de l’Observatoire national des cultures taurines dans le Gard, tenus à France Bleu.