Se confronter aux données économiques de l’exploitation animale est très important : cela permet de constater les faits. Et de faire la part des choses.
Sommes-nous en décalage avec la réalité lorsque nous disons que l’exploitation animale est en croissance exponentielle à l’échelle mondiale, que rien n’est possible sans révolution ? Ou bien le réformisme des « droits des animaux », y compris à prétention végane, n’est-il que la caution « morale » de l’exploitation animale ?
Parlons cette fois de la France, puisque le réformisme prétend qu’il s’y passe des choses à grande échelle, il y aurait un basculement.
Ce n’est pas du tout ce que disent les données du ministre de l’agriculture, qui viennent de tomber. Voici comment Le Figaro les résume :
La consommation française de viande a légèrement augmenté de 0,9% en 2016, tirée par la volaille, mais la consommation de viande à domicile par les ménages a régressé, selon les services statistiques du ministère de l’Agriculture.
En 2016, la consommation apparente de viande, c’est à dire mise à disposition sur le marché intérieur, a augmenté de 0,9% par rapport à 2015, un hausse quasi comparable à celle de 2015 (+1%) après une période de baisse, indique le bulletin d’Agreste.
La situation est toutefois contrastée selon les types de viande: alors que la consommation de viande de boucherie, qui représente 68% de la consommation totale de viande est en légère baisse sur un an (-0,6%), celle de volaille de chair progresserait (+4%), après s’être stabilisée en 2015.
Il n’y a pas de baisse de consommation de la « viande » en France (rappelons qu’il manque, de notre point de vue, les chiffres pour les autres animaux, notamment les poissons et les crustacés).
Et pour cause l’exploitation animale est un système économique. Il n’y a pas de « spécisme », mais une réalité économique, comme le paradoxe que les chiffres montrent.
En effet, les chiffres qui constatent l’augmentation de la consommation de viande en France disent, en même temps, que les ménages achètent moins de viande…
Voici un tableau de données.
Comment expliquer cela ? Tout simplement, par la consommation hors foyers. Cette consommation que, précisément, le réformisme de l’exploitation animale « oublie ».
Historiquement, pour les végans, McDonald’s a toujours été un ennemi, au même titre que Nestlé ou toutes les autres grandes compagnies de l’exploitation animale.
Pour le réformisme de l’exploitation animale, ces grandes compagnies ne comptent pas, tout dépendrait du « consommateur ».
C’est un point de vue de bobo et d’universitaires de centre-ville, d’entrepreneur plus ou moins hipster.
Voici d’ailleurs un autre tableau de données très intéressant, rappelant une vérité élémentaire. Le but de la production de « viande » est le profit. Il n’y a pas de spécisme.
Et on peut voir qu’effectivement, les prix d’un certain de type production augmentent, pour compenser la baisse des ventes… C’est une logique implacable.
Mais c’est une logique implacable seulement quand c’est possible. Les deux tableaux suivants présentent d’un côté la consommation de l’autre l’évolution des prix.
En raison de la concurrence, il est très difficile d’augmenter les prix de manière générale…
Et quelle sera la conséquence inévitable ? L’augmentation des cadences, le renforcement de l’exploitation animale, afin de vendre plus et moins cher !
Ne négligeons pas le fait que le marché est également « insensé », au sens où il y a des tendances dépendant des « goûts » du consommateur.
Voici ce que cela donne pour les différentes « viandes », et la tendance générale est dans tous les cas à la hausse…
Pour conclure, ce n’est pas parce que les ménages achètent moins de « viande » qu’il n’y a pas pour autant une hausse générale de la consommation de « viande ».
Il y avait, en 2009, 1141 McDonald’s en France. En 2015 il y en avait 1380, ce qui fait deux millions de repas par jour…