Si hier nous parlions de Libération qui a publié un article indirectement en faveur des delphinariums, cette fois c’est hier Le Monde qui s’y est collé.
Sous couvert de diffusion d’informations, c’est encore une fois un soutien indirect à la parole des delphinariums qui est orchestré.
Voici ainsi ce qu’on peut lire dans l’article « La fronde des delphinariums, menacés de disparition » :
« Cet arrêté attaque les animaux au lieu de les protéger. Les bassins vont devenir une prison, et les soigneurs des matons », abonde Jon Kershaw, le directeur zoologique de Marineland, le seul à détenir des épaulards, en plus de ses onze grands dauphins.
Comment éviter leur accouplement ? Les parcs marins ne le savent pas encore. Hors de question de les castrer, car l’anesthésie générale serait trop risquée. Restent la contraception et la constitution de groupes séparés de mâles et de femelles, « ce qui n’est pas raisonnable pour leur vie sociale », juge-t-il. (…)
« A l’origine, l’arrêté était de très haut niveau, et nous permettait d’améliorer notre image. Jusqu’à ce que Ségolène Royal décide, seule, de tout remettre en cause avec l’interdiction de la reproduction. Là, ce n’est plus acceptable », s’insurge Jon Kershaw.
Pour Marineland, la survie s’avère des plus précaires du fait de sa spécialisation dans les cétacés.
Mais les parcs font également face à des critiques toujours plus vives. Alors, les soigneurs expliquent leur travail, dans des termes choisis.
Ils ne « dressent » pas les animaux pour des « spectacles », mais « renforcent » leurs « pensionnaires » lors de « présentations ».
« On utilise une sensation agréable pour guider l’animal et lui apprendre à renouveler le comportement que l’on attend », explique Candice, 31 ans, l’une des dix soigneuses de Planète sauvage, vêtue de sa combinaison noire.
Si le dauphin a réussi l’un des 150 à 200 comportements enseignés, un coup de sifflet indique que le soigneur est satisfait.
Arrive ensuite la récompense : du poisson, des glaçons, des jouets ou des caresses, « selon ce qu’ils aiment ».
Mais quoi qu’il arrive, assure-t-elle, l’animal a toujours sa ration de harengs, de merlans ou de sardines : « On ne les affame pas, il n’y a pas de contrainte. Les dauphins qui ne veulent pas s’entraîner, on les laisse tranquilles. »
La jeune femme vit son métier comme une « passion » : « On aime nos animaux, on fait tout pour eux. »
Même quand ils cherchent à faire semblant, les partisans de l’exploitation animale n’y arrivent pas. On le voit bien : ils raisonnent en termes d’image à préserver, de chantage sur les conditions de vie des animaux emprisonnés, alors qu’eux-même en sont la cause…
Il y a ici tout un discours classique, où le dresseur, l’éleveur, le propriétaire s’imagine être en relation privilégiée avec ses victimes. Le rapport inégal est invisible pour lui, car il lui semble naturel, de par sa position dominante.
Les rapports naturels sont totalement éliminés de la conscience du dresseur, de l’éleveur, du propriétaire, qui ne raisonnent que par rapport à sa propre conscience, son propre ego, ses propres choix.
Ce qu’il peut faire lui semble rationnel, il n’y aucune réflexion sur la base de ses choix, sur le sens de ses choix, sur la réalité elle-même.
Les animaux sont les premières victimes d’une logique générale où l’on raisonne en termes de choix cartésien, de possibilité « mathématique » d’agir.
Prisonniers d’un raisonnement absude, le dresseur, l’éleveur, le propriétaire s’imagine que rien d’autre n’est possible et que lui-même est « sincérement » impliqué.
La dresseuse qui prétend aimer les animaux emprisonnés et tout faire pour eux, dans le cadre d’une « passion », est tout à fait typique de cette approche.