L’accord Yannick Jadot – Benoît Hamon

Yannick Jadot avait gagné la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts et il a annoncé avant-hier se désister pour Benoît Hamon. Hier, on a connu les modalités de ce désistement.

Il existe en effet un accord, sous la forme d’une plate-forme, que les membres d’EELV, ainsi que toutes les personnes ayant participé à la primaire, vont pouvoir… approuver ce week-end. C’est-à-dire que la décision est prise et qu’ensuite les membres l’approuvent : EELV a toujours eu une conception étrange de la démocratie.

Niveau grandiloquence, Yannick Jadot sait par contre gérer : la plate-forme serait pas moins que le « meilleur de l’écologie » et le « meilleur du socialisme »! Il ne doit pas savoir que le Parti Socialiste n’utilise plus le mot socialisme depuis François Mitterrand. Mais il faut bien faire rêver…

Ce qui est encore plus grave, c’est que Yannick Jadot ne rend pas public lui-même la dite plate-forme. Ce sont Le Monde et France Info qui l’ont fait, en insistant sur le côté « scoop » (« France Info a pu se procurer le projet d’accord entre les deux candidats »).

Yannick Jadot a alors été forcé de publier sur son facebook un lien vers le texte mal scanné par France Info!

Là encore, on a ici une conception très étrange de la démocratie. On devine toutefois qu’évidemment, il s’agit d’un simple accord-électoral, le soutien de Yannick Jadot ayant comme contre-partie de sauver les députés EELV.

Mais jugeons sur pièce et regardons ce que dit la plate-forme.

Mais parle-t-elle seulement d’écologie ? Rien que le titre des chapitres montre que non.

Il est parlé de l’égalité dans les territoires, de la « lutte contre la précarité et pour l’égalité réelle », d’un « nouveau rapport au travail », de « l’Europe et l’international », de « l’enjeu démocratique », la fiscalité…

Quel rapport avec l’écologie ? On a ici par contre toutes les exigences des classes moyennes supérieures présentes dans les centres-villes.

C’est tellement vrai qu’on a ce point littéralement surréaliste :

Un small business act avec réservation à hauteur d’au moins 60% des marchés publics aux PME/TPE et aux structures de l’économie sociale et solidaire et généralisation des clauses environnementales et sociales dans les marchés et les investissements publics.

C’est peut-être la première fois qu’on a une telle affirmation aussi franche en faveur des petites et très petites entreprises. C’est vraiment du petit capitalisme « vert » et rien d’autre.

Et c’est même le contraire de l’écologie, puisqu’il faudrait bien plutôt de vastes structures pour échapper au gaspillage….

De vastes structures permettant de généraliser le véganisme, bien sûr. Ce n’est pas le but d’EELV, qui veut un retour en arrière, dans l’esprit de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, qu’EELV soutient naturellement dans la plate-forme.

Pour preuve, ce court passage anti-vegan par excellence :

Bien-être animal
Une législation protectrice et créatrice de droits nouveaux, la fin des exploitations d’élevage industrielles

Certains apprécieront ces lignes, comme l’association L214. Mais elles présupposent pourtant la prétention à « ralentir » l’exploitation animale, à retourner en arrière dans le passé. Alors qu’il faut aller vers l’avenir !

Il faut le véganisme, pas des « droits nouveaux » dont la nature n’est évidemment pas expliquée ici. La seule chose qui est ici protégée, c’est l’exploitation animale à coups de modernisation et de mensonges.

Tout cela est entièrement opportuniste et quand on lit que la plate-forme propose la mise en place d’un « vice-premier ministre au développement durable », on devine qui sera nommé : Yannick Jadot lui-même !

Regardons pour finir la question du nucléaire, seul moyen pour EELV de se prétendre écologiste. Voici le passage concerné :

« Mise en oeuvre d’une sortie progressive et intégrale du nucléaire, avec objectif d’y parvenir à l’horizon d’une génération, soit 26 ans, avec fermeture des premiers réacteurs durant la mandature, afin de respecter l’échéance intermédiaire d’un mix énergétique de 60% en 2026 et prendre en compte l’augmentation de production due aux énergies renouvelables. »

En apparence, il y est affirmé la sortie du nucléaire. Sauf que c’est une plate-forme électorale, nullement ratifiée par le parti socialiste. Une présidence dure cinq ans et la sortie est prévue en 25 ans : cela fait cinq présidences. Même en admettant que Benoît Hamon suive relativement ce processus durant cinq ans, rien ne dit que cela continuera en tant que tel après, même si le parti socialiste restait au pouvoir.

On est là dans un discours électoraliste totalement déconnecté des réels pouvoirs de décision.

De la même manière, il est demandé que soit stoppé Bure et que des « études soit menées pour travailler sur d’autres options ». Il suffit que les études disent que rien d’autre n’est possible et le tour est joué…

Cette histoire de plate-forme est une escroquerie de bout en bout. De notre point de vue, sur le plan du contenu. Mais même en admettant qu’on soit d’accord, il n’y a des garanties sur strictement rien !